Mixte. D’où est venue Corine avec son premier EP, Fille de ta région ?
Corine. D’abord, il y a ce côté transgressif que j’aime, avec l’érotisme très 80’s des 3615 ULLA, même si je n’ai pas connu le Minitel. Et puis, il y a l’appel à toutes les filles de nos régions. Je viens de la campagne, de Rognes (au sud du Lubéron, ndlr) – J’aime bien dire que je suis une “rognasse !”, un village qui compte 3 000 habitants, où j’ai observé depuis toute petite ces femmes, qui s’occupaient de moi à l’école, par exemple, des taties, qui s’appelaient parfois Corine, toujours manucurées, coiffées. Quand j’ai commencé à écrire, je voulais leur rendre hommage, leur dire : “Sentez-vous bien, libres, et n’ayez pas peur d’avoir envie de paillettes, même loin de Paris.” On a toutes ça en nous.
M. On a aussi dit que Corine était le nom de code de la cocaïne…
C. Oui, dans les années 80. Je crois qu’il y en avait aussi un pour l’héroïne. C’est Thierry Ardisson qui m’a donné les noms de code de toutes les drogues, mais je ne m’en souviens plus. Je n’en ai jamais pris de ma vie, mais c’est encore le petit côté transgressif que j’aime bien. Il y a plein de sous-textes à ce prénom. Malheureusement, pour plein de gens, il est aussi un peu désuet, voire péjoratif. J’aimais bien l’idée de lui redonner quelque chose de glam, de sexy, en lien en même temps avec les régions.
M. D’ailleurs, le morceau “Corine” recouvre mille sens…
C. Complètement. C’est la seule reprise que j’aie enregistrée. C’est un morceau d’AS Dragon, un groupe que j’admirais, très punk, avec Natacha Le Jeune. Une façon de montrer qu’on peut raconter un texte de plusieurs façons. Moi, quand je l’interprète, je suis dans une confession intime sur mon double, sur quelque chose de très poétique, alors que Natacha Le Jeune a écrit ce texte sur la dépendance à la cocaïne.
M. Tu finis la chanson “René, Maurice et tous les autres” par un “Salut les salauds”, comme le titre de la chanson du groupe français Interview en 1982. C’est une époque musicale qui t’influence ?
C. Oui évidemment, tout comme Bibi Flash, Élegance… De même que le cinéma, quand la mélodie des mots était différente. Il y avait un côté faussement ingénu très joli chez les femmes. On retrouve ça dès la Nouvelle Vague, chez Truffaut, Godard, et ce que ça raconte de leur forte féminité est magnifique. Même si on peut croire que ce que je chante est banal, ça en dit long sur la position de la femme, sur la manière de s’assumer. “René, Maurice et tous les autres” est une chanson très cinématographique dans laquelle je raconte la perte de mon amoureux, qui part chercher des chocolatines le matin et que je finis par aller récupérer dans un club de rencontres le soir. Et “Marche Nocturne” parle d’une fille perdue dans la nuit, comme on en trouve souvent dans les clubs, esseulées, très belles et mélancoliques.