Objectif Sobriété
“Soyez au rendez-vous de la sobriété.” Cette phrase, prononcée par Emmanuel Macron, nous incitait dès 2022 à veiller à nos dépenses énergétiques. Loin de nous l’idée de vouloir suivre les conseils de celui qui veut nous faire taffer jusqu’à 67 ans, mais si, pour une fois, Monsieur le Président avait raison ? Cette “sobriété subie”, comme la qualifient les sociologues, peut même avoir certains avantages : celui d’accepter de se contenter de ce que l’on a, sans toujours être à la recherche d’une échappatoire. Comme pour toute bonne méthode miracle qui se respecte, les techniques d’escapisme possèdent aussi leurs effets secondaires. Au choix, se créer une accoutumance : au travail, au sexe, à la nourriture ou à toutes les pratiques précédemment énumérées ainsi qu’à diverses substances comme l’alcool. Véritable tendance de fond, la sobriété se vérifie même dans les habitudes de consommation des Français. En septembre 2023, une étude Nielsen IQ montre ainsi que 52 % de nos concitoyen·ne·s indiquent vouloir diminuer leur consommation d’alcool d’ici les douze prochains mois. Des sommeliers d’un nouveau genre, tels que Benoît d’Onofrio, qui officie en tant que “sobrelier”, se sont même spécialisés dans les breuvages garantis “sans ramasse” du lendemain. “La sobriété me semble dénoncer l’overdose de consommations infondées, d’une loi du paraître dépassée, développe la psychologue Aurélie Berger. Il paraît essentiel pour toute personne pratiquant l’escapisme de se relier à un collectif physique qui trouverait appui dans la littérature ou un enseignant, afin de ne pas tomber dans les dérives classiques du contrôle excessif ou d’une éco-anxiété pathologique.” Trouver des solutions afin de mieux gérer son stress quotidien, c’est ce que les psychologues appellent le coping. Un terme qui regroupe l’ensemble des processus qu’une personne imagine et installe entre elle et un événement qu’elle juge inquiétant ou dangereux, afin d’en maîtriser les conséquences sur son bien-être physique et psychique. Pratiquer un sport afin de se détendre est considéré comme du coping, mais le pratiquer à outrance jusqu’à en devenir dépendant·e constitue une des dérives de l’escapisme. “Cela démontre que les jeunes sont en surcharge mentale, dans un système scolaire, notamment, qui ne leur donne pas les outils nécessaires pour se relaxer, se détendre, retrouver confiance et paix, ou tout simplement être dans la joie d’exister”, rappelle Aurélie Berger. L’évasion, c’est bien, en abuser, ça craint.