DÉBARDEUR, PANTALON ET BOUCLE D’OREILLE
DIOR MEN, MONTRE “CHIFFRE ROUGE” 38 MM
MOUVEMENT AUTOMATIQUE EN ACIER AVEC
REVÊTEMENT DLC NOIR, OR ROSE ET
DIAMANTS NOIRS DIOR HORLOGERIE.

Danseur, modèle, acteur, réalisateur, Adrien Dantou s’est fait notamment connaître par ses courts-métrages maison produits pendant le confinement, où il danse dans les champs avec son père. Aujourd’hui, il participe au projet de Bertrand Bonello, “Transfiguré – 12 vies de Schönberg”, et interprète Thadée Klossowski dans “Becoming Karl Lagerfeld”.

Shorts courts et amples, bas colorés, top en cuir structuré, maille transparente, ballerines… Qui de mieux pour se glisser dans cette collection automne-­hiver 2024-2025, inspirée par Rudolf Noureev et signée Kim Jones pour Dior Homme, que le danseur Adrien Dantou, formé au Conservatoire national supérieur de danse de Paris ? Son corps élancé se plie en finesse, ses mouvements sont dosés et sous un noir et blanc contrasté, on penserait aisément à l’étoile de la danse, disparue en 1993 et dont la carrière a marqué à jamais l’histoire de l’art. Comme Rudolf Noureev, Adrien Dantou a une formation initiale de danse classique, mais c’est le contemporain qui l’anime depuis l’âge de 15 ans. Si l’on devait lui attribuer un animal totem, on pencherait pour le caméléon, reconnu pour ses capacités d’adaptation, puisque, tel le reptile, Adrien Dantou se fond dans n’importe quel décor. Mieux, ce touche-à-tout pratique une forme d’art hybride, entre danse et cinéma, où la force d’interprétation et l’audace de l’improvisation sont les couleurs dominantes de son tableau.

COMBINAISON, MANCHON ET HAUT DIOR MEN.

Mixte. Quel est ton premier souvenir de danse ?
Adrien Dantou.
Quand j’avais 6 ans, j’ai suivi ma grande sœur qui faisait de la danse classique à une représentation. J’étais au fond de la salle et j’ai copié sur elle. La professeure m’a alors invité à monter sur scène au spectacle du lendemain.

M. Tu as donc commencé la pratique juste après ?
A. D. Absolument. J’ai commencé les cours dans la foulée avec cette même chorégraphe. J’étais tout petit, donc c’était plutôt de l’éveil, mais quelques années plus tard, j’ai passé le concours du Conservatoire national de Paris, où je suis entré à l’âge de 15 ans. Après un an de danse classique, j’ai repassé les concours du cursus danse contemporaine, encore une fois inspiré par ma sœur qui pratiquait cette discipline, mais aussi par mes professeur·e·s comme Peter Goss ou Christine Gérard. J’y pensais secrètement depuis longtemps, et leur avis a simplement validé mon intuition.

M. Quelles ont été tes références dans ce domaine à l’époque ?
A. D. J’allais voir beaucoup de spectacles de danse contemporaine et c’est ce qui me plaisait. J’ai découvert Pina Bausch, Maguy Marin, Anne Teresa De Keersmaeker… Des chorégraphies tellement abstraites qui convoquent l’imaginaire et emmènent ailleurs. Un sentiment que je retrouvais au cinéma avec les films d’Andreï Tarkovski ou ceux du Taïwanais Tsai Ming-liang, où le temps est tellement étiré que parfois on lâche un peu et l’imaginaire prend le dessus, ça laisse le·la spectateur·rice dans un état d’abstraction. Idem chez Pasolini, Visconti ou dans La Notte d’Antonioni.

M. Convoquer l’imaginaire est très important dans le contemporain. Quelle place laisses-tu à l’improvisation ?
A. D. Je fais pas mal de films où je me filme moi-même, très vite, en train d’improviser face à la caméra, je danse ou je joue. Cela peut durer 30 minutes ou trois heures et je vois si un film naît de cette improvisation. Comme je viens de la danse, j’ai l’habitude d’être livré à moi-même car c’est une discipline très abstraite, ce n’est pas quelque chose qu’on écrit à l’avance, et j’applique cette vision au cinéma.

PULL ET BOUCLE D’OREILLE DIOR MEN.

COMBISHORT, HAUT, BALLERINES ET CHAUSSETTES DIOR MEN,  MONTRE “CHIFFRE ROUGE” 38 MM MOUVEMENT AUTOMATIQUE EN ACIER AVEC REVÊTEMENT DLC NOIR, OR ROSE ET DIAMANTS NOIRS DIOR HORLOGERIE.

M. Tu aimes tourner dans la nature. Comment choisis-tu tes décors ?
A. D.
J’aime les paysages connotés mais abstraits. Les montagnes, par exemple : on dirait presque un fond vert tellement l’horizon donne l’illusion d’un décor plat en 2D. Une forêt, ça serait trop compliqué pour moi, il y a trop d’informations, trop de relief. Je préfère les décors plats parce qu’ils se rapprochent visuellement de certains décors scéniques. Chez Pina Bausch, pour le spectacle 1980, c’est une pelouse avec un rocher et ça permet d’aller dans l’imaginaire sur scène comme si on était dans la nature. Et puis personne ne m’ennuie quand je suis au milieu de nulle part, c’est beau et facile à filmer. Ça me permet de faire n’importe quoi, d’avoir le champ libre, je peux crier, me déshabiller, faire péter des ballons, c’est la liberté.

M. Dans certaines de tes vidéos, tu danses aux côtés de tes sœurs, et tu as aussi fait danser ton père. Comment as-tu eu l’idée de danser en famille ?
A. D.
Je suis retourné vivre chez mes parents pendant le confinement. Je pouvais sortir dans les coteaux, j’avais du temps et une caméra et c’est comme ça que j’ai fini par faire danser mon père. Je suis touché par les gens – non danseurs – qui dansent, comme mon père. Le geste devient plus abstrait alors que c’est un geste qui vient du quotidien. Ce qui m’émeut par exemple, c’est de voir des gens lever tous la main en même temps. Ça crée quelque chose de fort, alors que les danseur·euse·s, eux·elles, sont tellement conscient·e·s de leur corps. Quand je mets en scène des groupes, ça crée une alchimie car chaque personne est très différente mais a un geste commun, c’est quelque chose que l’on retrouve chez Pina Bausch, notamment dans le film Les Rêves dansants.

M. Tu as grandi à Castillon-la-Bataille, une petite ville de Gironde. Penses-tu que cela ait joué un rôle dans la relation que tu entretiens avec la nature aujourd’hui ?
A. D.
Oui, complètement. Petit, j’étais dehors tout le temps, je me baladais à vélo ou je marchais dans les champs tout seul. J’étais dans un rapport hyper contemplatif à la nature, que j’ai perpétué en regardant des films. Aujourd’hui encore, j’adore être loin tout seul. Là par exemple je viens de faire un petit film en Écosse. Je suis parti seul dans les Highlands, j’ai loué une voiture et je me suis arrêté de temps en temps dans des petits hôtels. En étant complètement isolé, j’ai eu l’impression de retrouver un vrai rapport à la nature.

DÉBARDEUR, PANTALON, BALLERINES ET CHAUSSETTES DIOR MEN, MONTRE “CHIFFRE ROUGE” 41 MM MOUVEMENT AUTOMATIQUE EN ACIER ET OR ROSE DIOR HORLOGERIE.

CHEMISE, PANTALON, BALLERINES ET CHAUSSETTES DIOR MEN,  MONTRE “CHIFFRE ROUGE” 41 MM MOUVEMENT AUTOMATIQUE EN ACIER ET OR ROSE DIOR HORLOGERIE.

M. En 2020, pendant le confinement, tu t’es donc isolé à la campagne. Quel souvenir gardes-tu de cette période ?
A. D.
Que des bons souvenirs. Il faisait beau, la campagne était magnifique et je me souviens de quelque chose de très doux et lumineux, malgré l’angoisse. Je prenais mon vélo – même si je n’avais pas le droit – et j’allais me balader au bord de la rivière. J’avais l’impression d’être un peu au milieu de nulle part, sans voir personne. C’était un rapport hyper contemplatif à la nature. Être assis au bord de l’eau, et juste ne rien faire…

M. Plus récemment, quels gestes ou événements t’ont permis de te (re)connecter à la nature ?
A. D. 
 Récemment, j’étais dans les Pyrénées espagnoles, en plein milieu des montagnes, et c’était magnifique. C’est dans ces moments-là que je me reconnecte à mon “moi” plus jeune.

M. À ce propos, as-tu déjà eu l’impression de devoir aller contre ta propre nature pour te conformer à des normes, qu’elles soient artistiques, sociales, politiques ?
A. D.
Je pense qu’on est biaisé·e·s par des choses, et il arrive que l’on prenne des tournants qui ne sont pas initiés par notre propre nature. Mais ça peut parfois se révéler une bonne chose. Cela m’est arrivé de devoir danser avec des gens qui ne me plaisaient pas du tout. J’ai accepté, parce que c’était une opportunité et qu’il m’était difficile de dire non et en fait, ça m’a permis de vivre des expériences hyper intéressantes et enrichissantes.

M. Danseur de formation, tu cumules aujourd’hui plusieurs casquettes artistiques. Lesquelles exploites-tu le plus en ce moment ?
A. D.
En ce moment je suis très hybride, je viens de tourner en tant que comédien, je réalise des petits films… Tout se mélange en fait, tout est relié. Dans le cinéma j’essaie d’apporter quelque chose de l’ordre de l’abstraction et de la danse, et dans la danse je me dirige vers quelque chose de plus cinématographique, de plus théâtralisé. Au final, les deux se répondent. Je ne crée pas de mouvements, je m’intéresse plutôt à ce que le geste permet de raconter émotionnellement. Le mouvement n’a pas besoin d’être très dansé ou chorégraphié, c’est plutôt ce qu’il va pouvoir provoquer avec la musique.

DÉBARDEUR ET PANTALON DIOR MEN, MONTRE “CHIFFRE ROUGE” 41 MM MOUVEMENT AUTOMATIQUE EN ACIER ET OR ROSE DIOR HORLOGERIE.

DÉBARDEUR, PANTALON, BOUCLE D’OREILLE ET BALLERINE DIOR MEN,  MONTRE “CHIFFRE ROUGE” 38 MM MOUVEMENT AUTOMATIQUE EN ACIER AVEC REVÊTEMENT DLC NOIR, OR ROSE ET DIAMANTS NOIRS DIOR HORLOGERIE.

M. Quels sont tes projets à venir ?
A. D. 
 Je reprends la pièce avec ­Bertrand Bonello à la Philharmonie de Paris, dans laquelle je danse et je joue, il y a quelques dates en novembre. J’avance aussi sur des projets de films et une série pour Amazon.

M. Tu as souvent collaboré avec des maisons de mode. Quel lien entretiens-tu avec cette discipline ? Représente-t-elle pour toi un moyen d’expression ?
A. D.
Ce que j’adore dans la mode, c’est que les vêtements m’aident à créer des personnages. Si Dior me prête un costume un peu spécial et que je le porte dans la nature, ça produit un contraste entre le décor et le vêtement, et c’est un super point de départ pour une improvisation. Les vêtements créent des états de corps aussi, et donc une façon de bouger. On ne bouge pas du tout de la même façon selon que l’on porte un pantalon très serré ou un pantalon très large, un jean ou un costume. Les vêtements peuvent contraindre le mouvement, et je me sers souvent de ça pour en tirer une certaine liberté.

PHOTOS : ANNA DAKI. STYLISME : FRANCK BENHAMOU. GROOMING : CÉLINE EXBRAYAT @ CALL MY AGENT. ASSISTANT PHOTOGRAPHE : BASILE HAMELIN. ASSISTANTE STYLISTE : ECE ACAR.

Cet article est originellement paru dans notre numéro Fall-Winter 2024 STATE OF NATURE (sorti le 16 septembre 2024).