Alexis : veste en jean noir à surpiqûres blanches AMI, sweat, jean et ceinture personnels

Pour notre numéro printemps-été 2020 “Disobedience“, Mixte a rencontré Alexis Langlois. En trois court-métrages, ce jeune réalisateur s’est imposé dans le cinéma queer français, avec une troupe d’actrices renversantes et un appétit de comédie qui pourrait bien changer la donne du film d’auteur.

Il faut sans doute remonter jusqu’aux premiers films d’Alain Guiraudie pour trouver un cinéaste français ayant, dès ses courts métrages, connu une notoriété comparable à celle qui vient de tomber sur Alexis Langlois. En effet, à la suite de son prix en 2019 au Festival international du film indépendant de Bordeaux (FIFIB), cet auteur de comédies queer a démontré un pouvoir d’attraction foudroyant, relayé par un florilège de médias, jusqu’à une diffusion improvisée dans les cinémas Mk2 où son dernier film a fait salle comble pendant une semaine – chose complètement inédite pour une œuvre n’excédant pas la demi-heure et n’ayant évidemment pas eu le temps de faire campagne. Le jeune réalisateur se fait remarquer là où il passe car ses films font s’écarquiller les yeux, souvent dès le pitch, voire dès le titre : il y a d’abord eu Fanfreluches et idées noires, un huis clos dans un véritable after avec budget drogue inclus, puis À ton âge le chagrin c’est vite passé, un teen movie de rupture tourné façon comédie musicale, et enfin son dernier opus De la terreur, mes sœurs !, un “revenge movie trans” dans lequel une bande de jeunes femmes fantasment des expéditions punitives sur la France cisgenre. 

La frénésie autour de ce dernier est toujours là (le film vient d’être sélectionné pour le Festival Coté Court) et le constat demeure : Alexis Langlois n’a même pas encore réalisé de long métrage qu’il dispose presque déjà d’une fan base, sans doute partagée avec quelques grands frères du cinéma queer français, comme Yann Gonzalez, réalisateur d’Un couteau dans le cœur. Alexis se distingue avec deux principales forces : la troupe (il travaille toujours avec la même bande), et quelque chose qui est presque devenu un gros mot dans le cinéma d’auteur – la comédie. Dans cet entretien, le jeune réalisateur a partagé sa vision franche et sans concessions de l’industrie cinématographique française et a même ramené devant l’objectif toute sa bande d’actrices : la Dj Nana Benamer, figure des nuits queer parisiennes, l’actrice Naelle Dariya aperçue dans 120 battements par minuteet les mannequins Raya Martigny et Dustin Muchuvitz, nouvelles sensations des catwalks parisiens.

Mixte. Comment en es-tu venu à faire des films ?

Alexis Langlois. Ça a commencé à l’adolescence. Avec ma sœur (Justine Langlois, qui apparaît dans tous ses films, ndlr), on s’amusait à faire des films, ou plus exactement je la filmais. Cette habitude est ensuite devenue celle d’une bande de copains. Mais plus on progressait, plus c’est moi qui réalisais tout le temps. Ce groupe-là a fini par partir étudier à Paris, notamment le cinéma. Je suis allé à Paris-VIII, que beaucoup d’étudiants choisissent pour faire de la pratique et pas seulement de la théorie, et ensuite aux Beaux-Arts.

M. Est-ce que tu dirais que ton désir vient de l’envie de fabriquer des œuvres finies, ou simplement du plaisir de tourner, de faire un film pour jouer ?

A. L. C’est plutôt pour le plaisir de tourner, effectivement. Une sorte de jeu adolescent. J’écrivais beaucoup, mais jamais de scénario : je préférais penser à des idées de plan, de scène, mais pas dialoguées, pas vraiment écrites. Et puis, on se connaissait bien et on savait ce qui plaisait aux uns et aux autres. Je n’ai pas écrit de scénario pendant très longtemps, parce que l’écriture me semblait laborieuse et que j’avais simplement envie de tourner. En fait, le premier film que j’ai vraiment écrit, c’est De la terreur… Les précédents étaient plutôt mus par des situations : Fanfreluches et idées noires pour filmer un after et s’amuser avec l’enfermement des gens, façon L’Ange exterminateur ; À ton âge le chagrin c’est vite passé est venu de l’envie de faire une comédie musicale, en variant autour du chagrin amoureux d’une fille. À chaque fois, il s’agissait de varier autour d’une situation et de trouver des idées de séquences à partir d’elle, pas de faire défiler un récit. Le problème en France, c’est que si on a de l’argent, on peut tourner rapidement, mais que si on n’en a pas, il faut convaincre et on ne peut le faire qu’avec un scénario.

M. Plusieurs réalisateurs déplorent la trop grande importance du scénario dans les commissions d’accès au financement, et arguent qu’il sied à un certain type de cinéma mais ne donne pas un bon aperçu du leur. Tu pourrais dire ça de ton cinéma ?

A. L. Maintenant, c’est un peu biaisé parce que j’ai réalisé des films, et ceux qui les ont vus savent ce que je veux faire. Aujourd’hui, mon problème n’est plus tellement celui-là car mon scénario était plutôt bien, ce n’était pas un sous-produit du film. Mais au-delà, il y a une notion de goût qui fait rempart. Ce ton, ce genre, cette manière de faire de la comédie potache ne convient pas. Au CNC, on nous a demandé trois fois de réécrire. Et quoi que tu fasses, tu te rends compte que ça ne collera pas. Il suffit de voir la liste de ce qui est défendu… Il y a une ligne éditoriale, c’est comme ça. Il faut que ce soit ancré dans le réel, et puis il faut que ce soit un peu chétif, que ça se passe sur un été, ce genre de choses. Le goût, c’est compliqué quand on est à la tête d’une commission. Il y a une meuf qui nous a donné comme retour : “Ce n’est pas mon humour”. Bon, bah très bien, donc on n’a pas le droit d’exister si on n’a pas ton humour ? C’est un peu con, non ?

M. Que penses-tu de la nouvelle commission créée spécifiquement pour défendre les films de genre ?

A. L. Déjà, désolé de bitcher, mais je trouve que les premiers cinéastes à en bénéficier, comme Noémie Lvovsky ou Serge Bozon, ne respirent pas la relève et les jeunes cinéastes. Ils sont très bons, mais j’ai l’impression qu’ils auraient aussi bien pu postuler ailleurs pour obtenir de l’aide. Ensuite, je trouve bizarre qu’on suppose que les commissions classiques ne puissent pas elles-mêmes soutenir des films de genre. Il y a une manière de parquer et un certain aveu de faiblesse sur les autres commissions. Ça profitera peut-être au cinéma de genre, j’attends de voir.

M. Comment s’est constituée la troupe d’actrices avec laquelle tu travailles ?

A. L. C’est une petite partie de l’adolescence qui est toujours là : Charlotte, qui apparaît dans De la terreur… Antoine, dans À ton âge… Et bien sûr, ma sœur Justine. Nana Benamer, je l’ai rencontrée à l’école, aux Beaux-Arts. Naelle Dariya, Raya Martigny et Dustin Muchuvitz, on s’est connu(e)s à force de se croiser en soirées à Paris.

Raya : Robe-Bustier en soie imprimée Moschino, escarpins en lurex Christian Louboutin, Boucles d’oreilles en uréthane et métal argenté Vanessa Schindler, gants en lycra La Bagagerie, collant Falke.

M. C’est ton entourage permanent, au-delà de ton cinéma ?

A. L. Ça dépend, certaines sont plutôt des copines de sorties, comme Raya et Dustin, et d’autres sont des amies plus intimes, plus proches, comme Nana qui contribue au scénario, fait la musique, a un regard sur le montage, etc.

M. Qu’est-ce que le principe de la troupe t’apporte ?

A. L. C’est absolument naturel, en fait. C’est un tout, et simplement une manière de passer du temps ensemble. C’est ma pratique, ma façon de vivre. Je n’ai pas envie de faire tout un travail sur la distribution des rôles. Les rencontres que j’ai pu faire ont été des coups de foudre comme on peut en avoir en casting. La première fois que j’ai vu Raya en soirée, ça a été un choc : je mesure 1,60 mètre, elle fait 2 mètres, ça a réveillé un imaginaire de cinéma, et puis elle est drôle. Je rencontre des gens que j’ai envie de filmer. Je ne sais pas si ce sera toujours le cas, notamment parce que j’ai envie de faire des trucs de plus en plus cartoonesques et je pense à des corps que je n’ai pas sous la main. Mais la rencontre et l’envie de filmer, ça va ensemble. Et puis, connaître les gens permet de mieux travailler avec eux aussi.

M. Et l’impulsion de création, elle est collective aussi ?

A. L.Non, ça par contre, c’est moi. Enfin, concernant De la terreur… c’est compliqué de dire que c’est moi puisque tout vient d’elles et de ma fascination pour elles.

M. Tu te sens investi du rôle de Pygmalion ?

A. L. Pygmalion, non, parce que je pense qu’elles n’ont pas besoin de moi – certaines ont une carrière dans la mode, par exemple. J’ai une envie de les mettre en scène qui n’est pas forcément le regard que d’autres portent sur elles. Mais je ne les façonne pas, ce sont elles qui m’inspirent. “Muses” conviendrait peut-être mieux, même si c’est con comme mot…

M. Pourquoi est-ce que la troupe a une telle importance dans le cinéma queer ?

A. L. C’est une réalité, autant chez John Waters que chez Pedro Almodóvar,

Schroeter ou Fassbinder – qu’on peut qualifier de queer, même si lui n’aurait sûrement pas aimé ce mot. Il y a une envie sans doute autour du groupe, parce qu’on est lié par un parcours différent, qu’on a traversé des trucs pas forcément très fun. C’est une manière de rassembler les freaks, même si je sais que certains n’aiment pas ce mot – moi je l’adore.

M. Ce sont tes cinéastes de référence ?

A. L. Non, pas à la base. J’ai commencé à faire des films avec ma seule envie d’en faire, sans vraiment chercher à les imiter. Ils m’ont intéressé quelques années plus tard, quand ça a été une évidence de reconnaître ce que j’avais en commun avec eux. J’ai découvert Schroeter à 24 ans seulement. Je n’aimais pas Waters à la base, ce qui est hyper bizarre à dire aujourd’hui…

M. Ta jeunesse n’a pas été cinéphile ?

A. L. Pas par mon milieu en tout cas : je regardais ce qu’il y avait à la télé. Je faisais du théâtre. Aujourd’hui, je crois beaucoup à la transmission de la culture alternative à l’intérieur même des soirées alternatives. Car c’est là que j’ai entendu parler pour la première fois de Gregg Araki ou de John Waters. Après, j’ai quand même fait du rattrapage. Quand je suis arrivé à Paris, j’allais au cinéma deux fois par jour, je voyais plein de choses. Mais je fais davantage partie de ceux qui revoient les films adorés obsessionnellement que de ceux qui veulent tout voir, avoir tout vu.

M. Comment tes films ont-ils été soutenus – ou non – par les festivals ?

A. L. Le festival qui a été très important pour moi, c’est Côté court, à Pantin. C’est lui qui a pris Fanfreluches et idées noires et À ton âge le chagrin c’est vite passé. Même le précédent, Je vous réserve tous mes baisers, que j’avais fait aux Beaux-Arts, y est passé en sélection expérimentale. Et puis bien sûr, donc, le FIFIB avec De la terreur, mes sœurs ! Mais globalement, je ne me sens pas toujours très aimé, on essuie beaucoup de refus – même là encore, après la petite folie autour de De la terreur… on a beaucoup de refus pour les festivals internationaux. J’avais un petit espoir sur Berlin, sur Rotterdam… Parfois on sait qu’on est aimé par une partie du comité de sélection, mais sans unanimité, et ça coince. À d’autres moments, quand je vois ce qui est produit, je me dis qu’il y a un côté trop cheap, que mes films sont peut-être trop bricolés.

M. Trop cheap ou peut-être justement pas assez : les comités de sélection n’ont pas l’habitude de voir des films avec des effets spéciaux, des séquences animées, etc.

Dustin : Robe en crêpe et soie brodée Versace, cuissardes « Dysmorphia » en velours imprimé rombaut, collier en palladium et cristaux Swarovski Justine Clenquet, collant Falke.

 

Le problème en France, c’est que si on n’a pas d’argent, il faut convaincre, et on peut pas le faire qu’avec un scénario.

A. L. Ah, tu crois ?

M. Ils se disent peut-être que c’est pour la télé, par exemple. 

A. L. Ah, c’est marrant – d’autant plus que France 2 a pris les deux derniers. Au FIFIB, on m’a beaucoup dit que ça faisait penser à des trucs de youtubeurs !

Je ne l’ai pas très bien pris, au départ. Mais après, j’ai compris ce qu’ils voulaient dire, et je crois que c’est dans le sens de l’artisanat, et aussi dans le fait de ne pas attendre la réponse de tel ou tel guichet de financement pour tourner. Sur YouTube, ils y vont et puis voilà. Peut-être que les festivals ne sont pas si importants…

M. Quel est l’avenir de la diffusion de De la terreur… ?

A. L. Il y a des choses qui se préparent… Mais la seule qui soit sûre pour l’instant, c’est que De la terreur, mes sœurs ! passera à la Cinémathèque française en avril prochain, dans le cadre d’une Carte blanche qui m’est laissée et où on me demande, en plus, de projeter des films que j’aime. J’adore, parce que tout le monde s’attend à ce que je montre du Gregg Araki ou du John Waters, or je vais pas du tout faire ça. Ça m’amuse. Je vais sûrement proposer The Girl Can’t Help It, un film qui se passe dans le milieu de la musique, où un gros producteur – un peu à la Weinstein – a une nouvelle “meuf” jouée par Jayne Mansfield, et demande à un compositeur de lui apprendre à chanter ; sauf que la fille ne sait pas du tout chanter. C’est très cartoon, très gag.

M. Il y a un principe qui revient beaucoup dans le cinéma LGBTQI+ mais qui est complètement absent du tien, c’est le récit de soi. Dans ton discours de remerciement au FIFIB, tu racontais même que ça t’était reproché en commission, où on te demandait souvent de raconter ton coming out, si possible de manière larmoyante, etc.

A. L. Beaucoup de cinéastes font très bien ça, le récit de soi, et je n’ai rien en général contre ça. Chantal Akerman a fait des autoportraits magnifiques. Mais je sais que je n’ai pas envie de faire ça. La question même d’appartenir à un cinéma LGBTQI+ n’existait même pas dans les films précédents, ça ne m’avait pas effleuré l’esprit. Un peu plus sur celui-ci, évidemment – et comme ces quatre filles racontaient leur histoire, on pouvait relier ça aux personnes trans qui se découvrent, donc à Girl de Lukas Dhont, par exemple. Et pour le coup, le projet était de prendre le contre-pied, de ne surtout pas raconter la transition, la découverte : le film les met en scène comme des stars. Quelque part, je crois que c’était aussi le cas du précédent, ma comédie musicale.

M. La comédie musicale, c’est un genre important pour toi ?

A. L. Oui, j’adore ça et j’aimerais en refaire, mais c’est hyper difficile. Il y a eu un article adorable sur moi dans Les Inrocks, où la journaliste parlait du film et disait que c’était “approximatif”. J’adore, parce que c’est affectueux, et c’est vrai que c’était approximatif, mais ça ne cherchait pas du tout à l’être… Même si j’ai fait le choix de tenter de le réaliser avec des acteurs et des actrices qui n’étaient pas danseurs professionnels, bien sûr ! D’ailleurs, ça a été très dur, les chorés… La prochaine fois, j’essaierai peut-être avec des pros.

M. La dimension artisanale, “cheap”, de ton cinéma, tu la renies ? Tu ne revendiques pas le lo-fi ?

A. L. Je crois que je suis tiraillé entre les deux. Bien sûr que je trouve ça drôle, le côté cheap de mon bout de dessin animé dans Fanfreluches… Et là, tout faire en studio pour De la terreur…, c’était une manière de faire maison de poupée et carton-pâte. Et je ne voudrais surtout pas que le rendu soit trop léché. Mais ce n’est pas pour autant que la direction artistique n’est pas choisie avec soin.

NAËLLE : Trench en velours et cuir verni imprimé léopard MUGLER, jean en coton noir à surpiqûres blanches AMI.
NANA : Veste en cuir noir GAUCHÈRE, Body en coton OFF-WHITE, jean blanc “Aaliyah” WEEKDAY, ceinture en cuir noir BERLUTI.

M. La clé, c’est peut-être que tu n’es pas ironique, tu ne te moques pas de ce que tu es en train de faire.

A. L. Ah non, j’adore vraiment ça ! Il n’y a pas de mauvais second degré, de cynisme. Là, je vais faire un truc avec des monstres, et je vais être assez ambitieux sur les masques, je veux qu’ils soient vraiment beaux. Bon après, je dis ça, mes références c’est Buffy… Mais il faut savoir jouer sur les deux tableaux, un côté camp un peu mal fait et un soin précis du beau, à d’autres endroits. Pour essayer de relier les deux, je crois que ce que j’aime, c’est qu’on sente l’artifice, qu’on sente le faux. J’aime les farces et attrapes.

M. C’est quoi, ton film de monstres ?

A. L. C’est une parodie de tout ce qui s’est passé pendant l’écriture de De la terreur… C’est une réalisatrice paranoïaque qui vit dans un dix mètres carrés, écrit un film et reçoit les retours des commissions. Elle entre dans un délire où elle est persuadée que les financeurs sont une communauté secrète de démons… et en fait, ce sont vraiment des démons. Les retours “teubés” que j’ai reçus étaient un matériau tellement génial pour faire des personnages de grands méchants, que j’ai eu envie de les utiliser. Pas d’une manière aigrie. Rageuse, oui, mais drôle aussi. Donc j’ai tout mis de côté, et j’ai un florilège… C’est ma sœur, Justine, qui jouera le rôle. Je préfère toujours filmer les filles, il n’y a que des filles dedans. Et là, pour le coup, c’est un récit de soi !

“Carte blanche à Alexis Langlois” à la Cinémathèque française, Paris, le 27 avril. www.cinematheque.fr

Talents : Alexis LANGLOIS, Naelle DARIYA, Nana BENAMER, Dustin MUCHUVITZ, Raya Martigny. Coiffure : Anne-Sophie BEGTRUP @ Open Talent Paris avec les produits Oribe, Assistant : Thierry De Grave. Maquillage : Caroline FENOUIL @ Bryant Artists. digitech : Thomas JANSSON. Assistant photo : Laurent CHOUARD. Assistante styliste : Lucille FOURNY.

De gauche à droite, Naëlle : Trench en velours et cuir verni imprimé léopard Mugler, jean en coton noir à surpiqûres blanches Ami, body personnel. Alexis : veste en jean noir à surpiqûres blanches Ami, sweat, jean et chaussures personnelles. Dustin : robe tailleur brodée de sequins noirs, ceinture en cuir noir et collant en nylon noir Saint Laurent par Anthony Vaccarello. Raya : Débardeur en acier et aluminium Omut, pantalon en coton noir Balmain, bague personnelle. Nana Benamer : Veste en cuir noir gauchère, body en coton noir OFF-WHITE, jean blanc “AALIYAH” weekday