Courtesy of Netflix.

Ces derniers mois, les autobiographies et documentaires consacré·e·s à Paris Hilton et Pamela Anderson ont démystifié l’image de la “dumb blonde”, figure misogyne de la blonde écervelée. Aujourd’hui, c’est au tour d’Anna Nicole Smith de se voir adoubée par un documentaire produit par Netflix. Retour sur le destin d’une icône, loin d’être conne.

“On parle 50 fois plus de moi lorsque je raconte une histoire sordide sur ma vie. Le bonheur ne fait pas vendre”. Cette phrase, signée Anna Nicole Smith, résume à elle seule le documentaire disponible sur Netflix : “Celle que vous croyez connaître”. La réalisatrice Ursula Macfarlane plonge dans les archives inédites de celle qui est née Vickie Lynn Hogan et qui restera pour l’éternité l’iconique Anna Nicole Smith. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la starlette vient de loin, et plus précisément de Mexia, au Texas, une petite ville de 6500 habitants. Le genre de bourgade où les darons ont la main lourde sur la bière (ainsi que sur leur femme), et où les jeunes filles passent par la case club de strip-tease afin d’espérer une vie meilleure. Une vie qui a fasciné Adrien Gombeaud, qui raconte, entre autres destins tragiques Hollywoodiens, l’épopée d’Anna Nicole dans son livre “Des blondes pour Hollywood, Marilyn et ses doubles”, aux éditions Capricci : “Quand on regarde des photos de Mexia, sa ville natale, on s’aperçoit qu’elle est née dans un trou paumé. Elle représente malgré elle un rêve américain cauchemardesque”.

Courtesy of Netflix.
Classe / Pas classe

 

Dès 1994, la blonde cartonne en couv’ de playboy et joue les seconds rôles au cinéma, la presse dite intello s’en donne alors à cœur joie. Elle pose en une du New York magazine, assise par terre, les jambes écartées avec un paquet de chips dans lequel elle plonge la main, avec un titre on ne peut plus révélateur : White trash nation. “Le combat de classe est au cœur de sa carrière” analyse Adrien Gombeaud, Le milieu du cinéma fait penser à bien des égards à l’aristocratie, le système y est hiérarchique. Dès ses débuts, elle a été renvoyée à ses origines white trash, et on a eu de cesse de la mépriser. Sa revanche sur son origine sociale ne lui a jamais été accordé”. C’est d’ailleurs en s’inspirant de l’aristocratie que l’industrie hollywoodienne invente le concept de “dumb blonde”, en référence à la courtisane française Rosalie Duthé, qui paraît-il, était bien gentille mais animée d’une bêtise sans nom. Jouant sur ce stéréotype sexiste, les studios de cinéma n’ont eu de cesse de mettre en scène des blondes idiotes, avec bien évidemment en pièce maîtresse l’idole absolue d’Anna Nicole, Marylin Monroe, dont la starlette est persuadée d’être la fille spirituelle, sinon la réincarnation.

Money money money

 

Dès le début de sa carrière, Anna Nicole comprend qu’elle doit se vendre en permanence, le plus souvent devant les paparazzis avec qui elle entretient un partenariat professionnel solide, n’hésitant jamais à jouer le jeu devant les flashs qui crépitent. Car même si elle estime avoir un talent d’actrice, elle ne demande qu’à être traitée à sa juste valeur, comme le montre une scène du documentaire dans lequel elle négocie au téléphone avec son agent le premier rôle de “The Mask” : “J’adore le scénario, et je pense que ce film peut vraiment me donner une crédibilité en tant qu’actrice. Mais ils ne me proposent que 50 000$, je ne peux pas accepter”. Elle raccroche le combiné en soupirant “le business !”. L’avenir nous apprendra que Cameron Diaz a finalement hérité du rôle, et que Jim Carrey à quant à lui touché 450 000$. La parité made in 20ème siècle. Celle qui a longtemps été perçue comme une croqueuse de diamant après avoir épousé un milliardaire de presque 90 ans a pourtant attendu de se faire un nom avant d’accepter de se faire passer la bague au doigt. Et c’est ce nom qu’elle ne cessera de rentabiliser après la mort de son mari. Sur la paille après avoir perdu le procès qu’elle intente afin de rafler l’héritage du vieillard, elle décide de révolutionner son moyen de communiquer : “On peut penser qu’elle n’a jamais rien fait d’important, mais il ne faut pas oublier qu’elle est une des pionnières de la télé réalité. Elle a fait rentrer le concept de la dumb blonde dans une nouvelle ère”, explique Adrien Gombeaud.

Courtesy of Netflix.
Pionnière mais derrière

 

En effet, dès 2002, elle offre au public le Anna Nicole Smith show sur E ! Entertainment dans lequel les caméras la scrutent 24h/24, des années avant l’avènement des Kardashian sur la même chaîne. Anna Nicole comprend avant tout le monde que la mise en scène constante de sa personne peut définir sa carrière, même si cette dernière plonge à pic dans les méandres pharmaceutiques. Elle ne nous épargne aucune joie, ni aucune peine, jusqu’à son overdose fatale en 2007. Un destin tragique qui la fait instantanément rentrer dans la légende, sans toutefois qu’on lui concède un statut de star à part entière : “Même lorsqu’on étudie la géographie de sa vie, on remarque qu’elle est toujours passé à deux doigts du succès”, analyse Adrien Gombeaud. “Elle est née près de Beverly Hills, au Texas, et s’est éteinte à Hollywood, en Floride. C’est comme si elle avait toujours été à un doigt d’y arriver, sans toutefois parvenir à la consécration. Elle me fait un peu penser aux choristes dans les concerts pop rock, ce sont d’excellentes chanteuses et pourtant elles ne seront jamais sur le devant de la scène”. Seize ans après sa disparition, ce documentaire nous prouve le contraire. Dans le monde d’Anna Nicole, il n’y a pas que les diamants qui sont éternels.

Courtesy of Netflix.

“Anna Nicole Smith: You Don’t Know Me”, disponible dès le 16 mai sur Netflix.