Avoir la main verte
Le terroir français et son imaginaire pastoral, Emma Bruschi, grande lauréate en 2020 du prix 19M des Métiers d’art de Chanel et du prix de la Collection écoresponsable Mercedes-Benz à la 35e édition du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires d’Hyères, en a fait sa marque de fabrique artisanale. Et ce en manipulant, tressant, brodant et crochetant des matériaux naturels intimement liés à l’histoire de ses grands-parents et aux folklores paysans issus des contes ancestraux. Une appétence littéraire qu’elle partage avec Benjamin Benmoyal, l’ancien militaire devenu designer, qui crédite son entrée en artisanat à la lecture du livre de Rebecca Solnit, Hope in the Dark, Untold Histories, Wild Possibilities (“L’espoir dans l’obscurité, histoires tues, possibilités infinies”, ndlr), un ouvrage d’utilité publique qu’on glisserait volontiers entre les mains de nos dirigeant·e·s politiques. “Mon espoir dans l’obscurité, c’était mon innocence et ma naïveté enfantines avant l’armée, symbolisées par les films d’animation des studios Disney que je regardais quand j’étais enfant. J’ai donc créé un nouveau tissu en tissant les bandes magnétiques des cassettes VHS du Roi Lion et d’Aladdin”, se rappelle le Franco-Israélien qui s’est dévoué à son premier projet de création textile comme on entre en thérapie. Optimiste mais pas candide, Benmoyal précise que sa pratique artisanale, dans le contexte de production de mode, a dû évoluer vers l’industrialisation. Raison pour laquelle il développe d’abord, avec son équipe, les tissus à la main (ou l’armure, en jargon mode) avant de les envoyer à des industriel·le·s basé·e·s à Lyon et Saint-Étienne. Cocorico !