Urs Fischer, Untitled, 2011 

Après plus de six mois de fermeture qui se sont fait sentir, les établissements culturels sont enfin autorisés à accueillir du public à nouveau cette semaine. Parmi les inaugurations à ne pas manquer, celle d’un lieu qui s’annonce déjà emblématique : la Bourse de Commerce-Pinault Collection, qui ouvre ses portes au public dès ce week-end.

Si comme nous vous êtes mitigés à l’idée de trouver une place en terrasse ces prochains jours à Paris et que vous craignez cette météo aussi capricieuse qu’une Kardashian, nous avons une suggestion de lieu à visiter où les giboulées de mai ne pourront pas vous atteindre : la Bourse de Commerce qui abrite la collection d’art de François Pinault. Mixte a eu la chance de pouvoir visiter le lieu en avant-première, et, sans vous spoiler pour autant, on a eu envie de vous partager nos artistes coups de cœur.

Le cercle de Tadao Ando

Situé au 40 rue du Louvre, tout proche du quartier des Halles, le bâtiment de la Bourse de Commerce est, en lui-même, un chef d’œuvre et notre premier crush. Signé Tadao Ando, l’un des maîtres incontestés de l’architecture contemporaine, le lieu offre, et ce même s’il restait vide, une vraie expérience architecturale. Fidèle à son audace, l’architecte japonais a défini un espace d’exposition sur plusieurs étages en cylindre, qui donne une impression d’infini tout au long de la visite. On revient sur ses pas comme par surprise, sans avoir cessé d’être en mouvement. Pour la rénovation de ce bâtiment qui abritait il y a un siècle une halle au grain, Tadao Ando a utilisé son matériau fétiche, le béton, mélangeant ainsi sans tabou le moderne et l’ancien, comme lui seul c’est si bien le faire.

Les statues de cire d’Urs Fischer

Dès l’entrée, sous la Coupole en verre, dans une lumière quasi céleste, on trouve une spectaculaire sculpture d’Urs Fischer, reproduction de l’Enlèvement des Sabines. Elle est entourée de sculptures de différents modèles de chaise et d’une silhouette d’homme, à taille humaine. En y regardant de plus près, on distingue des mèches de bougies disposées sur les œuvres et de la suie à leurs pieds. Spoiler alert : tout est fait en cire, donc éphémère et voué à disparaître, métaphore de “la fuite du temps, de la vanité de la force et de la destruction créatrice”, dixit l’artiste.

Les photographies féministes et militantes de Martha Wilson, Michel Journiac, Cindy Sherman et Louise Lawler

La galerie 3, au premier niveau, abrite le travail de plusieurs photographes des années 70 dont Martha Wilson, Michel Journiac et Cindy Sherman qui dénoncent les stéréotypes et rôles établis dans nos sociétés contemporaines. Photographes, ils sont aussi sujets de leurs propres clichés, se mettant eux-mêmes en scène. Michel Journiac choisit l’humour pour dénoncer ces stéréotypes en se travestissant en ménagère dans sa série “24 heures dans la vie d’une femme”, Cindy Sherman, elle, a recourt à une esthétique digne d’un film hitchcockien. On découvre dans cette même galerie le travail de Louise Lawler, avec une série dont le sens peut échapper à première vue, plusieurs portraits d’un même gobelet en plastique, mais qui s’avère être une redoutable dénonciation de la sérophobie et de l’homophobie dans la classe politique américaine.

24 heures de la vie d’une femme ordinaire,Michel Journiac, 1974

Les jungles urbaines de Florian Krewer

Dans la galerie 4, on trouve les tableaux géants de cet artiste originaire d’allemagne, qui vit désormais à New York et qui fut l’élève de Peter Doig. Figuratifs, ces tableaux reproduisent des scènes urbaines et oniriques, explorant la vie de jeunes qui vivent seuls on en groupe dans des lieux qu’on sent pris entre tension et vulnérabilité. Les arrières-plans sombres, de nuit, contrastent avec les personnages peints en roses, violets ou bleus intenses et souvent représentés en mouvement, en train de sauter ou danser. “Je peins mes amis, leurs mimiques, leurs mouvements, cela relève toujours de l’expérience (…) la peinture est un espace de liberté, par lequel je veux offrir aux jeunes gens une manière de voir le monde, de se respecter les uns les autres”, écrit Florian Krewer à propos de ses toiles qui nous ont scotchés sur place.

“J’ai souhaité que cette exposition soit le manifeste des valeurs que j’ai toujours défendues – la soif de liberté, la révolte contre l’injustice, l’acceptation de l’autre-, des qualités qui sont essentielles – l’audace, la curiosité et l’humilité-” écrit François Pinault dans l’édito de cette première exposition “Ouverture”. C’est mission réussie pour l’homme d’affaires français dont on mesure la sensibilité à travers cette sélection d’œuvres et d’artistes.

Vous pouvez réserver votre billet et un créneau de visite sur le site de la Bourse de Commerce-Pinault Collection.

Car park Godiva, Florian Krewer