Article publié
le 23 février 2022
Malgré l’absence de grands noms qui marquent d’habitude l’évènement comme Burberry, Alexander McQueen ou Victoria Beckham, la capitale anglaise a su s’imposer une fois de plus comme le vivier européen de jeunes talents (Matty Bovan, Molly Godard, Alhuwalia, Supriya Lele ainsi que les étudiants de la Central Saint Martins) pour qui la mode rime tout autant avec fun et extravagance qu’avec chic et élégance.
Londres est connue pour être extra, maximaliste, too much (you name it). Réputation tenue avec cette nouvelle saison où le volume des silhouettes s’est amplifié plus que jamais jouant à la fois avec les codes de feu la crinoline victorienne et du glamour de red carpet flirtant avec l’esthétique camp. Vu chez Roksanda, Simone Rocha, Richard Quinn, Halpern, Matty Bovan…
Rien de tel que d’assembler deux classiques mode afin d’en faire un nouveau encore plus puissant : ici, c’est-à-dire porter du noir en laissant apparaître beaucoup de peau et ce en jouant avec les ouvertures, les coupes, les lanières, les formes. La reine de ce style est sans doute Nensi Dojaka, gagnante du dernier prix LVMH. Pas étonnant que les autres créateur.rice.s se soient mis à faire la même chose qu’elle comme le montrent les collections de Supriya Lele, David Koma, Christopher Kane ainsi que les designers des défilés collectifs Fashion East et Central Saint Martins.
Vous aussi vous avez marre des injonctions liées au genre et à leur expression vestimentaire ? Ça tombe bien, les designers de la fashion week de Londres ont décidé de mélanger à l’envi le baby blue et le baby pink, histoire d’emmerder un peu plus les partisans de la manif pour tous. Bonus : c’est aussi le genre de tenue que vous pourrez reporter si jamais vous faîtes une soirée costumée en hommage aux couleurs des trains Ouigo. Vu chez Emilia Wickstead, Central Saint Martins, Halpern, Rejina-Pyo, Fashion East, Richard Quinn et Supriya Lele.
Et si on se prenait toutes et tous pour une grosse boule à facettes ambulante maintenant que les clubs sont rouverts ? C’est désormais chose possible puisque ça brille à max chez David Koma, Erdem, Halpern, Matty Bovan, Molly Godard, Nensi Dojaka ou encore Roksanda. Une tendance glitter que Mariah Carey ne renierait certainement pas.
Les Anglais.es sont connu.e.s pour leur auto-dérision. Et leur esthétique grand-mère + napperon + tablier + salon de thé + papier peint fleuri ne déroge pas à la règle. Que ce soit chez Preen, Chopova Lewona, Matty Bovan, Molly Godard ou Roksanda, la silhouette mère-grand est partout mais upgradée à la sauce 2022. Un mix entre grannycore et lolcore. Pourquoi pas.
S’il y a bien une femme qui a marqué l’histoire de la Grande Bretagne, c’est la reine Victoria avec ses grandes robes à crinoline en satin agrémentées de corset, de volants, de dentelle, de froufrous (perso, rien que de penser à l’amat de couches de tissu, j’étouffe et je sue). Cela dit, le style vestimentaire de cette daronne de la nation mérite amplement d’être célébré, d’autant plus à l’heure où sa descendante Elizabeth II s’apprête à fêter 95 ans de Jubilé. Vu chez Bora Aksu, Halpern, Richard Quinn et Simone Rocha.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures paraît-il. Et ça marche aussi avec les matières vestimentaires puisque le denim a encore réussi à s’imposer gentiment sur les catwalks londoniens. Et cette fois en total look. En total look certes, mais en total look revisité. Avec par exemple un tablier intégré chez Matty Bovan, un imprimé délavé chez Ahluwalia ou en costume revisité chez les étudiants de la Central Saint Martins.
Quelques designers ont essayé de relancer le vêtement à message avec cette fois-ci une pincée de militantisme comme Raf Simons qui nous assène un “Altered Reality” sur une veste de tailleur histoire de nous dire que notre monde actuel n’est sûrement pas la vraie réalité (si seulement). De son côté, Connor Ives dit non au travail avec le mot “Job” barré comme un panneau de signalisation interdit. Peut-être est-ce une façon pour lui de nous dire qu’il est favorable au revenu universel, à la réduction du temps de travail ou à la semaine de 28h ? Nous, on dit oui aux trois.
Alors, qu’on se le dise, même si on voit du glitter partout, de la peau et du rose, il s’agit bien d’une saison automne-hiver. Mais bon, parait qu’il n’y a plus de saisons justement. Alors pourquoi pas mettre un peu d’hiver dans les collections hiver ? Ce serait sympa, non ? Et logique (duh) ? Ok, alors on va mettre un peu de velours par-ci, par-là. Mais pas trop quand même. Vu chez Ahuwalia, Nensi Dojaka, Simone Rocha et Temperly London.
La mode parfois c’est comme les malabars bi-goût. C’est-à-diremélange des matières ou des imprimés qui ne vont pas forcément ensemble. Bref, ça passe ou ça casse : des volants en satin avec du cuir, deux imprimés carreaux différents ensemble, de l’imprimé tigre avec des poils façon Yeti… À vous de voir. Vu chez Ahluwalia, Preen, Raf Simons, Simone Rocha et Toga.
Les tendances des années 2000 n’ont pas fini de squatter les runways. Pas étonnant donc qu’on la retrouve encore sur ceux de Londres avec Supriya Lele, Connor Ives et Ahluwalia qui s’amusent à essayer la inner Paris Hilton qui est en nous.
JUSTE LA DRAG QUEEN VIOLET CACHKI EN MAÎTRESSE BDSM QUI PROMÈNE SON CHIEN SOUMIS AU DÉFILÉ RICHARD QUINN.
Après New York, c’est Londres qui prend le relais pour le big four du fashion month. Au programme : les indétrônables JW Anderson, Burberry et Simone Rocha, les classiques Richard Quinn et Erdem et quelques bonnes surprises comme Natasha Zinko et la collab’ entre Nensi Dojaka et Calvin Klein. Récap’ en 7 points.
Désertées par la majorité des grandes marques britanniques, la fashion week de Londres a au moins le mérite de mettre en avant de jeunes labels indépendants. Cette saison, si on souligne la démonstration de force de Burberry, on retient aussi la fable de Simone rocha, le craft de Roksanda ou encore les débuts prometteurs de Daniel Fletcher chez Mithridate.
Malgré le contexte actuel anxiogène (les délires anti-démocratiques de l’homme orange, la montée des nationalismes et l’escalade des conflits armés, YOLO), la fashion week de Paris continue comme elle peut de parler chiffons. Entre la richesse créative de la jeune garde (Zomer, Abra, AlainPaul…), les retours de Sarah Burton et Haider Ackermann, et la constance des grandes maisons françaises (Dior, Louis Vuitton, Alaïa), retour en 16 points sur la meilleure semaine du fashion month.