PRADA FW24

Si les podiums milanais restent les leaders du prêt-à-porter commercial sexy et/ou “lady like”, certaines audaces sont à relever cette saison à l’image de Prada et sa réflexion historico-philo-socio sur le vêtement, Diesel et son show façon conf’ call sur écrans géants, ou encore Avavav où le public a jeté des ordures sur les mannequins (oui, oui). Récap’ en 8 points.

1. Le big four
Prada FW24

L’Histoire de la mode selon Prada
Cette saison, Prada nous a fait une petite interro d’histoire et de philo dont la problématique pourrait être : comment en est-on arrivé là ? C’est bien cette question que se sont posés Miuccia Prada et Raf Simons pour créer cette collection pensée comme une enquête vestimentaire sur le passé. En gros, le duo s’est demandé comment on finit par s’habiller quand les temps sont durs et l’époque difficile. Ainsi, on a vu sur le catwalk une réinterprétation des incontournables de nos vestiaires — tailleurs, robes longues, vestes style biker, casquettes de marin etc, le tout réinterprété de façon edgy et poétique (Prada oblige) comme le montrent la palette de couleurs pop ou encore les nombreux noeuds en velours venus accessoiriser une bonne partie des silhouettes.

Gucci FW24

Minimalisme et sexyness chez Gucci
Cette saison, Sabato de Sarno s’est auto challengé et ça marche. Son postulat : s’inspirer de “ce qu’il déteste et ce qu’il adore pour proposer quelque chose de nouveau.” C’est ainsi que son légendaire minimalisme (‘le thème du défilé, c’est les vêtements”) et son goût pour le sexy se marient à merveille. Entre slip dress, lingerie de jour, paillettes et cuissardes s’épanouissent tout en subtilité.

Bottega Veneta FW24

La simplicité maîtrisée de Bottega Veneta
Pour l’Automne-Hiver 2024, Bottega Veneta s’est encore surpassé et, en vrai, on ne peut pas dire qu’on soit surpris tellement Mathieu Blazy gère sa D.A d’une main de maître. Si cette collection propose des pièces avec moins d’éléments de décoration et d’embellissement par rapport aux saisons précédentes, elle n’est pas pour autant moins flamboyante. Au contraire, avec cette envie de s’aventurer vers quelque chose de plus simple (en apparence), Blazy a réussi à créer un vestiaire pensé pour célébrer le quotidien, le voyage et l’exploration, notamment grâce à des formes démesurées et des textures somptueuses (cuir souple, jersey, tricot, plissé, imprimé floral ou peau de serpent, motif graphique reprenant les pages d’un journal de bord personnel…). Bref, tout ce qu’il faut pour déambuler dehors avec élégance, assurance et nonchalance.

Fendi FW24

Le classique progressiste de FENDI
Dans les inspirations de Kim Jones pour cette collection, on trouve en vrac, Delfina Delettrez Fendi, la ville de Rome, les archives de la maison, 1984 plus précisément et la vague de créateu·rs·rices japonaise qui débarque en Europe à cette époque. Et le résultat se situe entre le classicisme et le progressisme. Il y a dans les jeux de superpositions et d’asymétrie (les collants qui dépassent de la jupe, les pulls qui rétrécissent au-dessus de la poitrine, les bodies dont les attaches sortent ou encore les bras qui s’échappent des manches), un effet de nonchalance et d’attitude qui clashent avec la rigidité des coupes.

2. Les confirmations
Ferragamo FW24

Ferragamo
Pour cette nouvelle collection au sein de la maison italienne, Maximilian Davis a puisé dans l’histoire et rendu hommage au vêtement qui rend libre. « Dans les années 1920, le vêtement était un moyen de célébrer la liberté. Et cette expression de la liberté est quelque chose qui résonne avec moi, avec mon héritage et avec Ferragamo », a-t-il annoncé. Ainsi, il y a cette fluidité dans les volumes et la transparence, ces bottes hautes empruntées aux uniformes des pêcheurs et ses plumes qui ornent les corps et les chaussures dans un élan d’envol ultime.

Moschino FW24

Moschino
Pour sa toute première collection, Adrian Appiolaza n’a eu que très peu de temps pour reprendre le flambeau après la mort soudaine de son prédécesseur. S’il a avoué lui-même que ce fut une aventure intense, le créateur argentin a eu l’audace de piocher dans les pièces emblématiques de la maison comme le pull smiley, le logo “Peace” ou encore l’imprimé nuage de la toute première collection de 1985. S’il succède également à Jeremy Scott, le roi du “camp”, Adrian Appiolaza n’a rien à envier à l’américain côté excentricité et l’exercice est relevé haut la main.

Marni FW24

Marni
Du papier blanc – l’une des obsessions du designer Francesco Risso – recouvrait le podium à la façon d’une grotte préhistorique. Les vêtements avaient eux aussi cette allure préhistorique, voire sauvage avec de larges manteaux en poils (ambiance Yéti), de fausses fourrures imprimées léopard ou encore de longues robes et capes en A sans boutons, zip ni fioritures. Une façon de retourner à l’état presque sauvage ?

3. Les shows spectacles 
Avavav FW24

Avavav fait les poubelles
La mode c’est pas que des vêtements, c’est aussi des défilés spectacles, qui au travers de happening, performances ou set designs interrogent les absurdités de notre monde. Chez Avavav, la marque la plus sarcastique et irrévérencieuse du fashion game, a joué à fond la carte de l’ironie en demandant aux invités de littéralement jeter des déchets sur les mannequins pendant qu’il·elle·s défilaient. Ainsi, en transformant ses invités en véritables haters de la marque qui, pour exprimer leur haine, ont balancé des ordures en lieu et place de commentaires négatifs sur les réseaux, la créatrice Beate Karlsson a voulu rendre compte de la violence de la culture du harcèlement en ligne qui ronge notre société. Une idée exploitée jusque dans la collection elle-même composée de pièces déconstruites et déchirées. Fab.

Diesel FW24

La réunion Zoom de Diesel
Depuis sa nomination au sein de la marque de denim fin 2020, Glenn Martens révolutionne les défilés de mode. Et cette saison, comme toutes les autres, ça a été l’occasion pour le designer belge de nous montrer une fois de plus son envie de démocratiser la mode. Ainsi, les portes du show ont été ouvertes au public quelques jours avant le défilé. Un public qui était ausi invité à s’inscrire au live de Diesel pendant une durée de 3 jours (!), montrant par la même occasion, et de façon brute et directe, les efforts de dernière minute de l’atelier pour terminer de confectionner les pièces à temps qui se résument cette saison à des robes et chemises en tissu dévoré, de longues robes fleuries à l’effet usé, du denim avec des inserts transparents, ou encore des tissus superposés et rendus étrangers par des traitements simulant leur usure. Cette idée de montrer l’envers de la mode et de la confection au plus grand nombre s’est même retrouvée dans le set design du show grâce à des écrans géants connectés à quelques rares invités chanceux ayant été sélectionnés pour regarder le défilé en direct à la façon d’une réunion zoom géante (l’angoisse). Résultat, ces derniers regardaient un show alors qu’ils étaient eux-mêmes regardés par les invités présents dans la salle. Bref, on a rarement aussi bien fait pour déconstruire les hiérarchies classiques du regard.

Sunnei FW24

Quand Sunnei lit dans les pensées de ses mannequins
La marque de fabrique de Sunnei ? Proposer des silhouettes toujours joyeuses mais jamais ennuyeuses. Cette saison on a eu droit à des doudounes à rayures vives, de grosses mailles jaunes ou encore des hauts verts soyeux, dans un décor ultra-coloré et acidulé. Mais au-delà de juste présenter des fringues, Sunnei est aussi connue pour toujours faire une critique sociale de l’industrie de la mode. Cette saison, la marque a donc décidé de laisser les modèles parler d’eux-mêmes, littéralement. Alors que chaque mannequin entrait sur le catwalk, des enregistrements de leur dialogue intérieur étaient diffusés dans les haut-parleurs. Certains se concentraient sur leurs promenades, d’autres sur les amants, les patrons maléfiques ou les conversations entre amis. Parmi leurs commentaires les plus marquants, on retient : ‘“Le monde est en feu et nous parlons de mode ?”, “Nous ressemblons tous à une bande de clowns, le but de cette marque est-il de nous rendre laids ?” et “Je ne peux pas le faire, merde”.

4. Le juste gris
Ermanno Scervino FW24, Alberta Ferretti FW24, Giorgio Armani FW24, Max Mara FW24 et MSGM FW24

L’hiver prochain sera tout sauf manichéen. Ni blanc, ni noir, le gris souris se décline en total look comme chez Alebrta Ferretti, Ermano Scervino, Giorgio Armani, MSGM ou encore Max Mara. Du manteau aux collants, en passant par les chaussures et les gants, tout est gris ou sobrement éclairé par des touches de jaune.

5. Le twist olive
Ferragamo FW24, Ermanno Scervino FW24, Fendi FW24, Alberta Ferretti FW24 et Gucci FW24

L’hiver 2024-2025 c’est comme un bon Dry Martini, il faut l’agrémenter d’une olive. Chez Ferragamo, Ermanno Scervino, Fendi ou encore Alberta Ferretti, Gucci, Luisa Spagnoli et bien d’autres, le vert gagne du terrain. On ne lésine pas sur le total look histoire de voir le vert à moitié plein. À consommer sans modération.

6. Se mettre à nu 
Blumarine FW24, Gucci FW24, Tom Ford FW24, Ermanno Scervino FW24 et MSGM FW24

La naked dress signe son grand retour pour les grands soirs (à croire que le réchauffement climatique est plus présent que jamais). En dentelle chez Gucci, délicatement brodée chez Blumarine, elle fait vraiment la teuf chez Tom Ford, Ermanno Scervino et Versace où elle se pare de sequins, de strass et de paillettes.

7. Être sur le fil Vs. Être au poil
Missoni FW24, MSGM FW24, Genny  FW24 et Luisa Spagnoli FW24

Autre indispensable de la saison, la moumoute façon tapis de laine. Couleurs pastel chez Genny, plutôt pop chez Luisa Spagnoli et Missoni. Les franges de laine transforment n’importe quel manteau en vêtement méga désirable où se lover comme ceux du défilé Sportmax ou encore la version écharpe intégrée de MSGM. Si vous êtes plutôt team à poil, vous serez aussi servi·e entre le sac perruque de Jil Sander façon tête scalpée ou les fourrures à poils longs de Marni ambiance Yeti. Bref, une saison de plus qui risque d’être tirée par les cheveux.

Jil Sander FW24, Marni FW24, Ferragamo FW, Marni FW24, Jil Sander FW24
8. Se fondre dans le décors
Marco Rambaldi FW24, Roberto Cavalli FW24, Marco Rambaldi FW24, Alberta Ferretti FW24 et Fendi FW24

Besoin de vous ressourcer ? L’imprimé minéral prend racine chez Marco Rambaldi mais aussi sous forme de marbre chez Roberto Cavalli et de façon plus figurative chez Fendi. Statue !