De quoi montrer l’exemple et mettre à l’amende une bonne partie de l’industrie de la mode qui a encore du mal à intégrer des concepts d’écoresponsabilité dans ses processus de fabrication et de production. “Je ne crois pas à une mode entièrement écoresponsable. Il ne faut pas se voiler la face, même si on fait du tissu recyclé et fabriqué en France, il y aura toujours des transports et des intermédiaires, reconnaît le créateur. Mais on peut au moins s’assurer que les vêtements sont faits dans des conditions éthiques et transparentes. Et je ne pense pas que cela soit utopiste.” Pour Benjamin, une mode éthique, qui prend en compte le recyclage et l’upcycling, c’est la vraie révolution que l’industrie attendait. “C’est là que se trouve le futur et l’innovation. Il y a même des gens qui expérimentent des nouvelles manières de teindre les vêtements grâce à des bactéries. C’est génial, s’exclame-t-il. Aussi, d’un point de vue marketing, je crois que les marques sont maintenant obligées de prendre le coche car nous, les jeunes créateurs nous avons l’opinion publique de notre côté. Celles qui avaient suivi tout notre travail au niveau de la représentation et de la diversité, notamment. Elles se mettront à tout ce qui est écoresponsable, j’en suis convaincu. Je suis optimiste à ce sujet”. L’optimisme, c’est bien ce qui caractérise Benjamin. Surtout quand, comme lui, on essaie aujourd’hui en tant que jeune créateur de lancer sa marque. “Par principe, tu sais que si tu crées ton propre label, rien ne va être facile. Il va falloir te battre et compter dix échecs pour une réussite”, assène-t-il. Pas faux, surtout lorsque la pandémie de Covid-19 pointe le bout de son nez et que les projets s’annulent les uns après les autres, fragilisant une structure encore naissante.
“Plusieurs boutiques ont annulé leurs commandes. J’avais aussi fait la robe de Juliette Binoche pour le Festival du Film de Tribeca à New York, qui a été déprogrammé. Un autre gros projet que j’avais, c’était avec Warner Bros. Je devais habiller les actrices du film Wonder Woman 2 pour une avant-première au mois de juin dernier, mais rien ne s’est passé comme prévu. Démarrer sa première collection là-dessus, c’est pas l’idéal ! Mais j’essaie de positiver : je n’ai pas d’employés, donc je n’ai pas de charges à payer. Je ne m’en sors pas trop mal au final.” Optimiste, on vous dit. Avant la reprise d’un semblant de vie normale post-corona, Benjamin peut se rassurer en se disant qu’il a intégré La Caserne, un projet financé par la Mairie de Paris, soit le premier incubateur de mode responsable dans la capitale conçu pour aider les créateurs à développer leur business. “C’est une super nouvelle. Je vais pouvoir être aidé financièrement. Et rien qu’au niveau des machines, pour tisser et concevoir mes tissus, on pourra me fournir les derniers modèles à la pointe. Ça soulagera mes stagiaires qui se paient des tendinites !”