Septembre 1995, le tout premier numéro de Mixte voyait le jour avec une cover montrant un homme et une femme (la regrettée Stella Tennant) aux traits androgynes, incarnant un couple moderne, non genré, libre et égalitaire. Mixte brandissait fièrement son parti pris de représenter de manière équitable l’homme et la femme dans ses pages, à travers des sujets de mode et de société. 25 ans plus tard, ce numéro spécial rend hommage au premier cover-couple, en laissant carte blanche à plusieurs photographes invités à livrer leur vision du couple à travers leurs clichés. En sciences humaines et sociales, une génération dure environ 25 ans. Il était donc grand temps de passer le sujet du couple aux rayons X de Mixte, comme n’importe quel autre thème de société qui cristallise les interrogations et enjeux d’une génération. Et puis, s’il y a bien un domaine qui nous parle à tous et sur lequel chacun peut encore s’exprimer librement, c’est bien l’amour, n’est-ce pas ? Célib rayonnant.e ou blasé.e, couple frêle après trois confinements dans les dents ou “power couple” à la Beyoncé & Jay-Z (les milliards de dollars en moins), polyamoureux ou jeune dude en bromance, il est temps de disséquer nos cœurs.
MY LONELINESS IS KILLING ME
Sans vouloir vous déprimer d’entrée, il semblerait que le couple et le lien amoureux battent sérieusement de l’aile, au vu des chiffres de célibataires qui ne font que croître depuis plusieurs années, notamment dans les capitales occidentales. Le Bureau of Labor Statistics, principale agence de recensement américain, a fait tomber le couperet en publiant, août 2014, une donnée historique : pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les célibataires étaient majoritaires dans la population à 50,2 %. En comparaison, selon le même institut de sondage, la proportion de célibataires n’était, en 1950, que de 22 %. En France, selon les chiffres 2020 de l’Insee, la part des femmes mariées à 25 ans est passée de 78 à 10 % en un demi-siècle, de 63 à 5 % pour les hommes ; et à Paris, actuellement, une femme sur deux serait célibataire. En Angleterre, un ministère de la Solitude a même été créé et a évalué à 9 millions le nombre de personnes isolées. Bon, pas besoin de vous assommer de chiffres, si vous avez entre 20 et 35 ans et que vous habitez dans une grande ville, il y a moyen que vous et votre bande de potes ayez connu ou soyez en pleine traversée d’un désert affectif digne des plaines de Namibie. Ironie du sort, les célibataires, qui augmentent chaque année, s’accordent sur un point : ils.elles galèrent pour rencontrer quelqu’un. Alors que le marché du célibat est plus que bien pourvu, avec des nouveaux entrants réguliers, des brassages multiples, les rencontres se font rares et le couple semble être un horizon de plus en plus inatteignable. À en croire nos grands-parents, les choses étaient beaucoup plus simples à leur époque. Elles ont commencé à se gâter avec nos parents (high five à tous les enfants de divorcés) pour finir par carrément sentir le sapin avec les millenials. Que s’est-il passé en l’espace de deux générations ?