Pour la saison des défilés croisière, Alessandro Michele nous a invité dans les Pouilles en Italie afin de nous initier à la « cosmogonie », cette théorie expliquant la formation de l’Univers et de certains objets célestes. Bienvenue dans la nouvelle galaxie Gucci.

En termes de références culturelles et d’expression artistique, Alessandro Michele est certainement le créateur le plus perché du moment (dans le bon sens du terme, on vous rassure), celui qui nous a toujours emmené loin, loin, loin avec lui dans sa tête. Alors, il semble logique que pour son dernier défilé croisière 2023 pour Gucci, il ait décidé de nous emmener littéralement dans les étoiles. Pour l’occasion, le designer italien a présenté 101 silhouettes (“toujours plus”) qui mélangent habilement des références aux années 1970, à l’historicisme mais aussi évidemment à la cosmogonie.

Histoire de donner un peu plus de sens à cette idée céleste, Gucci a choisi de présenter, à la nuit tombée, la collection au sein du Castel del Monte in Andria, un château magistral et ésotérique du 13e siècle situé dans les Pouilles en Italie et classé au patrimoine de l’Unesco. Ledit lieu a d’ailleurs été construit par l’empereur Frédéric réputé pour son intérêt envers les arts et les sciences et dont la cour était composée d’astronomes, d’artistes et de guerriers (makes sense). « Je cherchais un lieu qui rende grâce au mythologique, a-t-il expliqué au Vogue US. C’est un site où les mesures et les proportions se croisent comme par magie, de la même manière que les mesures des cols et des vestes peuvent être en quelque sorte magiques ». Ou comment trouver le lien parfait entre la beauté de l’univers et celle des vêtements créés et confectionnés par le génie humain. Bien joué.

Toujours plus loin dans son approche méticuleuse et référencée de la mode, Alessandro Michele a particulièrement à rendre hommage au concept de Constellations développé par Walter Benjamin, un penseur et philosophe juif allemand qui s’est donné la mort après son arrestation par la Gestapo à la frontière espagnole. “Ce qui peut sembler, au premier abord, atomisé et dispersé, comme les étoiles que l’on voit dans le ciel, devient un ensemble sensé aux yeux de Walter Benjamin”, a déclaré Alessandro Michele, croyant en l’interconnexion des éléments.

Cette interconnexion s’est aussi manifestée jusque dans les silhouettes de la collection de façon plus ou moins littérale, mais toujours avec l’aspect ultra-glamour et ultra-camp propre à Gucci depuis qu’Alessandro Michele dirige la marque. « Les femmes ont souvent porté des constellations sur leur corps. Il suffit de penser à la célèbre robe de Marilyn Monroe parsemée de cristaux ; elle ressemblait à la queue d’une comète insaisissable ». Sur la collection croisière, il ajoute : « Les vêtements sont des supports, des strates de langages. Aujourd’hui, ‘faire de la mode’ ne signifie pas simplement être un tailleur ou raconter une histoire unidimensionnelle. Constituer une collection, c’est parler de votre idée du monde, car la mode est profondément liée à la vie et à l’humanité. La mode n’est pas qu’un hiéroglyphe que seules les élites peuvent comprendre. C’est la vie, ça parle une multitude d’idiomes, c’est comme un immense chœur dont personne ne doit être exclu“. Preach boy !