Après Chanel, c’est au tour de Louis Vuitton de continuer le bal des défilés croisière 2023. Direction San Diego, où la maison française a présenté un show spectaculaire et rétro-futuriste à la lueur du crépuscule californien.

Pendant la pandémie, on s’était dit que le faste et l’opulence de notre société allaient en prendre un coup. On rêvait tous et toutes du monde d’après et on en venait même à s’interroger sur l’utilité et le sens d’une mode démesurée. Mais c’était mal connaître l’industrie qui, après quelques mois d’incertitude et de défilés et événements digitaux, est revenue à ses bons vieux basiques physiques et matériels pré-covid, à l’image de Louis Vuitton qui vient de présenter IRL sa collection cruise 2023 à San Diego en Californie. Après tout, la mode c’est fait pour s’évader, au sens propre comme au figuré, non ?

Résultat, ce sont quelques centaines de personnes trié.e.s sur le volet qui ont eu la chance d’être invitées au show cruise 2023 de Louis Vuitton et qui, pour pouvoir y assister, ont évidemment pris l’avion (PS : c’est les compagnies aériennes qui doivent être contentes. Au moins ça remplit leurs avions qui jusqu’ici à cause de la pandémie, volaient et tournaient à vide dans le ciel pour ne pas perdre des créneaux si chèrement obtenues dans les aéroports internationaux). Certes, tout cet événement fastueux ressemblait plus à quelque chose qu’on avait l’habitude de voir dans le monde d’avant, mais cette performance artistique et communicationnelle était sans doute une façon pour la maison Louis Vuitton d’annoncer et/ou de rappeler à tous.tes que pour la première fois de son histoire elle vient de s’emparer du titre de marque française la plus valorisée au sein des classements Brand Finance France. En un an, la marque a progressé de trois rangs (+59,7% vs 2021) au sein du classement 2022 avec une valeur de marque de 20,20 milliards d’euros. Opulence, on vous a dit.

Mais revenons-en à ce qui nous intéresse vraiment. Arrivé.e.s sur place, les invité.e.s ont pu découvrir le lieu emblématique choisi pour le défilé : le Salk Institute for Biological Studies de San Diego, un bâtiment aux volumes imposants typiques du mouvement brutaliste, dessiné par l’architecte Louis Kahn en 1965 et “pensé comme un serein monastère de béton pour esprits éclairés”, dixit le communiqué de presse de la maison Louis Vuitton. Une fois de plus, Nicolas Ghesquière, le D.A de LV, a fait mouche en s’imposant sans doute comme l’un des meilleurs tour guide ever (option archi) du fashion game actuel. C’est lui d’ailleurs qui déjà nous avait fait (re)découvrir la Fondation Maeght dans le sud de la France, le musée Miho de Kyoto, le musée d’Art moderne de Niterói dessiné par Oscar Niemeyer ou le TWA Flight Center, signé Eero Saarinen à New York. Respect.

Une fois que tout le monde était bien installé et bien assis, c’est vers 18h, au moment de la fameuse golden hour, quand le soleil flambe et commence à côtoyer l’horizon, que le show a véritablement commencé. Et surprise, c’est la chanteuse et mannequin belge Lous & The Yakuza qui a ouvert le show. C’était d’ailleurs elle qui avait clôturé le défilé Louis Vuitton fall-winter 2022/23 organisé au Musée d’Orsay à Paris en mars dernier. La boucle est donc bouclée et Lous a ouvert le bal des tenues qui cette saison jouaient avec les esthétiques nomades grâce à des silhouettes fluides et souples pensées pour les régions arides et ensoleillées (capuches, drapés…) et conçues dans des couleurs majoritairement terriennes (beige, sable, marron…)

Cependant, on a aussi vu en contraste d’autres silhouettes beaucoup plus sharp et racées créées avec des lins, jacquards, soies, cuirs, tweeds et patchworks. De-ci de-là, il y avait également des accessoires puissants et quelques imprimés psyché ultra-colorés ainsi que d’autres éléments et accessoires métalliques et/ou réfléchissant, donnant finalement l’impression générale d’une collection rétro-futuriste science-fictionnelle composée de 56 looks et qui serait allée piocher à la fois le meilleur du film Dune, de la série Star Trek et d’une soirée disco organisée en pleine période space age. Bref, soit toutes les références historiques, culturelles et architecturales qui font, sous l’égide de Nicolas Ghesquière, l’essence complexe, edgy et ultra-élaborée de Louis Vuitton.