“Sid Vicious“, Stockholm, Suède, 25 juillet 1977 © Dennis Morris

Dennis Morris, photographe britannique né en Jamaïque et dont les clichés ont marqué l’histoire de la pop culture, fait l’objet pour la première fois en France d’une grande rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie.

Qui se souvient de ses murs de chambre d’ado, tapissés d’images d’idoles ? Bob Marley, Sex Pistols, Oasis, Radiohead ou encore les Rita Mitsouko et Patti Smith… Dennis Morris a immortalisé de nombreuses légendes de la musique dès les années 1970 et jusqu’à aujourd’hui. Pour certain·e·s, il est même devenu directeur artistique (notamment pour PIL, le groupe de Johnny Rotten post Sex Pistols) et a marqué le paysage de la pop culture à travers son regard d’artiste obsédé par la photographie.

“Burning“, 1973 © Dennis Morris

Le fil rouge du casting de Dennis Morris ? La rebelle attitude. Voire une fascination pour ce qui est politique et tend à l’énergie du chaos. Dès la première salle, l’exposition retrace le parcours de cet artiste parsemé d’anecdotes romanesques comme celle du jour où il a séché les cours pour rencontrer Bob Marley. On est alors dans les années 1970 en Jamaïque et celui qui deviendra le king du reggae invite le jeune photographe à le suivre lui et son groupe The Wailers pour leur tournée internationale. Il y produit alors des images devenues iconiques, qui se déclinent un peu partout sur le merch’ du chanteur et dans l’imaginaire collectif.

“Babylon by van“, Londres, 1973 © Dennis Morris

Le destin incroyable de Dennis Morris se déroule à mesure de l’exposition. Au premier étage, ses images en noir et blanc, proche de la photo documentaire, offent un panel de la communauté noire londonienne des années 1970. Le jeune Dennis Morris propose alors aussi ses services pour photographier les mariages pour gagner quelques sous et se promène souvent dans le quartier de Little India pour photographier d’autres communautés, avec un attrait certain pour les plus marginalisées.

“Marriage“, Hôtel de Ville de Hackney Mare Street, Londres, 1971 © Dennis Morris
“Linton Kwesi Johnson”, Brixton, Londres, 1978 © Dennis Morris
“Dalson Boy“, Londres, 1975 © Dennis Morris

Deuxième étage, changement d’ambiance : Dennis Morris a rencontré Sid Vicious, Johnny Rotten et toute la scène punk londonienne de l’époque (une certaine Vivienne Westwood apparaît aussi sur les clichés). Une chambre d’hôtel détruite par Sid Vicious, des clichés du fameux couple qu’il forme avec Nancy Barrett ou encore le groupe en tournée partageant un plat de nouilles chinoises (les préférées du rockeur, appréciées pour leur esthétisme une fois vomies, fun fact raconté par le photographe lui-même lors du vernissage)… Il y a dans les clichés de Dennis Morris une complicité évidente entre l’artiste et ses sujets comme avec Marianne Faithfull (sa grande amie), dont il signe la pochette “Broken English“ prise sur le vif dans son studio alors qu’ils sont ivres tous les deux ou Patti Smith, immortalisée lors d’une virée touristique à Londres.

“Johnny Rotten“, backstage at the Marquee Club, Londres, 23 juillet 1977 © Dennis Morris
“Les membres originaux du groupe Oasis“, Japon, 1994 © Dennis Morris
“Marianne Faithfull“, photo pour l’album “Broken English“, 1979 (Island Records) © Dennis Morris

Pochettes d’albums, vinyles, magazines, merch (tee-shirts et même des paquets de feuilles à rouler à l’effigie de Bob Marley), l’exposition s’achève sur l’ensemble de l’œuvre de Dennis Morris et son rayonnement, devenue une composante à part entière de la pop culture. Car au-delà de la photographie, Dennis Morris est bel et bien cet homme qui murmure aux oreilles des musiciens, lui-même musicien, âme punk dans un esprit visionnaire, graphiste, directeur artistique… Bref, un slasher insatiable dont l’œuvre est à (re)découvrir à la MEP jusqu’au 18 mai prochain.

Dennis Morris, Music + Life, à la Maison Européenne de la Photographie, du 5 février au 18 mai 2025.