Au-delà de la relation marchande qu’elle instaure dans toutes ses actions qu’elle voudrait militantes, l’industrie de la mode va, conformément à sa fonction première, toujours chercher à tout esthétiser : la lutte contre la précarité, le racisme, pour les droits des femmes, les personnes LGBTI+, les animaux et l’environnement. Au risque, une fois de plus, de bien se planter et d’ajouter de l’huile sur le feu. N’est-ce pas, Sézane ? Début janvier 2021, la marque française fondée par Morgane Sezalory s’est retrouvée dans un scandale mode international cochant toutes les cases d’un bingo qu’on aimerait ne plus voir exister en 2022. Appropriation culturelle, stéréotypes racistes et exploitation : check. Début janvier, des images montrant une équipe de Sézane qui faisait danser une vieille dame de la communauté zapotèque à Oaxaca au Mexique, habillée avec les vêtements de la marque, ont surgi sur la Toile et ont été vivement critiquées sur les réseaux sociaux, dénonçant une exploitation de la communauté locale pour les besoins visuels de la marque parisienne. L’Instituto Nacional de los Pueblos Indígenas (INPI), organisme gouvernemental de défense des peuples indigènes du Mexique, a même affirmé dans un communiqué que “le comportement des représentants de la marque porte atteinte à la dignité des communautés autochtones et renforce les stéréotypes racistes”. On vous le donne en mille, la marque s’est évidemment platement excusée d’avoir organisé ce safari mode aux relents (post-)coloniaux. Mais aussi atrocement capitalistes, puisque, sans qu’on sache d’où vient ce chiffre, plusieurs utilisateur.rice.s ont reproché à la marque d’avoir payé la dame seulement 200 pesos, soit l’équivalent de huit euros, mettant ainsi en lumière les problèmes d’exploitations et de conditions de travail des personnes racisées dans le fonctionnement actuel de l’industrie de la mode. Mais ça, c’est une autre histoire.
Cet article a été publié dans le numéro Spring/Summer 2022 de Mixte : Commitment.