Le style de Mous est désormais reconnaissable par tous pour son audace à mélanger, toujours avec humour, les codes du luxe avec des vêtements traditionnels marocains et des symboles liés à la pop culture. Cela donne lieu à des images décalées, souvent drôles, révélatrices d’une identité plurielle, comme, par exemple, celle d’une femme en niqab reprenant la pose « Break the internet » de Kim Kardashian avec une théière de thé à la menthe en guise de bouteille de champagne. « J’utilise le vêtement traditionnel comme quelque chose de tendance, mais pas seulement. Selon moi, une djellaba blanche va au-delà de la mode. Au Maroc, c’est un uniforme. Qu’on le veuille ou non, les vêtements en disent beaucoup sur une personne, mais le port d’une djellaba supprime tout particularisme. Ce type de vêtements gomme le statut social, on en sait pas si la personne qui le porte préfère le hip-hop ou la musique chaâbi (musique populaire au Maroc). C’est comme une toile blanche. Avec le vêtement traditionnel, on supprime tous les préjugés. » Avec ses images, Mous Lamrabat entend rassembler les gens, dans une société actuelle où on tend plutôt à les diviser. Si celles-ci ont parfois heurté les sensibilités (Vogue Italia s’était fait lyncher sur le Gram après avoir partagé une de ses images en 2019), Mous n’arrête pas pour autant de brouiller les pistes pour mieux nous confronter à ce que nous sommes, en tant qu’humains du 3ème millénaire : des êtres de culture tiraillés entre tradition et modernité, broyés par une société de consommation dont l’essor nous a échappé à un moment donné.