MAXIMALISME ET PRINCE ALBERT
Si le luxe s’estompe sous le poids des strass et paillettes, c’est parce qu’“on assiste à un lâcher-prise qui cristallise un nouveau rapport à soi, où le corps est un terrain d’expression personnel, un support pour la fantaisie”, ajoute Mathilde Berthier. Une façon de se démarquer, mais aussi de s’accepter : “Beaucoup de gens qui viennent me voir sont complexés par leur dentition. Grâce aux bijoux dentaires, il·elle·s acceptent mieux leurs petits défauts”, explique Hélène, fondatrice de l’Atelier Lazarovska à Paris. Pour autant, ces coups d’éclat sont loin d’être anodins. Le média beauté Byrdie publiait, en février 2021, un article intitulé “Inside The Fascinating History of Glitter & Gay Culture” appuyant sur l’importance de “l’utilisation de maquillage scintillant qui est, pour de nombreuses personnes queer, une façon de célébrer le fait d’être ‘out’ de manière publique, surtout après des années de restriction de l’expression de son identité de genre et/ou sexuelle”. On y apprend aussi que “pendant des décennies, les paillettes ont été utilisées par des activistes queers qui luttent pour les droits LGBTQ+.
Dans le mouvement Glitter + Ash, par exemple, qui a été popularisé à New York et à Chicago au cours des dernières années, les églises montrent leur soutien et leur solidarité envers les paroissien·ne·s homosexuel·le·s en mélangeant les cendres du Mercredi des Cendres avec des paillettes violettes”. Amen. Autre adepte du bling joyeux, qui prêche pour la paroisse de l’inclusivité, Yacine Challal, fondateur de la marque de bijoux fantaisie Carré Y, dont le slogan est “Proud Jewelry for Proud People”, explique : “Faire des bijoux non genrés, c’est laisser aux personnes la liberté de porter ce qu’il·elle·s veulent. Le bijou genderless, c’est donner la possibilité à tout le monde de le porter, et donc de proposer des boucles d’oreilles vendues à l’unité, des pièces réglables, comme des bagues, qui aillent à tout type de morphologie.” Parmi ses récents faits d’armes : la création du sceptre et de la couronne de la reine de Drag Race France et une collection de bijoux célébrant le bondage. C’est d’ailleurs ça la force de frappe du nouveau bling, ne pas lésiner sur le second degré, avec extravagance et panache, comme le montrent les boucles d’oreilles représentant un doigt d’honneur massif chez Y/Project SS23, les bijoux de nez en forme de pansement d’Alan Crocetti, sans oublier la récente collab’ entre La Manso et Jean Paul Gaultier comprenant notamment des bagues démesurées ressemblant à des planètes… On en dit quoi ? Let’s have fun, mon bijou.