© Bill Bernstein PARADISE GARAGE 1979

Jusqu’au 17 août 2025, la Philharmonie de Paris présente “Disco, I’m coming out”, l’exposition incontournable qui retrace l’histoire politique et militante du Disco, courant musical né aux États-Unis au début des années 1970 au sein des communautés afro-américaine et LGBT.

En 2025, le Disco peut encore pâtir d’une image de courant artistique kitsch et frivole (les paillettes, les cols pelle à tarte, les violons, les brushing à bigoudis, Patrick Hernandez…). Pourtant, ce courant musical et stylistique né au début des années 1970 aux États-Unis reflète dans l’esthétique de ses fêtes et dans les paroles de ses chansons le contexte politique et militant des luttes associées aux droits civiques, aux droits des homosexuel·le·s et au mouvement féministe. C’est ce que tente de rappeler, avec succès, l’exposition “Disco, I’m coming out” qui se tient jusqu’au 17 août 2025 à la Philharmonie de Paris.

©Meryl Meisler, Studio 54, NYC, 1977.

À travers un ensemble d’archives audiovisuelles, de photographies, de costumes, d’instruments et de matériel de diffusion et d’enregistrements (enceintes, platines, table de mixage, magnétophones…), l’expo entend donc montrer la dimension à la fois politique et festive de ce courant musical fédérateur fortement ancré dans l’histoire et la culture noires états-unienne, héritier de la soul, du gospel et du funk, et qui a fait danser la planète entière (de l’Afrique à l’Asie en passant par l’Europe) en réunissant sur le dancefloor tout un tas de classes sociales et de personnes minorisées.

© Bill Bernstein, Xenon, 1979.

Le Disco, c’est l’incarnation de l’esprit de la fête libre et de l’émancipation des corps avec les prémices de la politisation du milieu de la nuit et de la culture clubbing. En effet, cette musique qui s’étend conjointement du mouvement Black Pride et des émeutes de Stonewall à la fin des années 1960 jusqu’à l’apparition de l’épidémie de SIDA au début des années 1980, a permis aux femmes et minorités ethniques et homosexuelles, ainsi qu’à la communauté Drag et Ballroom, de se créer un espace de liberté à l’abri des discriminations au sein de discothèques comme le Paradise Garage, le Studio 54 ou le Palace. Ainsi, la plupart des musicien·ne·s et interprètes issu·e·s de ces communautés ont revendiqué dans leurs chansons, leurs combats et leur apparence, nourrissant de fait la dimension progressiste et transgressive qui a marqué les années 1970.

© Arnaud Baumann, Bustier Issey Miyake, Le Palace.
© Bill Bernstein, Empire Roller, 1979.
© Hasse Persson, New Year’s Eve, 1978.

D’abord une culture underground, le Disco a ensuite connu un succès mondial, en devenant la musique la plus populaire dans le monde jusqu’au début des années 1980 notamment grâce à des “Disco Divas” comme Donna Summer, Grace Jones, Diana Ross, des Djs et producteurs stars comme Larry Levan, Cerrone et Giorgio Moroder, ou encore des films comme “Saturday NIght Fever”. Si le genre musical a connu un certain déclin aux USA au début des années 80 avec la montée d’une certaine forme de saturation auprès du public au début des années 1980 et le retour du conservatisme politique (Ronald Reagan, Margaret Thatcher…), il est revenu en force ces dernières décennies en influençant une bonne partie des artistes de la pop musique actuelle comme Madonna, Dua Lipa, Daft Punk, Juliette Armanet etc.

Andy Warhol, Grace Jones, 1986. The Andy Warhol Museum Pittsburgh. © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts. Inc Licensed by ADAGP, 2025.
Donna Summer, “Once Upon A Time”, 1977.
© Meryl Meisler Dupont’s Party, 1977.
© Meryl Meisler, Monster Cherry Grove, Fire Island, 1977.

Histoire de rester encore plus pertinente l’expo “Disco, I’m coming out” est accompagnée d’une bande-son inédite mixée par Dimitri from Paris ainsi que d’une programmation de plusieurs concerts (Cerrone, Dabeull Live Band), une boum disco ou encore une battle de waacking. Bref, en ces temps délétères où les avancées sociales et sexuelles semblent menacées, “Disco, I’m coming out” est sans aucun doute l’exposition à ne manquer sous aucun prétexte.

Divine © Chris Callis, 1978.
© Meryl Meisler, Infinity Disco, NYC, 1978.