PRADA FW25

Marquée par l’absence de Bottega Veneta et le départ précipité de Sabato de Sarno de chez Gucci, Milan tient malgré tout le cap dans la démonstration d’une mode élégante incarnée par Prada, Fendi et Ferragamo, et celle toujours ultra show-off de Versace, Diesel ou Dsquared2. Récap’ en 7 points.

1. Le tiercé gagnant
Prada FW25-26

PRADA
Pourquoi faire semblant d’aller bien quand tout part en vrac ? Chez Prada, la vie nous roule dessus, littéralement. Miuccia Prada et Raf Simons expriment ainsi leur vision de la femme d’aujourd’hui : crevée, mais chic, mais crevée. Pour célébrer sa campagne été 2025, la maison a imaginé un recueil de nouvelles, en association avec l’autrice Ottessa Moshfegh à qui l’on doit le roman culte “Mon année de repos et de détente”, l’histoire d’une jeune femme qui décide de dormir pendant des mois. Pour cette nouvelle saison, Prada s’approprie les codes de l’autrice : mettre le monde en mode avion, à grands coups de balek et de mélatonine (voire un peu plus). Sur le podium, cela se traduit par un lexique de l’effortless réinventé : coutures exposées, ourlets laissés à vif, effet froissé, coiffures échevelées. La maison brouille les codes de la soi-disant féminité en interrogeant les proportions à grand renfort de silhouettes en H, de longueur au genou ou de tailles inachevées. Pour l’automne-hiver 2025, la femme Prada embrasse une seule vérité : la sienne.

Gucci FW25-26

GUCCI
Après le départ précipité de Sabato De Sarno, à 3 semaines du show (vous avez dit drama ?), le studio Gucci a assuré l’intérim. Une transition faite de valeurs sûres de la maison, qualifiée dans une note de “continuum d’artisanat, de goût et de culture qui traverse le temps”. Au programme donc, un retour aux cores de la marque : de l’élégance 70’s d’héritière milanaise, de l’excentricité chic des heures les plus zinzin d’Alessandro Michele, de la fausse fourrure qui évoque le lointain temps du plein emploi, des touches de monogramme, des pointes de détails sexy façon Tom Ford glam 90’s. Le tout dopé par des couleurs saturées, comme sous microdosing : vert Brat, orange acide et violet pop. Gucci cherche sa prochaine era mais en a assez sous le pied pour nous faire patienter.

Ferragamo FW25-26

FERRAGAMO
Du mouvement, de l’élégance mais surtout, des proportions longues comme un lundi, chez Ferragamo, Maximilian Davis a choisi de s’inspirer de la it girl chorégraphe Pina Bausch et du glamour des années 20. Une ambiance à mi-chemin entre Danse avec les stars et le krach boursier de 1929 avec des costumes oversize avec manteau en layering ou de la rayure de banquier revisitée, contrebalancés par la grâce de la transparence, la sensualité du cuir et du satin ou encore du mesh graphique façon surréalisme de Man Ray. Tout pour une saison Ferragamax de max en fait.

2. Les anniversaires
Fendi FW25-26

FENDI
En vrai, comment célébrer 5 générations et 100 ans de création dans un défilé de 15 minutes quand on s’appelle Fendi ? La réponse c’est Silvia Venturini Fendi qui l’a et qui, pour ce faire, a préféré regarder vers l’avenir plutôt que de faire une simple redite de ses créations passées et des archives de la maison italienne. Résultat, on a eu droit à de la fausse fourrure, du cuir à profusion, du tweed, des robes à chevrons enduites, des manteaux en laine. Sans oublier les fameux sacs Baguette et Peekabo. “Je ne voulais pas passer trop de temps à m’attarder sur les archives physiques. Pour moi, Fendi 100 est davantage une question de souvenirs personnels – réels ou imaginaires – de ce qu’était Fendi et de ce que Fendi signifie aujourd’hui”, a déclaré Silvia Fendi Venturini.

Dsquared2 FW25-26

DSQUARED2
Les jumeaux créateurs canadiens Dean et Dan Caten ont célébré cette saison 30 ans de mode provocante, rebelle et show-off propre à leur marque italienne Dsquared2. Résultat, ils ont produit un défilé monumental aux allures de concert reprenant tous les codes de la pop culture actuelle (Naomi Campbell qui clot, Doechii qui sort d’un char blindé rempli de dollars etc) dans un entrepôt aux allures de club. Côté fringues, c’est comme d’habitude : des vêtements d’extérieur hyper masculins, des coupes western robustes, des jeans, des pièces à plumes girly. La seule vraie nouveaut peut-être : les multiples collaborations avec Magliano, Vaquera, Bettter, Ducati et Kiss, qui ont chacune insufflé une nouvelle vie aux ensembles d’archives de Dsquared2.

K-Way FW25-26

K-Way
La marque franco-italienne K-WAY, qui fête ses 60 ans, a investi la Fashion Week de Milan en plongeant dans ses archives pour délivrer une collection dictée par « l’héritage, la couleur et les silhouettes audacieuses », tout en gardant la fonctionnalité au premier plan (c’est K-way bien sûr). On a ainsi pu voir des silhouettes classiques réinterprétées avec le fameux nylon (trench, pantalon plissé, cravate, débardeur, cape, manteau etc). Le tout dans des tons vifs. There’s only one way, that’s K-way.

3. Première et dernière fois
Blumarine FW25-26

BLUMARINE
A peine arrivé chez Blumarine, le géorgien David Koma réinvente le mythe de la bomba italienne. Entre veuve sicilienne, héroïne romantique et mob wife, les jeux de transparences, le noir bien drama, le rouge sang, le mix parfait entre lignes affûtées et flou sexy remixent les codes de la diva dopés sous the Substance. Mamma mia(m)

Jil Sander FW25-26

JIL SANDER
La fin d’une fête peut-elle être la meilleure teuf ? Chez Jil Sander, c’est un grand oui. Pour leur dernier show après huit ans à la tête de la maison, Lucie et Luke Meier donnait le plus bel after qui soit. Tous les codes de la teuf – du cuir, des franges, de l’argenté, des plumes- pour un mood oiseau de nuit très 365 Party Girl. Chez Jil Sander, les nuits sont plus belles que nos jours.

4. Mentions honorables
Prada FW25-26

SUNNEI
D’ordinaire pas les derniers sur l’avant-garde, cette saison chez Sunnei, on embrasse le premier deg’ et le commercial. Aux bras des mannequins ? Des sacs de shopping. Sur les mannequins ? De l’oversize Gen Z, des doudounes sans manches, des matières doudou, des accessoires pop…, Bref, des pièces tout ce qu’il y a de plus portables comme si le catwalk ressemblait à un long scroll Tiktok. Le mot d’ordre des créatifs Simone Rizzo et Loris Messina : “le fashion réalisme”. Le duo en a marre de conceptualiser à outrance et veut miser sur une collection à l’épreuve du réel. Dit comme ça, ça pourrait être boring, pourtant, même en voulant éviter le concept, Sunnei tape en plein dedans. Du meta camp comme on aime.

Loro Piana FW25

LORO PIANA
Cette saison, la Maison italienne a choisi de se lancer dans une aventure équestre en avec la rétinterprétation de silhouettes s’inspirant de l’uniforme équestre classique. Au cœur de cette collection, on trouve une série de tenues d’extérieur composées de vestes de chasse, de parkas aux doublures matelassées, de jodhpurs beiges, de bas fuselés en laine mérinos, sans oublier les bottes cavalières emblématiques, les bombers moelleux, les blazers à col montant et quelques longs manteaux en mélange de laine et de daim. Aussi, pour la première fois, Loro Piana a revisité sa veste emblématique Spagna, ici retravaillée en cape et déclinée en deux coloris.

Diesel FW25-26

DIESEL
Chez Diesel, le mantra de la saison prochaine s’annonce hypnotique : à la fois saturé d’infos visuelles – en demandant à 7000 artistes graffeurs de taguer sur plus de trois kilomètres de tissus, le décor montre la force du collectif, de l’expression commune comme un cri, le tout contrebalancé par des mannequins au regard vide et opacifié par des lentilles blanches ou noires, comme pour avoir sa propre vista en l’avenir. Et côté vêtements ? du denim délavé inspi Y2K, du pied de poule flouté façon bourge messy, du tweed trashé… De son propre aveu, l’inspi de Glenn Martens pour cette collection était “Coco Chanel va à Balmoral se défoncer au sherry avec la Reine”. Bien vu, c’est exactement ce qu’on aurait envie de porter pour l’occasion. Reste plus qu’à se faire inviter.

Versace FW25-26

VERSACE
Alors que les rumeurs de rachat de la maison bruissent à Milan, Donatella Versace fait ce qu’elle sait faire de mieux : donner une collection tout en sexyness et sens du drame (et de l’humour). Au programme de son défilé automne-hiver 2025, le bon mix entre vestiaire Versace habituel kinky chic (du sexy, du court, du V, des jeans à strass, du léopard…) Mais aussi des pièces plus décalées, notamment les édredons façon manteaux qui ouvraient le show ou les jupes à basques overproportionnées du final. Vendra ? Vendra pas ? Donatella propose en tout cas le mix parfait entre héritage et avenir. Qui pour prendre sa place ? Amstramglam.

5. Furry road
Fendi FW25, Tod’s FW25, Gucci FW25, Giorgio Armani FW25, Roberto Cavalli FW25

Régression oblige, il est temps de mettre un peu de douceur dans ce monde où les bonnes nouvelles se font rares ( les jours qui rallongent, la fin de C8). Pour la saison prochaine, la fourrure s’affiche partout : total look Melania Trump (Gucci, Fendi) maxi écharpe (Armani), manteau habit de panthère (Tod’s, Roberto Cavalli), boa XXL (Marni) ou outfit de chamane (Etro), le poil se porte full bush.

Etro FW25, Giorgio Armani FW25, Tod’s FW25, Roberto Cavalli FW25, Marni FW25

6. Xanax core
Moschino FW25, Prada FW25, Moschino FW25, Blumarine FW25, Avavav FW25

Le mood de la saison est plutôt énergie basse. Mais avec ce qu’il faut d’aura et d’ironie pour en faire un mantra cunt. De la femme au bout du scotch (Prada), en passant par l’élégant camaieu de noir et gris (Moschino, Avavav) ou l’outfit retour de funérailles (Moschino, Blumarine), la saison prochaine en fait des caisses sur la dépression hivernale. Prévoir une cure de vitamine D, de yoga du rire et de look Marni pour doser.

6. À perdre la laine
Max Mara FW25, Alberta Ferretti FW 25, Tod’s FW25

Last but not least, la micro trend du look laine chinée noir et blanc. Aperçu chez Tod’s, Alberta Ferreti et Max Mara.