4. LES DUR·E·S À QUEER DE LA FASHION WEEK
Parmi la nouvelle génération de jeunes créateur·rice·s, Jeanne Friot aura définitivement marqué la saison et gagné ses galons de nouvelle enfant terrible de la mode. Avec sa collection intitulée “Idols”, elle a choisi de rendre hommage aux icônes pop qui façonné et défendu la culture queer : Courtney Love, Patti Smith, Jeanne d’Arc, Kurt Cobain, Grace Jones, Madonna etc. Une façon pour elle aussi de rappeler que les droits LGBT, toujours non garantis et pourtant si essentiels, doivent encore et encore être défendus, particulièrement à l’heure où l’homophobie et la transphobie s’installent en France et à l’heure où les partis d’extrême droite aiguisent leurs armes. Ainsi, sa mode no gender, queer et underground (robe en ceintures, jupes tartans, workwear, cuissardes, transparence) aussi bien faite pour le quotidien que pour aller en teuf, envoie résolument balader les conventions. On est stan. Chez Ouest Paris, son créateur Arthur Robert s’est inspiré des films de Gus Van Sant, de la photographie de Karlheinz Weinberger, de l’Americana et des tropes de la culture surf, imaginant ainsi une “sous-culture de cowboys surfeurs sexy”, a expliqué le designer. Dans ce contexte, les pièces en denim classiques prennent un aspect délavé par le soleil, dans des pastels californiens (jaune, rose), et la silhouette mélange vestes pointues et pantalon amples. Les shorts de surf sont refaits dans une laine de tailleur chic, et les manteaux western sont froissés et sur-teints, comme s’ils sortaient de l’océan. Sans oublier les références à la culture fétichiste et BDSM tout droit sortis d’une scène du film “Cruising” avec Al Pacino (veste en cuir, pantalons chaps etc). Smart.
Depuis ses débuts avec sa marque C.R.E.O.L.E, Vincent Frédéric-Colombo redéfinit et déconstruit avec succès les codes de la masculinité créole, remettant par la même occasion en question les clichés liés à la virilité. Si cette nouvelle collection SS25 baptisée Magma 76 continue sur ce chemin, elle prend aussi un aspect plus historique et sociologique en s’inspirant de l’éruption de 1976 du volcan de La Soufrière. Résultat, la présentation SS25 qui se voit comme une mise en abyme du danger du volcan comprend des vêtements de travail utilitaires avec des silhouettes surdimensionnées exagérées, des broderies anglaises et des références à l’esprit panafricain à travers un aspect queer général. NB : la présence dans le casting de l’acteur porno et activiste iranien The Sharok. Chez le créateur parisien Louis Gabriel Nouchi, connu pour son approche innovante de la mode masculine, on a repoussé une fois de plus les limites de la mode. Réputé pour ses collections d’inspiration littéraire, Nouchi a fait un pas en avant audacieux pour sa ligne SS25, s’appuyant sur un large éventail de sources pour créer une offre sensuelle. Ici, la collection épouse le corps humain, mettant en valeur ses contours et ses courbes d’une manière à la fois provocante et sophistiquée : costumes en soie, robes à empiècements en cuir, tablier orné d’un imprimé ressemblant à des éclaboussures de sang, mailles dotées de fentes audacieuses laissant apercevoir les pectoraux de celui qui les porte… Du LGN tout craché.