2. Grandes maisons et affirmations
Après une deuxième saison de retour à la normale en cette période post-pandémie où les défilés ont pu reprendre de manière physique et en public (on croise les doigts pour que ça continue), les grandes maisons parisiennes en ont profité pour prendre le parti sûr d’affirmer chacune leur identité.
CHANEL
Chez Chanel Virginie Viard a décidé de dédier sa collection au tweed, autant dire la matière ADN de la maison. Du Grand Palais Éphémère tapissé aux couleurs de la rivière Tweed écossaise à un défilé dédié aux Highlands écossais, cette ode au tissu iconique était partout. Les mannequins étaient enveloppés dans des tricots chinés confortables, les costumes étaient amples et surmontés de vestes en molleton, et les vestes de bar étaient stylisées avec des bottes en caoutchouc au-dessus du genou. Une certaine approche décontractée de la silhouette Chanel qui mérite d’être soulignée.
DIOR
Chez Dior, Maria Grazia Chiuri a repris les classiques de la maison (tailleur bar, jupon, robe antique) en leur apportant une touche de modernité grâce à des éléments issus de la culture motorsport. Mariant le passé, le présent et le futur, Chuiri a proposé des costumes parfaitement taillés, des combinaisons fluorescentes prêtes pour un Speed Racer de l’enfer et, plus surprenant encore , des robes en tulle emblématiques du créateur compensées par des épaulettes de quaterback/motobiker. Dans la salle, des peintures grand format accrochées en mode grande galerie du Louvre, représentaient des portraits de femmes du XVIe au XIXe siècle, avec chacune une double paire d’yeux, histoire d’offrir deux visions contradictoires : celle du female gaze (sujet) qui reprend le dessus sur le male gaze (objet). Un penchant féministe auquel Chiuri nous a habitué depuis le début de sa carrière chez Dior.
LOUIS VUITTON
Louis Vuitton a toujours fait de la jeunesse créative une référence. Mais pour ce nouveau défilé, il s’agissait vraiment de la source de toute la collection. Selon le communiqué de presse de la maison, Nicolas Ghesquière a souhaité capter “le moment particulier qui appartient aux années formatrices, celles qui forgent le caractère […] La fugacité et la belle volatilité de l’adolescence ». Du coup, cette idée de nonchalance cool AF est capturée dans des silhouettes andorgynes lâches et amples, presque nostalgiques, comme si on avait choisi des pièces dans une pile de vêtements trouvée par terre sur le sol de la chambre d’une adolescente. Comment ça se traduit ? Par des looks qui associent à la fois maillots de rugby et longues robes, ou cravates de grand-père avec esthétique de jeune working girl ultra-déter, à l’image de la star de Squid Game Hoyeon Jung qui a ouvert le show et de Lous & The Yakuza qui l’a clôturé.
GIVENCHY
Pour sa dernière collection pour la maison Givenchy, Matthew M.Williams a fait ce qu’il sait faire de mieux. À savoir combiner sportswear et savoir-faire pour des silhouettes mi-glam mi-emo qui cette saison se caractérisaient par des graphismes de logo ressemblant à des groupes de métal comme s’ils avaient été éclaboussé sur des pulls molletonnés et des débardeurs. Ceux-ci étaient superposés et/ou assemblés avec de longs vêtements d’extérieur ou encore des crop tops. En se penchant sur les archives de la maison, Williams a aussi réinventé les détails des collections de couture, en ajoutant des perles aux jeans et aux tops ainsi que des colliers surdimensionnés comme accessoires.
LOEWE
« Pousser les choses vers quelque chose qui pourrait être irrationnel », voilà la direction prise par Jonathan Anderson la collection FW22 de Loewe. Le créateur a ainsi présenté une gamme de designs inattendus et fantaisistes, notamment une robe avec une voiture cachée dans l’ourlet (oui, oui), une robe avec des lèvres surdimensionnées au niveau du buste et des ballons pressés sur des robes drapées. Du surréalisme typique à la sauce Loewe qui nous réaffirme une fois de plus que la mode ne doit pas être prise au sérieux.
HERMES
Comme à son habitude, Hermès a présenté une collection qui tournait autour du coeur équestre. Pourquoi changer quand ça marche d’aillleurs ? Sauf que cette saison, la vision équestre d’Hermès est beaucoup plus sexy et jeune qu’il n’y paraît. “C’est techno dans l’esprit : vitesse, sex-appeal, sportivité », décryptait Nadège Vanhee-Cybulski dans les coulisses avant le défilé. Du sex-appeal oui, mais surtout beaucoup de sensualité. La silhouette, centrée sur la taille et les cuisses, entrelace le cuir avec des fils de tricot extensibles, permettant aux vestes, robes moulantes, minijupes et mini-shorts d’épouser tranquillement et sensuellement les courbes du corps des mannequins. Easy.