Sous les traits de Katharine Hamnett, la rage féminine n’a pas non plus pris une ride : la créatrice anglaise et pionnière des “T-shirts à slogans” n’a pas caché sa colère dans une interview accordée à The Guardian en juin dernier, appelant à ne pas baisser les bras et à “rester en colère contre nos politiciens”. Il faut dire que l’année 2024 a été culturellement incarnée par cette thématique : le Brat Summer a littéralement trollé tout le monde. Un raz-de-marée que son initiatrice, Charli XCX a matérialisé dans son clip Guess en featuring avec Billie Eilish par un 4×4 bulldozer écrasant tout sur son passage. Quant à l’attitude affichée, oscillant entre un balek et un chaos total et assumé, elle nous rappelle celle, punk et outrancière, des Riot Grrrls.
Ça tombe bien puisque la “mère” du punk américain féministe, Kathleen Hanna, a publié en mai, son autobiographie “Rebel Girl : My Life as a Feminist Punk”, prouvant que les années ont beau passé, la colère reste intacte. Celle-ci alimente en continu les essais et récits d’autrices militantes comme Sylvia Plath, nourrit des personnages de fiction comme la mère de famille au bout du rouleau de “Nightbitch” de Rachel Yoder (adapté en film avec Amy Adams), lorsqu’elle ne s’affiche pas en gros titre sur la couverture de succès critiques anglophones – “Sex & Rage” le classique d’Eve Babitz sorti en 1979 et traduit en français en 2017 (éd. Seuil), “Burn it Down: Women Writing About Anger” de Lilly Dancyger (Seal Press, 2019) ou encore “The Case for Rage: Why Anger is Essential to Anti-Racist Struggle” de Myisha V. Cherry (Oxford University Press, 2021).