La photographe et artiste sud-africaine Lea Colombo présente « Downwards Evolution », sa deuxième exposition solo, à l’espace 3537, à Paris, jusqu’au 3 novembre. Entre sculptures, photographies et peintures teintées de psychédélisme, l’artiste invite à se connecter au Soi, à l’énergie créatrice de l’univers et à célébrer l’ère de l’illumination.

Son art fait l’effet d’un buvard de LSD, en mieux. Sentiment de plénitude et bien-être intérieur garantis devant les sculptures de jaspe rouge et quartz rose et les installations psychédéliques de Lea Colombo, qui utilise le pouvoir énergétique des pierres et des couleurs pour inviter à un reset global dans le chaos général. Avec « Downwards Evolution », elle explore les symboles, les vibrations des couleurs et les bienfaits des pierres sur les centres énergétiques du corps humain au prisme de son héritage sud-africain, en particulier celui des sangomas, les shamans de l’Afrique australe. Convaincue que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle de l’illumination, l’artiste de 29 ans, appelle à une lecture instinctive de ses oeuvres pour se connecter à l’Être et appréhender l’interconnexion entre l’énergie et la matière, le visible et l’invisible, la terre et le Cosmos. Pour Mixte, Lea Colombo revient sur son parcours et l’illumination à l’origine de « Downwards Evolution », à découvrir jusqu’au 3 novembre à l’espace 3537.

Mixte. Quel est ton parcours et comment est né « Downwards Evolution » ?
Lea Colombo. Je suis née à Cape Town, en Afrique du Sud, en 1993. Je suis d’origine allemande et italienne. Je suis d’abord photographe, j’ai commencé à photographier mes amis et mon entourage très jeune, avant d’en faire mon métier ( Lea a collaboré avec des publications comme « Dazed », « M Le Monde » et des marques comme Versace). Ma première exposition « Colors of my body », présentée l’année dernière à Cape Town puis à Los Angeles, explorait mon travail de photographe à travers des auto-portraits. J’ai décidé de faire une petite pause de la photographie à l’issue de cette expo pour explorer d’autres supports de création comme la sculpture sur pierre. Cette pause m’a permis de mettre en forme des idées, des visions que j’avais en tête mais que je n’avais jamais pu réaliser car faute de temps et d’espace mental suffisants. Comme beaucoup de citadin.es, j’étais prise dans le tourbillon d’une vie à 100 à l’heure, où le temps pour la contemplation et la connexion à soi est trop rare. « Downwards Evolution » explore l’énergie même de la création à travers la connexion à soi et à la conscience. Je mets en commun plusieurs pièces de mon travail : des peintures, des sculptures, des photographies sur plexiglass, etc. et mes différentes sources d’inspiration : ma terre d’origine, l’Afrique du Sud, la nature, les énergies, …

Mixte. Tu utilises des couleurs très vives dans tes oeuvres. Pourquoi ce choix ?
Lea Colombo.  J’utilise les couleurs dans leur dimension énergétique. Les couleurs sont reliées aux 7 centres énergétiques (chakras) présents dans le corps humain. Par exemple, le vert est associé au coeur et à l’amour (anahata) alors que le orange (Swadhisthana) est relié à l’énergie sexuelle et fertile. Nos centres énergétiques fluctuent tout au long de notre vie. Selon la manière dont une couleur en particulier va résonner en nous, cela peut révéler une prédominance ou au contraire, un déséquilibre énergétique. J’accorde beaucoup d’importance à ce travail sur les fréquences vibratoires des couleurs qui amène à tourner le regard à l’intérieur de soi et à « scanner » notre état actuel. Pour ma part, le orange a toujours eu un effet très réconfortant sur moi. Jusqu’à peu, le bleu, ne m’a jamais particulièrement attirée. Je commence maintenant à lui trouver une énergie apaisante et vivifiante.

Mixte. Qu’en est-il de ton travail avec les pierres ?
Lea Colombo.  Au même titre que les couleurs, je travaille avec les fréquences vibratoires et les vertus des pierres. Par exemple, j’ai choisi de sculpter le pendulum (l’une des pièces exposées) dans du quartz rose pour ses vertus apaisantes et modératrices. La taille imposante de cette pièce et l’énergie dégagée par le quartz rose nous amène à faire une pause dans ce monde chaotique où notre quotidien défile sous nos yeux sans parfois même qu’on s’en rende compte. J’aime ce pendulum pour l’énergie d’harmonie qu’elle dégage. Les deux sculptures en jaspe rouge, qui représentent le yin et le yang, le féminin et le masculin, stimulent d’autres vertus, comme l’ancrage, le dynamisme et l’expression de soi. C’est passionnant de voir la manière dont chaque sculpture résonne différemment en chacun. Qui sera attiré.e par le quartz rose ne le sera peut-être pas autant par le jaspe. Là encore, mon travail amène à plonger en Soi, de manière instinctive.

Mixte. Un autre élément est très présent dans tes créations : ton propre corps, nu. Comment conçois-tu la nudité dans l’art et la photographie ? 
Lea Colombo. J’ai commencé à me photographier nue pour mon livre « Colors of my body », dont est issue ma première exposition. C’était une vraie exploration sur la manière d’utiliser les couleurs, les lumières, les formes et c’est le moment où j’ai aussi fait l’expérience d’un véritable voyage intérieur, à travers ces représentations du corps physique. En ce qui concerne la nudité, pour moi ce n’est pas un sujet, je ne vois pas un corps dénudé mais des formes, de la beauté.