MIXTE. Vous avez récemment changé le nom de votre marque, passant de stein à ssstein. Pourquoi ce choix ?
KIICHIRO ASAKAWA. À partir de la saison A/H 2024, j’ai voulu faire évoluer l’identité visuelle car c’était un moment où j’envisageais sérieusement une expansion à l’international. J’ai voulu approfondir et diffuser davantage l’expression qui m’est chère : une force et une beauté qui émanent d’un calme solennel, une esthétique minimaliste et élégante. C’est dans cet esprit que j’ai opéré cette transition. Cela dit, cela ne marque pas un changement majeur dans mon approche ou ma vision de la marque. À l’origine, le nom “stein” vient simplement de mon admiration pour certains noms allemands comme Einstein ou Liechtenstein. En Allemagne, de nombreux noms de famille se terminent par “stein”, ce qui évoque souvent un lien avec l’héritage ou les origines (en allemand médiéval, les noms de famille sont souvent liés à la géographie où la personne vivait, à son métier ou un objet symbolique. “Stein” signifie littéralement “pierre” et par extension, le rocher, la forteresse ou la montagne, un élément important dans le monde médiéval germanique qui est aussi symbole de force ou de durabilité, ndlr). D’une certaine manière, j’aimerais que mes vêtements procurent ce même sentiment : quelque chose de précieux et profondément personnel, qui reflète l’identité unique de chaque personne qui les porte.
M. Quel est votre processus créatif ? Comment se matérialise-t-il à travers votre vision ?
K.A. Je m’attache à explorer chaque élément, chaque approche et chaque méthode d’expression en profondeur, jusqu’à atteindre un résultat qui me semble véritablement beau. Il ne s’agit pas de me contenter d’un “ça pourrait aller”, mais de poursuivre sans compromis jusqu’à ce que j’obtienne un “c’est exactement ça”. J’accorde une grande importance au fait de toujours aller au bout de mon idéal, sans céder à la facilité, et de donner chaque jour le meilleur de moi-même. C’est en cumulant jour après jour ces exigences de pureté, de qualité et de précision dans chaque tâche et chaque projet que mon regard sur la beauté évolue. En cultivant cette attention quotidienne, j’affine ma perception des nuances et des différences, aussi infimes soient-elles. C’est cette accumulation d’infimes détails qui donne naissance à une esthétique à la fois épurée, silencieuse mais empreinte de force et d’émotion.
M. Cette vision est très rigoureuse et technique. La nourrissez-vous de références, ou de sources d’inspirations qui viennent d’autres disciplines (artistiques, musicales, etc.) ?
K.A. Mes inspirations sont extrêmement variées : paysages, vêtements portés par les passants, livres de photographie, films, musique, mobilier, architecture… J’essaie de toujours garder un regard neutre et réceptif pour pouvoir capter spontanément ce qui me semble beau, fort ou simplement intéressant. Ces innombrables fragments de beauté finissent par s’assembler et prendre forme dans mes créations. Parmi les sources qui me marquent particulièrement, j’aime beaucoup les livres de photographie des années 90 et du début des années 2000. Quand je me sens bloqué ou que j’ai besoin de retrouver une vision plus pure, je les feuillette régulièrement.