Jusqu’au 28 août 2023, la Fondation Louis Vuitton revient dans une exposition sur la collaboration fructueuse entre Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat. Un regard croisé riche et inédit permettant de dresser un portrait unique de l’effervescence artistique et du climat social et politique du New-York des années 1980.

Y a-t-il encore quelque chose à découvrir sur la collaboration du milieu des années 1980 entre Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, ces deux icônes de l’art et de la pop culture ? Certainement puisque Dieter Buchhart, le co-commissaire de l’exposition “Basquiat x Warhol : Peinture à quatre mains” à la Fondation Louis Vuitton à Paris, affirme que les recherches entreprises pour l’exposition ont révélé que le couple a commencé à collaborer bien plus tôt qu’on ne le pensait.

Basquiat aurait en fait rencontré Warhol pour la première fois en 1979 lorsque le jeune artiste a tenté de vendre au maître du Pop Art certaines de ses cartes postales. Le couple s’est rencontré plus formellement en 1982 lorsque Bruno Bischofberger, le marchand d’art représentant les deux artistes, a emmené Basquiat au studio Warhol’s Factory à Manhattan pour une séance photo. C’est là que l’amitié entre les deux artistes est née, donnant naissance à environ 160 œuvres communes entre 1983 et 1985. De cette collaboration, La fondation Louis Vuitton expose 80 peintures créées et signées conjointement par les deux artistes.

“Dos Cabezas” (1982), Jean Michel Basquiat X Andy Warhol.

L’expo présente notamment des oeuvres telles que “Felix the Cat” (1984-85) et “Ten Punching Bags (Last Supper)” (1985-86), qui n’ont jamais été exposées auparavant dans une exposition commune et qui illustrent parfaitement le travail commun entre les deux artistes : sur chacun de ces “sacs de frappe”, Warhol a peint un portrait du Christ à partir d’une reproduction de “La Cène” de Léonard de Vinci. Et au-dessus de ceux-ci, Basquiat a écrit à plusieurs reprises le mot “juge” et a ajouté son symbole emblématique de la couronne. (Re)voir ces œuvres exposées est une manière aujourd’hui de rappeler aux spectateurs l’engagement politique des deux artistes. En effet, les historiens de l’art rattachent généralement aujourd’hui le tableau “Ten Punching Bags (Last Supper)” à l’atmosphère agressive et tragique ressentie par toute une communauté lors de l’assassinat du graffeur Michael Stewart, très proche de Basquiat.

“Ten Punching Bags (Last Supper)” (1985-86), Jean Michel Basquiat X Andy Warhol.

L’œuvre “China Paramount“ (1984) quant à elle reflète les différentes visions du monde des deux hommes. Warhol a inséré dans le tableau des profils du président américain de l’époque, Ronald Reagan, connu pour avoir promu le développement acharné d’une économie de marché libre. Basquiat y a répondu en juxtaposant les têtes de Reagan avec des têtes de mort noires, qui à leur tour exposaient l’utopie du progrès et de la croissance économique dont la population afro-américaine en particulier semblait encore exclue dans les années 1980. Sans oublier non plus à cette époque l’ombre planante de la crise sanitaire, sociale et politique provoquée par l’épidémie de Sida. Colorés et monumentaux, ces tableaux permettent de retransmettre l’ambiance et les tendances new-yorkaises des années 1980, ainsi que les préoccupations des deux artistes, forcément tourmentés par les questions liées à la religion, aux violences, au racisme ou la représentation des corps.

“China Paramount” (1984), Jean-Michel Basquiat X Andy Warhol. 

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