Archie Alled-Martinez est ce qu’on peut appeler un phénomène, et pas « de mode », pour le coup, car il est visiblement bien parti pour durer. Diplômé de la Central Saint Martins en février 2018, il arrache le prix LVMH dans la foulée et s’assure une place de designer junior chez Givenchy, sous la direction de Clare Waight Keller, où il se spécialise dans la maille. Archie aurait pu couler des jours heureux au sein de la maison parisienne à filer de la laine dans une position confortable, si il n’était pas animé par le goût du challenge. Un an plus tard, en 2019, il décide de faire le saut de l’ange en lançant sa propre marque éponyme, Alled-Martinez. Pari réussi pour le créateur barcelonais, dont le denim tricoté tape droit dans l’oeil d’Harry Styles – oui, cet inoubliable ensemble chemise et jean pailleté en maille, c’était l’oeuvre d’Archie – et qui intègre directement le calendrier officiel de Fashion Week homme de Paris. Avec cette collaboration avec la maison Karl Lagerfeld, Archie Alled-Martinez poursuit son ascension folle et confirme sa place sur la scène mode parisienne. La collection présente une quinzaine de looks à l’influence Y2K et résolument gender fluide car, tout comme son homologue espagnol Arturo Obegero, Archie propose un vestiaire non-genré avec une perspective queer. « Le fin de la séparation des genres est indéniable, au moins pour les jeunes générations ». ¡Amén!
M. Qui était Karl Lagerfeld pour vous ? Comment avez-vous commencé à travailler pour la marque ?
A.A-M. Karl est quelqu’un que j’ai toujours admiré. En tant que jeune créateur, sa personnalité, ses créations pour Chanel et pour sa marque éponyme m’ont beaucoup inspiré. Cette collaboration a débuté lorsque Carine Roitfeld – consultante pour la marque Karl Lagerfeld, ndlr- m’a scouté (si on peut dire ça comme ça !) lors du prix LVMH. Elle m’a proposé cette opportunité il y a 1 an, sur le coup, je n’en revenais pas. Voilà comment tout a commencé !
M. Quel type de collection vouliez-vous créer ? Quelles ont été vos influences et références ? Comment êtes vous parvenu à associer votre style à l’héritage de Karl ?
A.A-M. La seule recommandation de la marque était de faire une collection genderless. Quand j’ai pris connaissance du brief, j’ai tout de suite su piocher dans le répertoire fin années 90 et début 2000. La silhouette androgyne – maintenant on dirait « gender fluid » ou « gender less », était partout. C’est aussi à cette période que j’ai découvert Karl et sa personnalité. C’était l’icône mode de ces années-là, tout comme Carine (Roitfled). La maison Karl Lagerfeld m’a donné beaucoup de liberté pour réaliser cette collection, ce qui m’a permis d’être très créatif et d’y prendre beaucoup de plaisir.