Les marques de mode peuvent-elles pallier aux manquements des institutions ?
Durant les deux dernières années, de plus en plus d’entreprises privées, y compris les marques de mode, ont pris fermement position pour des causes sociales comme le racisme, la protection des droits de la communauté LGBTQIA+, la gestion de la crise du Covid 19 ou encore la guerre en Ukraine. Cette année, plus de 1000 entreprises américaines ont décidé de couper les ponts avec la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine par Poutine en février. Selon une étude menée par Just Capital fin 2021, 63% des américains estiment que les CEOs des grandes entreprises doivent prendre position sur les sujets de société comme le droit à l’avortement. Avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Twitter et Instagram, les marques sont plus que jamais observées et jugées par les utilisateur.trices, d’autant plus quand elles sont propriétés de grands groupes de luxe avec des chiffres d’affaires de plusieurs milliards d’euros… Si le spectre du socialwashing n’est jamais loin quand les marques de mode s’emparent d’une problématique sociétale – d’autant plus vrai que le mois des fiertés touche à sa fin – les marques sont attendues par les consommateurs sur le terrain des luttes sociales. Ces statements de la part des marques de mode sont révélateurs des manquements de la part des institutions mais aussi d’une inquiétude générale venant des citoyen.es (qui ne sont pas que des consommateur.trices, c’est bon de le rappeler) quant à la préservation de leurs droits et de leurs libertés. Si les politiques d’entreprises ont la prétention de pouvoir pallier très ponctuellement aux politiques de santé publique, cela n’est certainement pas envisageable à long terme. En admettant que les salariées de Balanciaga, Levi’s, etc. soient « protégés » un temps par leurs employeurs, qu’en est-il des millions d’autres femmes souhaitant mettre un terme à une grossesse non désirée livrées à elles-mêmes ? Les actions des marques en faveur du droit à l’IVG – et pour tout autre cause sociale – ne doivent pas constituer une solution en soi, sinon un levier pour attirer l’attention de tous.tes, y compris et surtout celle des dirigeant.es politiques, sur les combats à mener pour la préservation des droits des libertés.