Mais le maître de cérémonie du Cabaret de Poussière tient tout de même à nuancer l’idéalisation du spectacle vivant post-Covid : “Dans l’ensemble, dans tous les secteurs du spectacle vivant, le public n’est pas revenu au niveau d’avant la pandémie. C’est typiquement français que de se gargariser de l’idée qu’on se serait précipité en masse dans les lieux de fêtes et de culture au déconfinement.” C’est aussi la précarité qui explique pourquoi les artistes circulent autant de scène en scène, où ils sont bien souvent en charge de leur propre maquillage, coiffure, texte, etc. Comme le soulignait récemment Les Échos, les cabarets ne bénéficient pas du crédit d’impôt spectacle, contrairement au théâtre, à la musique, à l’humour ou au cirque. Ils ne sont pas éligibles au pass Culture non plus, ce qui en dit long sur la perception qu’en a le gouvernement français, quand bien même des institutions comme le Moulin Rouge, le Lido, le Crazy Horse, Le Chat Noir, ou encore les Folies Bergères comptent dans l’image du pays à l’international. Si même les grosses machines peinent à maintenir un équilibre financier, les plus petites structures rusent pour s’y retrouver, notamment par l’autogestion : “Depuis une bonne dizaine d’années, on constate une reprise de pouvoir de la part des artistes sur la création de cabaret. On se rend compte que c’est nous qui avons les moyens de production. On est la matière première et les premiers ouvriers”, résume Martin Dust. Clara Brajtman constate en effet une multiplication de petites scènes extrêmement créatives : “C’est réjouissant de voir des collectifs comme La Flaque ou encore La SCEP (Société communautaire des Effeuilleurs parisiens). L’effervescence est évidente ! Plus les cabarets foisonnent, plus ça peut faire vivre d’artistes !”