Il a accueilli la récompense hier soir vers 20h, heure française, avec un grand “putain !” chargé d’émotion. Il ne l’avait pas caché, décrocher ce Grand Prix et la dotation de 300 000€ “donnerait un bel accélérateur” à LGN, la marque qui porte son propre nom qu’il a fondée en 2017 avec Pauline Duval, la directrice générale du groupe immobilier Duval. L’ANDAM, initiative lancée en 1989 avec le soutien du Ministère de la Culture, donne “aux jeunes marques un soutien financier important et un programme d’accompagnement global et transversal nécessaire à la structuration et au développement de leur entreprise”, selon les mots de sa fondatrice, Nathalie Dufour. À Mixte, on a le pressentiment que ce créateur, qui en impose autant par sa moustache que par son talent, est bien partie pour durer dans l’industrie de la mode. Histoire de cerner un peu mieux le personnage, Mixte revient sur 5 Key Facts à connaître sur monsieur Nouchi.
1. C’est un “intello” de la mode
Après des études de médecine et de droit à La Sorbonne, il décide d’étudier la mode à l’école de mode public La Cambre, en Belgique, dont il sort diplômé en 2014. “N’ayez pas peur de faire des choses moches, vous ferez des chemises et t-shirts toute votre vie : cette phrase m’est restée en tête. J’ai eu la chance de faire une école gratuite et exigeante, invitant les étudiants à l’expérimentation et la recherche”, explique-t’il. Il commence sa carrière à Vogue Paris, puis chez le créateur Raf Simons pour qui il a travaillé comme styliste en stage puis en CDD. “C’était la meilleure école du monde. Raf Simons possède une vision. Lui et son équipe m’ont aidé tout au long de mes débuts et m’ont fourni du tissu pour ma collection de fin d’année.” Cette formation se complète par un passage en Italie, permettant au créateur de s’immerger dans les usines locales pour apprendre la technique.
2. C’est un lecteur passioné
“J’aime rendre la lecture moderne et sexy à travers la mode”, explique le créateur. On l’avait bien compris avec sa collection automne-hiver 2022-23, inspirée par « American Psycho » de Bret Easton Ellis. Personnage suscitant à la fois le rejet et une certaine fascination masochiste, le héros du livre permettait à Nouchi de questionner les liens entre violence, réussite et patriarcat dans la société contemporaine. “Je souhaitais conjurer la masculinité toxique et ses effets – en particulier envers la communauté queer. J’ai donc repris et twisté le vestiaire de ce Yuppie misogyne et homophobe. Les costumes sont à la limite du féminin. Cela montre que dans le vêtement tout compte, la coupe, une hauteur de manche, et peut permettre de changer le sens d’une tenue”, expliquait-il lors de la présentation de la collection. Son défilé printemps-été 2024, présenté à l’occasion de la FW Homme parisienne, en hommage au roman de Christopher Isherwood “A single man”, écrit en 1964, ne fait que confirmer le talent de Nouchi pour transférer les émotions suscitées par un chef d’oeuvre de la littérature sur des vêtements.