Le Parisien de 35 ans a remporté hier soir le Grand Prix de l’ANDAM, succédant à Martin Margiela, Anthony Vaccarello, AMI ou encore Botter. Une récompense prestigieuse qui vient confirmer que Louis-Gabriel Nouchi est bien parti pour bâtir un empire avec son vestiaire pointu et sa vision de la mode engagée.

Il a accueilli la récompense hier soir vers 20h, heure française, avec un grand “putain !” chargé d’émotion. Il ne l’avait pas caché, décrocher ce Grand Prix et la dotation de 300 000€  “donnerait un bel accélérateur” à LGN, la marque qui porte son propre nom qu’il a fondée en 2017 avec Pauline Duval, la directrice générale du groupe immobilier Duval. L’ANDAM, initiative lancée en 1989 avec le soutien du Ministère de la Culture, donne “aux jeunes marques un soutien financier important et un programme d’accompagnement global et transversal nécessaire à la structuration et au développement de leur entreprise”, selon les mots de sa fondatrice, Nathalie Dufour. À Mixte, on a le pressentiment que ce créateur, qui en impose autant par sa moustache que par son talent, est bien partie pour durer dans l’industrie de la mode. Histoire de cerner un peu mieux le personnage, Mixte revient sur 5 Key Facts à connaître sur monsieur Nouchi.

Portrait de Louis Gabriel Nouchi.
1. C’est un “intello” de la mode

 

Après des études de médecine et de droit à La Sorbonne, il décide d’étudier la mode à l’école de mode public La Cambre, en Belgique, dont il sort diplômé en 2014. “N’ayez pas peur de faire des choses moches, vous ferez des chemises et t-shirts toute votre vie : cette phrase m’est restée en tête. J’ai eu la chance de faire une école gratuite et exigeante, invitant les étudiants à l’expérimentation et la recherche”, explique-t’il. Il commence sa carrière à Vogue Paris, puis chez le créateur Raf Simons pour qui il a travaillé comme styliste en stage puis en CDD. “C’était la meilleure école du monde. Raf Simons possède une vision. Lui et son équipe m’ont aidé tout au long de mes débuts et m’ont fourni du tissu pour ma collection de fin d’année.” Cette formation se complète par un passage en Italie, permettant au créateur de s’immerger dans les usines locales pour apprendre la technique.

2. C’est un lecteur passioné

 

“J’aime rendre la lecture moderne et sexy à travers la mode”, explique le créateur. On l’avait bien compris avec sa collection automne-hiver 2022-23, inspirée par « American Psycho » de Bret Easton Ellis. Personnage suscitant à la fois le rejet et une certaine fascination masochiste, le héros du livre permettait à Nouchi de questionner les liens entre violence, réussite et patriarcat dans la société contemporaine. “Je souhaitais conjurer la masculinité toxique et ses effets – en particulier envers la communauté queer. J’ai donc repris et twisté le vestiaire de ce Yuppie misogyne et homophobe. Les costumes sont à la limite du féminin. Cela montre que dans le vêtement tout compte, la coupe, une hauteur de manche, et peut permettre de changer le sens d’une tenue”, expliquait-il lors de la présentation de la collection. Son défilé printemps-été 2024, présenté à l’occasion de la FW Homme parisienne, en hommage au roman de Christopher Isherwood “A single man”, écrit en 1964, ne fait que confirmer le talent de Nouchi pour transférer les émotions suscitées par un chef d’oeuvre de la littérature sur des vêtements.

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3. Il questionne les codes de la masculinté

 

Avec ses créations mêlant le tailoring classique et la contre-culture grunge portées lors de ses présentations par un casting ultra-diversifié, en termes d’âges comme de morphologies, Louis-Gabriel Nouchi bouscule les codes de la masculinité. Petits, grands, minces, bedonnant, poilus, imberbes… le créateur recrute ses muses dans la rue et sur Instagram. Tous les corps, toutes les masculinités ont le droit de passage sur son catwalk.. Printemps-été 2023, alors qu’il célébrait une masculinité sexuelle et torride à coups de silhouettes huilées et dénudées, il nous propose une toute autre poésie avec son défilé printemps-été 2024, en faisant défiler des hommes en pleurs. Louis-Gabriel Nouchi nous ferait-il passer un message ? La masculinité est multiple et se réinvente autant de fois qu’il y a de saisons.

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4. Il collectionne les trophées

 

On s’enjaille beaucoup sur ce Grand Prix de l’ANDAM, mais avant cela Louis-Gabriel Nouchi avait également remporté la dotation Galeries Lafayette ainsi que le prix Camper et le prix du Palais de Tokyo lors du festival de mode d’Hyères en 2014. Il s’agirait de ne pas trop s’habituer aux statuettes qui brillent monsieur…

5. Il est engagé pour une mode éco-responsable

 

En 2020, le créateur a lancé la ligne Re-lecture au sein de LGN. Dans une approche upcycling, il proposait d’apporter un nouveau regard à des pièces issues de ses anciennes collections en les retravaillant avec de nouvelles teintures. « Nos pièces sont de suffisamment bonne qualité pour pouvoir supporter des traitements supplémentaires », expliquait alors le créateur. « Les pièces sélectionnées ont d’abord été teintes en noir puis, grâce à une technique spéciale à la main, décolorées soit sur le bas soit sur le haut de la pièce ». Son circuit de production court incarne sa volonté d’inscrire les collections dans une logique durable : quelques kilomètres séparent l’atelier maison Simone à Paris où les pièces sont teintes, délavées, surteintes, et l’atelier de Pantin où elles sont finies. La ligne Re-lecture est reconduite chaque saison. Fin 2021, il a également réalisé une collaboration manifeste avec la marque française Kaporal, pour une collection entièrement upcyclée en denim, témoignant ainsi de son engagement en faveur d’une mode plus durable et responsable.

LGN X Kaporal