M. Quel rapport as-tu avec François Civil ? Est-ce un grand frère ?
M. F. On s’est retrouvés à devoir partager un personnage. Même lui le disait, c’est quelque chose d’assez rare, d’assez intime aussi. François a été là pour moi avec une bienveillance extrême, et je sais qu’il sera toujours là. C’est quelqu’un qui donne envie de se pousser à essayer de devenir encore meilleur.
M. Avez-vous pu préparer le personnage ensemble ?
M. F. Il n’y a pas eu de répétitions en commun ou de choses comme ça. J’ai joué en partant de ma propre inspiration par rapport au personnage. Je ne voulais pas m’appuyer sur ce qui allait se passer dans le futur. De son côté, c’est différent. On a passé deux semaines ensemble à Marseille lors des répétitions pour la danse avec le collectif La Horde. François a alors eu un œil sur moi, sur certains gestes. Mais il y a une fissure tellement énorme à la moitié du film que ça permet d’exploiter deux personnages différents.
M. Et Gilles Lellouche, le considères-tu comme une figure paternelle ?
M. F. Il a été le premier à me faire confiance, le premier à me donner ma chance. Avant, j’avais eu de petites expériences, mais rien de comparable. Quand je suis arrivé sur ce casting, on était un nombre incalculable. Pourtant, je pensais ne faire que cinq jours de tournage à la base. Par bienveillance, la directrice de casting (Elsa Pharaon, ndlr) avait laissé entendre que c’était un personnage assez secondaire, que c’était pour des scènes de flashback. L’annonce disait : “Cherche adolescents et adolescentes de fort caractère”, avec un cœur au milieu de l’affiche. C’est tout. Au bout de six mois de casting, on commence à se dire que c’est peut-être plus important qu’on le pense, parce que le processus est rude pour un rôle secondaire. Et Gilles, donc, au bout de ce chemin, m’a fait confiance comme personne. Quand on réalise un film à 40 millions et qu’on met la moitié sur quelqu’un qui vient de nulle part et n’a presque jamais tourné… Ça m’émeut encore aujourd’hui de savoir qu’il a pris ce risque parce qu’il croyait en moi.
M. Tu écumais les castings depuis longtemps ?
M. F. Oui, j’ai fait deux, trois ans de castings. Et ce n’était que des téléfilms. Mais ce casting-là était différent, rien qu’au niveau des “self-tapes” : on nous envoie une scène et on nous demande de la faire en vidéo avant de nous faire venir. Il n’y avait pas de scène de jeu, on devait juste répondre à des questions, et à la fin il fallait choisir une musique, faire ce qu’on voulait dessus. Je me suis filmé dehors, en train de hurler sous la pluie sur un remix de Bach, je trouvais ça assez original. Mais oui, j’ai eu le sentiment de galérer. Après, évidemment, j’ai rencontré d’autres acteur·rice·s qui galèrent depuis dix ans et qui aujourd’hui encore passent chaque semaine des castings, sans résultat. Et pourtant, ce sont des gens talentueux.