Mixte Magazine

1. Les cadors italiens

PRADA
Miuccia Prada et Raf Simons (aka “Papa et Maman” pour tou·te·s les fashion kids qui se respectent) ont encore frappé avec une collection maîtrisée pénsée pour réévaluer les archétypes traditionnels de la mode masculine grâce à des silhouettes nettes et vivifiantes. Baptisée “Closer”, la collection mélange le réel et l’imaginaire, en s’interrogeant sur notre perception du temps et les objets qui définissent notre quotidien (reminder : si c’est pas un brin intello c’est pas Prada). Résultat, la collection comporte des détails qu’on ne voie que de près : ourlets pliés, passants de ceinture standard remplacés par des bouton, trench-coats avec des cols à armatures, vestes de travail ultra-courtes, hoodies en cuir lisse. Sans oublier les tricots aux couleurs vives aux découpes triangulaires imitant le logo emblématique de la maison italienne. Avec Prada, le summer 2025 sera on fleek.

GUCCI
Pour le printemps-été 2025, Gucci nous vend l’aisance et la liberté. Celles qui permettent de quitter les rues animées de la ville pour se retrouver au bord de l’eau, sur des rivages qui nous rendent enfin la sensation de plein air. Ainsi, la maison italienne passe de la ville à la plage dans plusieurs looks transitionnels : pardessus en cuir immaculé, hauts minimalistes, polos en filet, workwear à cols en velours côtelé, chemises à gros imprimés colorés ou fleurs à paillettes. “Je me sens libre lorsqu’il n’y a pas de distance entre mes paroles et mes pensées, entre mes actions et mon cœur. J’espère que les gens se sentiront libres et accueillis dans mes vêtements”, a déclaré Sabato de Sarno à propos de la collection. Qu’on le prenne au mot.

FENDI
Quand on ne sait pas trop où on va, on a tendance à regarder dans le passé, en espérant que cela puisse nous donner une direction à suivre. C’est ce qu’a fait la créatrice Silvia Venturini Fendi en choisissant de rendre hommage aux codes de Fendi et ce en revisitant et modernisant sa toute première collection de vêtements pour hommes datant de 1990.
Du coup, on a vu des trenchs décontractés et des pantalons à carreaux, des t-shirts décontractés, des coupe-vent courts et des costumes croisés aux bases luxueuses. Sans oublier les références plus académiques avec des pulls à col en V associés à des cravates à motifs et des casquettes siglées d’un “F”. Silvia n’en oublie une certaine fantaisie avec des chemises asymétriques aux manches manquantes, des cardigans à carreaux et rayures teintées. NB : le maillot de football Fendi en bleu marine et or, idéal pour célébrer l’Euro (et si vous ne supportez pas gli Azurri, ça marche aussi pour les Bleus).

2. SOUS LA BOTTE, LE FUN

La mode italienne, ce n’est pas que du costard de gentleman lombard ou toscan prêt à faire un caméo dans un épisode de The White Lotus. C’est aussi du fun, de l’absurde et du surréalisme. La preuve avec Moschino bien sûr et son créateur Adrian Appiolaza qui a donné une tournure décalée à cet événement bien trop sérieux qu’est la mode. Baptisée, “Lost and Found”, la collection de Moschino était un reflet ludique des citoyens ordinaires qui voyagent de la ville au bureau, aux pizzerias et aux matchs de football, le tout en brisant les règles des uniformes quotidiens traditionnels : costume à multiples poches (pour transporter des porte-clés, des stylos, des téléphones, des cartes de crédit etc), un ensemble pyjama imprimé oeuf au plat ou encore un manteau comme passé à la déchiqueteuse à papier.

Dans la même mouvance, on a aussi eu droit au show de Simon Cracker. Fondée en 2010 par Simone Botte, directeur artistique et styliste passionné par les vêtements oubliés et les tissus invendus, la marque a connu un renouveau avec l’arrivée à sa tête de Filippo L.M. Biraghi, journaliste et professeur de culture de la mode. Ici la collection SS25 est une dédicace poignante aux enfants qui ont souffert sous des principes rigides, reflétant, à travers des jeux de matières, d’assemblage et de silhouettes ludiques, la détermination de Simon Cracker à imprégner les vêtements d’histoires et de valeurs éthiques au-delà de la simple esthétique. Enfin, concernant le fun italien version SS25, on peut aussi citer MSGM qui cette saison a fait défiler des mannequins avec des petits chapeaux en papier (version cocotte en papier), des tricots et tops à géométrie illustrative et destructurée ou encore des chemises à rayures inégales etc.

3. Les britanniques à milan

JW Anderson
Le créateur irlandais remet le couvert et a présenté sa collection Homme à Milan. Connu pour ses inspirations conceptuelles voire philosophiques, cette saison il convoque “le vêtement irrationnel” et donne sens à la démesure avec des proportions exagérées, des coupes gonflées à bloc et même un pull estampillé Guinness, en big up à ses racines.

MARTINE ROSE
Réveiller la mode italienne parfois un peu trop conventionnelle, c’est la mission que Martine Rose s’est donnée : “Je veux qu’il y ait un peu de désordre. Je veux aller un peu à l’encontre des attentes d’un défilé à Milan.”, a commenté la créatrice anglo-jamaïcaine qui a proposé une collection à son image : street, mixte, variée. Certains mannequins portaient de faux nez pour interroger les limites de la beauté.

JORDAN LUCA
Le duo créatif anglo-italien formé par Jordan B et Luca a une fois de plus mis un coup de boost à une semaine de la mode italienne parfois trop bien taillée pour surprendre. Crêtes, cols pointus, tweed, lèvres noires… l’esprit british punk est bel et bien le filon de la marque devenue indispensable dans le paysage calme des fashion weeks milanaises.

DAVID KOMA
Transparence, boas en plumes, cardigans… Un peu de douceur qui tranche avec les couleurs franches et les coupes bien taillées de David Koma, styliste géorgien installé à Londres qui ajoute son nom à la longue liste de créateurs britanniques qui trustent depuis plusieurs saisons la Fashion Week milanaise.

4. Le classicisme transalpin

Et si le costume était inhérent à la condition mode de l’homme ? C’est ce que semble scander les maisons italiennes à coups de tailoring réinventé avec des vestes sans col chez Emporio Armani, du pastel chez Bruno Cucinelli, des imprimés chamarrés chez Zegna et des matières ultra fluides chez Magliano. Classicisme is the new quiet luxury ?