Puissance et power-dressing
Dès le xiie siècle, c’est la marque du prestige, celle des riches et des puissants. Michel Pastoureau affirme qu’elle reste “la plus riche du point de vue matériel, social, artistique, onirique et symbolique. Admiré des Grecs et des Romains, le rouge est dans l’Antiquité symbole de puissance, de richesse et de majesté.” Que ce soient les nobles, les cardinaux ou, à une certaine époque, le pape, ce coloris est “la référence de la notabilité, de la respectabilité, commente Vincent Grégoire, directeur de création de l’agence de tendances NellyRodi. C’est resté la couleur du luxe, de la beauté, de la préciosité, les semelles rouges de Louis XIV avant celles de Louboutin.” Ce serait donc aussi le symbole d’une réussite sociale sur fond de capitalisme. Alors que son destin de prostituée est en train de virer au conte de fées, Vivian, l’héroïne de Pretty Woman interprétée par Julia Roberts, revêt une robe carmin pour accompagner à l’opéra son client qui lui offre pour l’occasion une rivière de diamants et de rubis. Aujourd’hui, mieux que la robe de gala – ce n’est pas donné à tout le monde de fouler le tapis rouge, puisqu’il est initialement réservé aux dieux·déesses et à l’élite –, les créateur·rice·s revisitent le “rouge pouvoir” à travers le workwear. De longs manteaux aux épaules carrées chez Valentino et Alberta Ferretti, des costumes aux coupes structurées comme chez Ferragamo et Stella McCartney, et du satin à épaulettes eighties comme vu chez Balmain et David Koma, le “power red” s’impose dans des lignes franches et des volumes augmentés. Bitch, you better have a red suit.