M. C’est une chanson très dure sur les liens familiaux. D’où vient-elle ?
M.B. Le père de mon ex était un homme psychologiquement très violent. Mon mec allait bien et soudain son père l’appelait au téléphone pour lui balancer “Je vais me suicider !”. Un jour, cet homme a eu un accident qui lui a laissé des séquelles au cerveau. Mon mec expliquait que, d’une certaine manière, son frère, sa mère et lui avaient vécu cela comme une forme de revanche. La chanson parle de cela. De la relation malsaine qu’on peut entretenir avec un parent. Sans vraiment pouvoir lui échapper… Je crois que c’est la première chanson où je chante réellement. Je disais à mon producteur “Vas-y. Donne-moi le traitement Britney Spears !” (iel explose de rire)
M. C’est quoi le “traitement Britney Spears” ?!
M.B. Disons qu’on a trouvé un filtre qui permet à ma voix de s’élever un peu plus qu’elle ne peut le faire. C’est la chanson la plus honnête que j’ai jamais écrite…
M. Quand tu es arrivé·e sur la scène, tous les médias te rangaient dans des listes des “nouveaux rappeurs et rappeuses LGBTQ”. Aujourd’hui, des artistes noir·e·s et ouvertement queers comme Lil Nas X remplissent des arénas. Tu te sens une filiation avec eux ?
M.B. Culturellement, je vois bien qu’on a beaucoup accéléré. À l’époque, j’abordais des sujets politiques extrêmement tabous et je me sentais seul·e. Je n’éprouve aucune rancune mais quand j’observe des artistes comme Lil Nas X ou Frank Ocean, je me dis que je leur ai ouvert la voie, oui. Je ne pense pas les avoir influencés musicalement. Mais sur l’accès à l’espace public et à la célébrité, je leur ai ouvert des portes, oui. Lil Nas est une popstar.