Blouse à encolure bardot en coton stretch, Jupe en taffetas de soie, Bottes en cuir souple Dior,
Collier « Rose des Vents » en or jaune, rose et blanc, diamants, malachite, lapis lazuli, œil-de-tigre,
cornaline, opale rose, turquoise et onyx Dior Joaillerie.

Tout le monde se l’arrache. Pourtant, rien ne prédestinait Nadia Tereszkiewicz, ex-danseuse passionnée de littérature, et tout juste lauréate du César du meilleur espoir féminin, à devenir la nouvelle obsession du cinema français. Actuellement à l’affiche de “Mon Crime” de François Ozon, elle revient avec nous sur un début de carrière florissante.

Avant l’interview, Nadia Tereszkiewicz nous prévient, elle est “un peu à l’ouest en ce moment”. D’ailleurs, elle s’est pointée à notre interview avec une heure d’avance. La tête lui tourne, entre les rôles qui lui collent encore à la peau, la promotion de “Mon Crime”, le nouveau film de François Ozon actuellement en salle et dont elle a le premier rôle, et sa sélection pour les Révélations aux César. De quoi être déboussolée, effectivement. Même si elle a déjà tourné une douzaine de films, traversé les séries Dix pour cent, Possessions ou tiré son épingle du jeu dans Seules les bêtes face à Denis Ménochet et Laure Calamy, c’est maintenant que l’actrice de 26 ans explose. Elle vient de tout cramer à l’écran dans Les Amandiers où elle revisitait la jeunesse de Valeria Bruni-Tedeschi avant de se glisser dans le prochain film du réalisateur de 120 Battements par minute, Robin Campillo. On l’appelle de partout. On la veut. Pour son jeu entier, son feu, sa beauté nordique (une mère finlandaise, un père d’origine polonaise), son regard anthracite, sa rigueur acquise après des années de pratique de danse classique. Mais par-dessus tout, ce qu’on admire chez elle, c’est sa capacité à se jeter sans filet dans des rôles exigeants. Acrobate ou casse-cou, Nadia sait lâcher des cordes pour en attraper d’autres.

MIXTE. Plus jeune, tu ne te destinais pas à la comédie mais à la danse. Qu’est-ce qui t’a fait bifurquer ?
NADIA TERESZKIEWICZ. La danse classique exige une rigueur et une technique extrêmes. Il ne suffit pas d’être bonne ni même excellente. À 15 ans, si tu n’as pas de contrat, t’es déjà trop vieille ! Je ne m’y épanouissais pas, et c’était trop de sacrifices. Et puis, j’étais passionnée de littérature, alors me retrouver dans un studio de 7 heures à 22 heures… J’ai commencé à loucher sur les études de Lettres.

M. As-tu eu la sensation d’être privée d’adolescence ?
N. T. D’une certaine façon, oui. Même si c’était une période magnifique. À 14 ans, je traversais l’Europe seule pour passer des auditions. Très tôt, il a fallu que j’apprenne à me débrouiller. Mais je crois que je suis passée à côté de pas mal de choses. Mes premières amours étaient hyper tardives. Il a fallu attendre que j’arrive à Paris, à 18 ans. Quand j’ai découvert la vie parisienne, j’étais frénétique. J’allais danser en boîte presque tous les soirs. Mais je ne regrette rien. La danse m’a légué un énorme bagage émotionnel.

M. Plus jeune, tu avais déjà des rêves de cinéma ?
N. T. Non. Mon père me montrait beaucoup de films, mais j’étais un peu une cinéphile forcée. On n’avait pas la télé. Tu vois le genre de famille ? (Rires) On regardait les Billy Wilder, les Hitchcock, le cinéma italien… Mais ça ne venait pas de moi. Mon truc à moi, c’était de lire Les Frères Karamazov pendant les vacances de Noël, danser sur Goldfrapp ou Massive Attack. Dans ma chambre, je n’avais pas de posters d’actrices mais ceux de Pink Floyd ou du chanteur de Muse. (Rires.)

Blouse en popeline de coton Dior, Collier et Boucle d’oreille « Archi Dior » en or blanc et diamants Dior Joaillerie. 

M. Quelle est la première actrice qui t’a marquée ?
N. T. Marion Cotillard. J’ai une adoration absolue pour elle. Dès qu’elle jouait dans un nouveau film, j’allais tout de suite le voir. Je trouve qu’elle a une carrière parfaite. Qu’elle ait un grand rôle dramatique dans un film américain, ou qu’elle donne la réplique à Pierre Niney dans Casting(s), où elle est hilarante, elle est toujours incroyable. Elle investit ses rôles à corps perdu, et moi, ça me parle. Plus récemment, Valeria Bruni-Tedeschi m’a fait découvrir plusieurs films avec Gena Rowlands. Ça m’a fait un choc. J’ai été fascinée par cette femme à la fois brisée et forte. Je rêvais d’elle la nuit. De sa beauté, bien sûr, mais aussi de sa démarche…

M. Dans Les Amandiers comme dans Mon crime, tes deux derniers films, tu joues des personnages d’actrice. Comment évite-t-on le surjeu quand on joue quelqu’un qui joue ?
N. T. Comment être sincère alors qu’on fait un métier de menteur ? Cette question, je me la pose souvent. Tous les acteurs se la posent. Quand je tourne une scène dramatique, est-ce que je vais puiser dans mes drames personnels ou est-ce que je ne pense qu’à la situation du film ? Ces allers-retours entre moi et le personnage nourrissent mes rôles. Stella, que j’incarne dans Les Amandiers, découvre son envie de devenir actrice. À la fin du film, elle comprend que c’est une nécessité pour elle. C’est la même chose pour Madeleine dans le film d’Ozon. Au procès, quand elle est accusée de meurtre, elle joue sa vie, sinon elle va en tôle. Pour elle, jouer n’est pas anodin, pour moi non plus.

M. Le nouvel Ozon est une adaptation d’une pièce de 1934. Mais cette histoire de femme accusée d’avoir assassiné un producteur violeur, c’est un peu le meurtre symbolique d’Harvey Weinstein, non ?
N. T. Évidemment, on avait conscience de toutes ces résonances avec l’actualité. Pour moi, Mon crime est un film féministe. Pourtant, la pièce de départ est très misogyne. François a fait un long travail d’adaptation pour la rendre contemporaine. Mais plus que le fait de régler son compte au patriarcat, ce qui m’a tout de suite plu, c’est la sororité entre les personnages féminins. D’ailleurs, c’est vraiment le sentiment que j’ai éprouvé avec Rebecca Marder, qui joue ma meilleure amie et avocate dans le film. J’ai aimé le fait qu’il n’y ait pas de rivalité entre nos personnages. Bien sûr, il y a du désir entre elles, mais pas de jalousie. Elles se veulent du bien. J’ai aimé ces femmes qui se soutiennent dans ce monde d’hommes. Elles sont en mode survie, elles sont fortes parce qu’elles sont ensemble. Le film se déroule dans les années 1930 et ça permet de rappeler des vérités historiques. À l’époque, les femmes n’étaient pas autorisées à avoir un carnet de chèque et elles n’avaient pas le droit de vote…

Robe en mousseline de coton, Bottes en résille transparente brodée Dior, Collier et Boucles d’oreilles « Color Dior » en or rose, diamants et laque Dior Joaillerie. 
Blouse à encolure bardot en coton stretch Dior, Collier et Boucle d’oreille « Rose Céleste » en or jaune et blanc, diamants, nacre et onyx Dior Joaillerie. 

M. Est-ce que tu as appelé Denis Ménochet, qui a souvent joué avec Ozon, pour prendre conseil ?
N. T.
Évidemment ! Denis m’a prévenue : “François est un cinéaste exigeant.” Il m’a aussi expliqué les clés du vocabulaire Ozon. “C’est bien”, ça veut dire “c’est génial”. François est perfectionniste. Il crée tout : les décors, les dialogues, les costumes… Il peut rester mille ans sur une boutonnière et ne laisse jamais rien passer de faux. C’est très joyeux de tourner avec lui, Il aime tellement ses acteurs ! On se sent aimés et ça, ça donne confiance pour tenter des trucs. Ça me fait dire que je ne pourrais jamais réaliser. En matière de pression et de créativité, en étant actrice, je suis déjà au max ! (Rires.)

M. Dans Les Amandiers, tu incarnes Valeria Bruni-Tedeschi jeune lorsqu’elle suivait les cours de Patrice Chéreau. C’est une actrice-réalisatrice qui aime jouer les scènes avec ses comédiens. Elle ne prenait pas trop de place ?
N. T.
J’ai aimé notre relation de travail. Elle me parlait pendant les prises, et ça ne me dérangeait pas. Elle était la première à me dire : “Si je suis trop intrusive, tu m’envoies chier, hein ?” Parfois, je lui disais : “Non, là ça ne marche pas”, elle comprenait. Même si on est très différentes, on a su créer un langage commun. En fait, elle prenait la place que je lui donnais. J’ai dû trouver un entre-deux entre moi et le rôle. Le personnage de Stella n’est ni elle, ni moi. Même s’il est basé sur la vie de Valeria, petit à petit, je l’ai ramené vers moi.

M. En tant qu’actrice, tu fais un métier difficile. Aller chercher en soi autant de douleurs pour les projeter vers la caméra, c’est éprouvant non ?
N. T.
J’ai l’impression de vivre plusieurs vies en une seule. Si ma carrière devait s’arrêter demain, j’aurais au moins vécu ça ! On donne de soi, c’est vrai. Et je ne sais pas comment on peut faire ce métier sans tout donner. Cela dit, on n’est pas là pour se faire mal. La barrière de la fiction nous protège. Mais c’est un métier qui peut isoler. Sur le tournage de La Rosalie, où je jouais la femme à barbe, j’étais coupée du monde, je n’ai pas eu de téléphone pendant deux mois.

M. Tu arrives à maintenir une vie privée ?
N. T.
C’est très compliqué. Ça fait des mois que je n’ai pas pu boire une bière avec ma bande de potes. C’est le prix à payer. Je suis loin, et ma tête est ailleurs. J’ai du mal à couper avec le personnage, et ça, je sais qu’il va falloir que j’apprenne à vivre avec. Il y a aussi d’autres “séquelles” : la pression, l’exigence de cohérence que tu t’infliges… C’est vrai que nos métiers impactent nos vies. Pour jouer cette femme à barbe, j’ai porté un corset pendant deux mois, une fausse barbe, des poils partout sur la peau. Je me réveillais à 4 heures du matin tous les jours pour le maquillage. Physiquement, j’étais vidée ; mais pour rien au monde, je n’aurais renoncé au film.

Chemise en popeline de coton, Corset en macramé et dentelle résille, Jupe en coton Dior, Collier, Boucles d’oreilles et Bague « Archi Dior » en or blanc et diamants Dior Joaillerie. 
Collier et Boucle d’oreille « Archi Dior » en or blanc et diamants Dior Joaillerie.

M. Y a-t-il des concessions que tu n’envisages pas de faire ?
N. T.
Je ne suis pas prête à tout pour un rôle. Travailler avec des réalisateurs violents ou manipulateurs, ce n’est pas pour moi. On fait un métier d’illusions. La phrase “je ferais tout pour le cinéma” n’est pas envisageable pour moi.

M. La nudité à l’écran, ça ne te dérange pas ?
N. T.
Pas quand elle est liée à un rôle. Dans La Rosalie, il y a des scènes de sexe. On en a beaucoup parlé avec Benoît Magimel. On s’est tout dit. C’est important, car ces scènes n’impliquent pas que moi mais aussi mon partenaire de jeu, qui doit être au courant de ce que j’ai le droit de faire ou pas. Et moi pareil. C’était la même chose avec la réalisatrice Stéphanie Di Giusto. Je savais ce qui était filmé, je connaissais les cadrages… Du coup, c’est devenu un peu comme une chorégraphie.

M. Est-ce qu’on n’en demande pas un peu trop aux acteurs et aux actrices aujourd’hui ? Avoir un engagement politique, avoir une lecture du monde…
N. T.
Personnellement, je ne vois pas en quoi ma parole est plus légitime que celle d’une autre. J’ai l’impression que mes engagements passent par les films que je choisis de faire. À travers eux, je défends des visions du monde.

M. Avec quels cinéastes rêves-tu de travailler ?
N. T.
Il y a un an, je n’aurais pas su quoi te répondre. Aujourd’hui, j’assume mon envie de devenir une actrice européenne. Récemment, j’ai croisé Juho Kuosmanen, qui a réalisé Compartiment n° 6. Comme le finnois est ma langue maternelle, ça rend les choses possibles. J’adorerais tourner avec Pietro Marcello, j’ai vu quatre fois au cinéma son film Martin Eden. J’adore aussi les cinéastes italien·ne·s comme Alice Rohrwacher, Paolo Sorrentino…

M. Ça change, une jeune actrice qui n’a pas les yeux rivés sur Hollywood…
N. T.
Je devrais peut-être avoir honte, mais je suis complètement passée à côté du cinéma américain. Ce n’est pas une envie particulière, mais évidemment, si on vient me chercher, je ne dirai pas non…

Veste en dentelle, Jupe en laine et soie Dior, Bracelet, Boucles d’oreilles et Bague « Gem Dior » en or blanc et diamants Dior Joaillerie.
Blouse en popeline de coton, Jupe en cuir plissé et smocké, Sac « Lady 95.22 » en cuir cannage Dior, Boucles d’oreilles et Bagues « Rose Pré Catalan » en or rose, diamants et améthystes, Bagues « Rose Pré Catalan » en or jaune, diamants, saphirs jaunes et onyx Dior Joaillerie.
Ensemble en soie Dior, Colliers et Boucles d’oreilles « Rose des Vents » en or jaune, diamants et nacre Dior Joaillerie. 
Corset en dentelle de coton et résille 3D, Débardeur en lin, Pantalon en jacquard de coton et soie à imprimé Dior Birds, Escarpins en cuir verni Dior, Collier « Rose Dior Bagatelle » en or blanc et diamants, Boucles d’oreilles « Bois de Rose » en or blanc et diamants Dior Joaillerie. 

PHOTOGRAPHE : Charlotte Navio / STYLISME : Céline Laviolette / TALENT : Nadia TERESZKIEWICZ @ IMG / COIFFURE : Shuhei NISHIMURA @ Wise & Talented / MAQUILLAGE : Natsuki ONEYAMA / MANUCURE : Magda S. / MISE EN BEAUTÉ : Dior / ASSISTANT PHOTOGRAPHE : Lucas MATHON / DIGITECH : Clara GIRBAL @ Sheriff Project / ASSISTANTE STYLISTE : Alexandra NICOLAÏDIS.

Cet article est originellement paru dans notre numéro spring-summer 2023 EUPHORIA (sorti le 27 février 2023).