Lancée en début d’année par Alice Gensse et Pierre-Jr Menana, la marque de parfumerie française Notes de bas de Paje se fait une place de choix en proposant trois parfums mixtes qui remettent clairement le storytelling olfactif au cœur de la création et de la confection.

Alors que 2024 voit encore des célébrités balancer leur fragrance de masse sans véritable identité ni originalité à part peut-être celle d’un jeu de mot médiocre dans la dénomination de leur produit (suivez mon regard, vous l’avez, cé bon ?), certains jeunes créateur·rice·s ont tout compris dans la façon de proposer des parfums désirables qui sentent bon la sincérité et la sophistication, que ce soit depuis le concept et le packaging, jusqu’au storytelling. C’est le cas de la marque Notes de bas de Paje, cofondée par Alice Gensse et Pierre-Jr Menana, qui vient juste de lancer sa première collection de trois extraits de parfums hautement concentrées et made in France avec une production la plus éthique et écologique possible (fabrication à Grasse, emballages recyclés et recyclables etc). Aussi, qu’il s’agisse de “Prolégomènes”, “Olatua” ou ”Towédé”, les trois parfums en question ont tous été élaborés et pensés comme des fragrances mixtes.

Une nécessité pour le duo fondateur qui considère qu’associer des senteurs à un genre en particulier est complètement dépassé : “Nous avons toujours trouvé étrange d’attribuer une senteur à un genre, nous expliquent Alice et Pierre-Jr. Selon nous, ce que provoque une odeur relève de l’instinctif. Et cela n’a aucun rapport avec le genre. Lorsqu’on crée un parfum mixte, on part certes d’une page entièrement blanche. Cela peut donner le vertige, puisqu’il faut faire fi des lieux communs, se détacher des clichés confortables. En réalité, construire au-delà du genre libère la création ! On ne s’oblige à rien et on ne s’interdit rien, que ce soit en termes de senteurs, de concepts, de couleurs…”.

Avant de rentrer dans le détail de ses trois parfums, ce serait bien de rappeler que se décider à porter Notes de bas de Paje, c’est forcément être invité·e à rentrer dans la tête de son duo fondateur et prendre part avec lui à une véritable histoire olfactive. Au départ juristes en propriété intellectuelle, Alice Gensse et Pierre-Jr Menana, aujourd’hui en couple, se sont rencontré·e·s au lendemain du (premier) grand confinement de l’ère Miss Rona et ont décidé, après s’être lassé·e·s d’une vie professionnelle trop tracée, de lancer leur propre marque de parfumerie. D’où le nom de Notes de bas de Paje qui fait évidemment référence aux annotations explicatives qu’on trouve dans les textes littéraires ou juridiques, mais aussi aux notes (tête, coeur, fond) qu’on trouve dans la composition d’un parfum. Simple et smart. Histoire de continuer dans la subtilité et l’originalité littéraire, les deux créateurs ont aussi orthographié paje avec un j pour faire écho à leur initiales Alice Et Pierre-Jr.

Mais au-delà du simple jeu de mot, Notes de bas de paje est avant tout pensé comme un recueil fait de détails et d’élucidations sur l’histoire de leur vie et de leur rencontre. Normal pour des passionnés d’art et de littérature en général. C’est d’ailleurs pour cette raison que chacun des packagings des parfums a la forme d’un livre au design épuré — avec une première de couverture agrémenté d’une illustration et une quatrième de couverture accompagnée d’un résumé — dans lequel le flacon est placé comme dans un écrin ; ce dernier étant lui-même pensé comme un objet de déco fait pour embellir son intérieur. Ça, c’est pour l’emballage qui envoie déjà du lourd. Et à l’intérieur c’est encore mieux puisque le fil narratif de cette bibliothèque olfactive continue de nous enivrer avec les trois parfums mixtes protagonistes.

D’abord avec “Prolégomènes”. En littérature (et plus particulièrement dans les écrits scientifiques et juridiques), les prolégomènes sont la préface, les préliminaires à l’étude du sujet. “Ce premier jus raconte notre rencontre sur un banc sur les quais de seine, au crépuscule de nos études de droit, et la naissance de notre duo, indique Alice. C’est la page que nous avons tournée ensemble pour en écrire une nouvelle”. Le jus composé de notes de bergamote, de cardamome, de lait de figue, de pomme, de cèdre, de vétiver et d’ambroxan évoque donc l’arrivée d’un printemps frais apportant avec lui de nouveaux horizons.

Ensuite “Olatua”, qui signifie “la vague” en basque, évoque la mer, le poumon de l’existence, avec ses notes de coco/wax, d’iode, de fleurs blanches, d’ylang, de poivre noir, de muscs blanc et de vétiver. Le parfum rend particulièrement hommage au pays basque (région d’origine d’Alice) et à ses étés chauds avec les pieds nus dans le sable, l’odeur de la wax et de la crème solaire, le bout des doigts fripé par l’eau salée, et l’excitation des premières amours de vacances.

Enfin, “Towédé”, prénom béninois de la mère de Pierre-Jr, clôt la collection. Avec ses notes de cannelle, d’ambre gris, de santal, de cuir, de chocolat noir et de cashmeran, il rappelle la figure maternelle, l’origine de tout, enveloppante et protectrice, entre force et douceur, comme ”une étreinte dont on aimerait ne jamais se défaire”. “Alice n’a jamais eu la chance de connaître ma mère, souligne Pierre-Jr. Créer Towédé était quelque part l’occasion pour moi de la ‘présenter’ à Alice. Après deux ans passés à se plonger dans les archives de sa vie et à développer la senteur, j’ai le sentiment qu’elles ont pu se rencontrer” (I’m not crying, you’re crying). Quand on vous dit qu’on est sur du grand parfum qui a véritablement quelque chose à raconter.

Les extraits de parfums Notes de bas de paje sont disponibles chez Dover Street Parfums Market, 11bis rue Elzévir, Paris 3e. Plus d’infos sur notesdebasdepaje.com@notesdebasdepaje