“Girls Will be Girls” (2023)

Pour sa seconde édition, le Biarritz Film Festival – Nouvelles Vagues, co-fondé par Ana Girardot et Jérôme Pulis et soutenu par la maison Chanel, a de nouveau investi la ville basque, ses plages et ses restos mais surtout ses salles de cinéma. Soit six jours rythmés de projections et d’échanges entre professionnel·le·s et amateur·rice·s autour d’une notion fondamentale : la jeunesse et l’engagement.

La cérémonie de clôture du Festival Nouvelles Vagues qui s’est déroulée ce week-end à Biarritz s’est ouverte sur ces mots d’Agnès Varda, citée par la déléguée générale du festival, Sandrine Brauer : “C’est quand on se plonge dans l’obscurité qu’on trouve la lumière”. Une métaphore d’une salle de cinéma certes mais qui résonne tout autant avec le contexte politique actuel. Il y a tout juste un an, la première édition du Festival se déroulait au même moment que les émeutes qui avaient secoué les rues après la mort de Nahel, tué par balles par la police. Cette fois-ci, l’enjeu politique est toujours omniprésent, aussi bien dans les films projetés que dans les propos de nombreux participant·e·s du festivals tel·le·s que Caroline Poggi et Jonathan Vinel, réalisateur·rice·s de “Eat the Nigth”, lauréat du prix du Public et du Prix du Jury Étudiant ayant, lors de leur discours de remerciements, appelé à voter Front Populaire pour contrer la probable et inquiétante arrivée de l’extrême droite au pouvoir en France.

Shuchi Talati, Michiel Blanchart, Caroline Poggi et Jonathan Vinel © Rodolphe Escher

Le Grand Prix a quant à lui été remis à Shuchi Talati, réalisatrice indienne de “Girls Will be Girls”, un film d’apprentissage dans lequel est abordé la découverte de la sexualité d’une jeune femme remettant en question les récits dominants sur le genre, la sexualité et l’identité sud-asiatique. L’autre grand gagnant est “The Outrun” de Nora Fingscheidt, lauréat des Prix du jury Pass Culture et d’interprétation pour la performance de Saoirse Ronan. Quant à “La nuit se traîne”, étonnant premier film de genre du réalisateur belge Michiel Blanchart dont l’histoire se déroule à Bruxelles sur fond d’émeutes Black Lives Matter, il remporte le Prix du public.

L’autre mot d’ordre de ces Nouvelles Vagues ? La transmission, une “valeur cardinale” ayant motivé les choix des programmateurs et des invité·e·s tel·le·s que Karla Sofía Gascón, invitée d’honneur du festival et première actrice transgenre à avoir reçu un prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2024 pour son rôle dans “Emilia Perez” de Jacques Audiard. Aux tables rondes et autres ateliers, de Nouvelles Vagues se sont aussi succédés Matt Dillon, Alain Chabat, James Franco, Alex Lutz ou encore Alice Diop, tou·te·s chargé·e·s de sélectionner un film leur évoquant la jeunesse. Bref, du lourd.

Karla Sofía Gascón © Chanel

Côté jury, le festival a encore une fois assuré un casting international sans faute en réunissant les Français·es Léa Mysius, Vincent Lacoste, Kim Higelin, l’espagnol Manu Rios, l’américaine Zoey Deutch, l’australo-chinoise Margaret Zhang, l’iranien Arash Khaksari, et la thaïlandaise Kitty Chicha. Une team éclectique — et porteuse de quelques millions de followers — ayant néanmoins réussi à s’entendre dans leur choix des lauréat·e·s.

Le jury Nouvelles Vagues 2024 présidé par Léa Mysius et les lauréats du prix du Public et du Prix du Jury Étudiant pour le film « Eat the Night », Caroline Poggi et Jonathan Vinel © Olivier Vigerie

“Montecristo” avec Pierre Niney et Vassili Schneider, “Les femmes au balcon” de Noémie Merlant, “Le roman de Jim” de Jean-Marie Larrieu et Arnaud Larrieu ou encore “Tatami” de Zar Amir et Guy Nattiv, autant d’avant-premières qui ont aussi marqué cette édition par la force de leur message : sans lutte, pas de culture. Et pour finir en beauté cette seconde édition, Hair Rituel by Sisley a rejoint les partenaires officiels et notamment Chanel — le gars sûrs de la culture —et maison Desrues qui en signe les trophées. On s’y voit l’année prochaine ?

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