Des paysages, des maisons et des rues aux traits réguliers effectué·e·s au pastel. Toits violets ou bleus, murs orange ou verts, fenêtres et portes rouges ou jaunes. Sans oublier quelques intégrations d’objets et de meubles découpés dans des pages de magazines, ainsi que des collages de silhouettes et de personnes issus de photos d’archives. Voici ce qui compose les œuvres de Vuyo Mabheka, récemment exposées à Paris Photo 2024 et regroupées dans un livre intitulé Popihuise, publié aux éditions La Nouvelle Chambre claire. En afrikaans, le mot pophuis fait référence à un jeu de maison de poupée familier des enfants. Et c’est bien cette impression d’univers enfantin, miniature, coloré et joyeux qui ressort d’abord du travail de cet artiste sud-africain âgé de 25 ans. Puis, en y regardant de plus près, on découvre les attitudes plus terre à terre des personnages : des élèves en route pour l’école, un adolescent poussant une poubelle, bob vissé sur le crâne et écouteurs aux oreilles, ou encore une femme dont on ne voit pas forcément le visage qui porte un enfant dans son dos, une bassine sur la tête et un sac en plastique à la main, avec le pas pressé d’une mère de famille qui a beaucoup à faire. Et au milieu de cette agitation, un enfant habillé d’un tee-shirt bleu et d’un jean au regard interrogateur, dont la dynamique corporelle semble un peu maladroite, comme s’il ne savait pas trop quoi faire devant l’objectif. Cet enfant n’est autre que Vuyo Mabheka lui-même, qui a choisi de se mettre en scène au centre de cette œuvre intitulée Kulo Baby, terme zoulou qui peut se traduire par “enfant intérieur”.