Bienvenue au book club
Si la mode est une discipline basée sur le storytelling, elle ne manque pas d’invoquer des fondamentaux comme la littérature. Cette année a été particulièrement riche en références littéraires. Il y a eu le défilé Celine printemps-été 2024, organisé à la Bibliothèque nationale Richelieu à Paris, et dont la collection s’intitulait “La Collection de la Bibliothèque nationale”, au cas où on n’aurait pas capté le message. Puis, durant la même saison, c’est la maison Balenciaga qui a envoyé une invitation sous forme de livre jauni. Le titre : “La veste de tailleur, guide de montage traditionnel”, façon mi-tuto mi-grimoire de conte enchanté. Or cette volonté d’ériger le livre en objet du quotidien, dans un monde où les écrans ont fini de monopoliser le peu d’attention et de vie sociale qui nous restait, n’est pas anodine. Le phénomène n’a pas échappé au mannequin Liya Kebede, qui a lancé il y a quelques mois Liyabrairie, une marque de porte-livre en cuir qui se met à l’épaule ou en bandoulière comme un sac à main (oui, certain·e·s ont tendance à prendre la mode du livre au pied de la lettre). D’après le magazine américain Nylon, une nouvelle vague d’autrices est en train de réinventer le game de l’édition en déclinant leurs œuvres en merch et goodies (tee-shirts, stickers, carnets, chaussettes, parfums) et en transformant les soirées de signatures a priori boring en vraie teuf, comme celle de l’autrice Ottessa Moshfegh qui a fait appel à la maison Proenza Schouler pour organiser la release party de son dernier roman. Ces literary it girls, comme les surnomme le magazine, doivent leur succès aux outils de communication modernes tels que TikTok qui a remis au goût du jour le concept de book club à travers le hashtag #booktok. Visualisé plus de 217 millions de fois sur la plateforme, ce mouvement aurait même redonné à la gen-Z l’envie de lire un bon bouquin. CQFD : au-delà d’un simple retour de hype, le livre reste indéniablement une valeur refuge pour qui veut pouvoir compter sur une échappatoire (le gars sûr de l’escapisme). Avec, cette fois, un attrait d’autant plus fort pour le conte et tous les clichés qui l’accompagnent, comme le montrent les nombreuses références aux princesses mais aussi aux villains (les méchants des histoires pour enfants) qui ont notamment inspiré la dernière collection Christian Cowan ou qui fleurissent sur TikTok via la trend #villainmakeup.