Cette année en France, on célèbre les 10 ans du mariage et de l’adoption pour tous (#TeamTaubiraForEver). Mais ce n’est pas une raison pour croire que tout est rose au pays désenchantée des LGBT. Alors qu’aux États-Unis, les parlements du Texas et du Nebraska ont voté une loi interdisant les transitions médicales pour les mineur·e·s trans, que l’état du Montana a lui interdit aux Drag Queens de lire des livres à des enfants dans les écoles et les bibliothèques et que la Floride a tout juste adopté une proposition de loi permettant d’enlever les enfants trans à leurs parents si ces derniers les aident à réaliser leur transition, en Ouganda le parlement a récemment fait passer un texte anti-LGBT dans laquelle une disposition fait de “l’homosexualité aggravée” un crime capital, passible d’une condamnation à mort.
Dans ce contexte plus qu’inquiétant, inutile de vous préciser en quoi le mois des Fiertés est encore aujourd’hui un événement politique et culturel indispensable en soutien à la communauté queer. Une communauté qui continue de subir au quotidien la violence d’une société cis-hétéronormée, capitaliste et patriarcale, pour ne pas dire homophobe, duh ! (le pinkwashing et le rainbow capitalism, ça vous dit quelque chose ?). En france, on pourrait naïvement se croire un peu plus respecté·e·s et protégé·e·s, mais en fait non. Il suffit de voir les dernières infos liées au sujet pour se rendre compte d’une évolution extrêmement préoccupante. Selon un récent rapport de l’association SOS Homophobie, les agressions physiques homophobes ont augmenté de 28 % sur le territoire français entre 2021 et 2022, soit une tous les deux jours. Malheureusement pas si étonnant que ça quand on voit que le 26 mai dernier, le groupe Les Republicains (LR) au Sénat a créé un groupe de travail sur la « transidentification des mineurs » afin de s’attaquer aux droits des personnes trans en France. Un mois plus tôt, c’est le Rassemblement National qui fondait une association parlementaire transpartisane pour combattre “la propagande LGBT” dans les écoles et mettre fin à la “menace transgenre” dans le sport féminin.
La diffusion décomplexée de cette idéologie d’extrême-droite liberticide a aussi récemment envahi les bancs de l’éducation nationale. Il y a deux mois, à Pont-Sainte-Maxence (France), le lycée privé Saint-Joseph-du-Moncel a annulé un atelier autour des questions LGBT+ qui avait été prévu dans le cadre d’une « semaine de l’égalité », après les contestations du collectif d’extrême-droite « Parents vigilants ». Idem au lycée Jean-Paul-II (Compiègne, France) qui a interdit à ses professeurs de montrer aux élèves un film sur un couple lesbien au Kenya ; le proviseur ayant déclaré que le film « banalise l’homosexualité » alors que « ça reste une minorité et heureusement pour notre humanité ». Le genre de bad news qui fait drôlement penser à la récente déprogrammation d’une pièce de théâtre à Béziers par son maire Robert Ménard (pour rappel, élu en 2014 avec le soutien du RN) car cette dernière évoquait l’homosexualité du résistant Jean Moulin. Pendant ce temps, c’est Lou Bailly-Biichlé, une autre maire (celle du village de Vandelans en France), qui elle a démissionné le 19 mai dernier après avoir notamment reçu des insultes lesbophobes et une menace au couteau.
Histoire de ne pas s’avouer vaincu·e·s et se dire que tout est foutu, Mixte vous a préparé une check-list culture qui atteste en 11 points l’engagement politique tenace et la créativité foisonnante et cathartique de la communauté LGBTQIA+, ainsi que son immense capacité de résilience grace à l’art, la musique, l’écriture ou le témoignage. We’re here. We’re queer. Get used to it.