Article publié
le 04 juin 2024
Qui dit mois de juin dit mois des Fiertés. L’occasion pour Mixte de dresser une liste de livres, documentaires, podcasts, séries ou pièces de théâtre engagées pour que le mois des fiertés dure toute l’année.
Sois fièr.e et tais-toi ? Sûrement pas ! Visibilité ne rime pas toujours avec acceptation : la preuve le 17 mai dernier lorsque SOS Homophobie rend son rapport annuel dans lequel on constate une hausse des agressions homophobes de 28%. À l’heure où le Sénat adopte la proposition de loi jugée transphobe visant à encadrer les pratiques médicales dans la prise en charge des mineurs souffrant de dysphorie de genre, l’association rappelle que les agressions envers ces dernier.ères ont augmenté de 120%. C’est dans ce contexte loin d’être glorieux que se lance le mois des fiertés 2024, qui, rappelons-le, ne résume pas à une célébration des communautés LGBTQIA2S+, mais qui est surtout l’occasion de constater que le combat pour l’égalité reste tout sauf gagné. La preuve avec cette sélection culturelle d’œuvres engagées, politiques et jouissives, qui nous rappelle que l’éducation reste bel et bien l’arme la plus puissante. Alors, aux armes citoyen.nes, et que la lutte continue.
Marre de zoner des plombes devant Netflix sans savoir quoi regarder ? La plateforme de streaming On.Suzane dévoile sa programmation queer, féministe et indépendante. Sans engagement, l’abonnement à 14,90€ par mois permet d’accéder à des dizaines de contenus et productions originales à l’instar des documentaires et “PMA pour Toustes” de Judicaëlle Perrot et “L comme Lesbienne” d’Ève Simonet, fondatrice de cette plateforme résolument engagée, d’intérêt général.
“Je ne mentionne pas souvent ma nonbinarité. Timidité ? oui. Peur ? bien sûr. Épuisement ? tu m’étonnes. Et puis simplement pas envie d’expliquer, de raconter, de me livrer.” Écrivain, éditeur, et poète, Martin Page déconstruit le monde qui nous entoure afin de parler des autres, et un peu de iel. Entre essai et poésie, l’auteur.ice pose des mots sans rien nous imposer à travers une cinquantaine de poèmes évoquant la non binarité, le queer, le genderfluid, ou l’agenre.
“From Casablance to Bruxelles, with love.” C’est avec cet episode que Zakaria, fondateur de ce podcast, décide de se livrer sans détour : “L’histoire d’une personne LGBT qui a grandi dans une société marocaine hostile à l’homosexualité et qui essaie par tous les moyens de se cacher et de tracer son chemin loin des étiquettes et loin de des problèmes.” En huit épisodes, le jeune homme se dévoile et invite au dialogue en invitant des personnalités tels que l’artiste libanais Salma Zahore ou le palestinien Ahmad Youssef. Une touchante plongée dans l’intimité de ces parcours bien souvent contrariés.
4 %, ce chiffre désigne la proportion d’hommes homosexuels dans le monde, c’est-à-dire d’hommes qui se définissent comme homosexuels tout au long de leur vie. Auteur et photographe, Mathias Chaillot montre et démontre que ce chiffre est peut-être assez loin de la réalité, et que cette dernière, malgré les nombreuses recherches scientifiques sur le sujet, n’arrive pas vraiment à répondre à la question cruciale que se pose bon nombre de gays dans le monde : “Pourquoi j’aime les garçons ?” Promis, on ne va pas vous spoiler la fin, mais on vous garantit que cet essai vous changera la vie.
“Une histoire des cultures LGBTQ+”, telle est l’ambition narrative d’Antoine Idier, sociologue et historien spécialiste de l’histoire de l’homosexualité qui s’associe à l’illustrateur Pochep (à qui l’on doit la revue Bulge) afin de composer cette fresque historique retraçant 200 ans de culture queer. D’Oscar Wilde à Marcel Proust en passant par les émeutes de Stonewall, la bande dessinée décide d’employer l’humour et l’autodérision pour une leçon d’histoire captivante, et néanmoins amusante. Un must read.
Produit par le média Manifesto XXI, les six épisodes de la première saison du podcast Lesbiennes au coin du feu nous a enchanté par ses récits narrant les amours sincères de couples lesbiens, qu’ils soient réels ou fictifs, comme dans le formidable épisode “Vestiaire du plaisir” aussi caliente que WTF. Mixte avait déjà consacré un sujet à la première saison de ce super projet. Aujourd’hui, on attend avec impatience la saison deux pour laquelle cette équipe de passionnées vient de lancer une cagnotte participative afin de financer la réalisation de nouveaux épisodes.
Et si le meilleur moyen de lutter était le rire ? Ce documentaire retrace l’histoire du stand-up queer à travers cinq décennies, tout en nous faisant prendre conscience de l’importance de cet art quant à la visibilité LGBT. Vecteur de transformation sociale, et sociétale, les comédien.nes de stand-up tel.les que Rosie O’Donnell, Margaret Cho ou Trixie Mattel délivrent face caméra les joies, mais aussi les peines que leur ont procuré ce métier et les difficultés à faire accepter leur différence dans une scène hétéronormée… Sans blague ?
Repéré par nos soins il y a deux ans lors d’un mémorable concert avec Kelhani à la salle Pleyel, le petit prince de la soul se dévoile sur scène dans un Submissive tour qui promet de réchauffer la salle parisienne de Châtelet. Originaire de Tampa, en Floride, le chanteur ouvertement queer, à qui l’on doit le banger It’s Only You (et son clip homo-érotique) prouve qu’il compte désormais dans la catégorie des artistes à suivre de près.
Considéré comme l’un des fondateurs du mouvement de libération gay et transgenre en Italie, Mario Mieli reste plus contemporain que jamais malgré les quarante ans qui nous sépare de sa disparition. Véritable charge contre la norme hétérosexuelle, ce livre composé d’essais et d’entretiens tend aussi à prouver que l’oppression de la féminité de chaque être humain reste un point de départ à la répression anti-homosexuelle : “Les vrais révolutionnaires, cessant d’être politiciens, deviendront des amants.” Mario président!
Souvent oubliée par les livres d’histoires (et de fait par la conscience collective), la déportation des homosexuel.les a pourtant existé, puisqu’entre 5000 et 15000 Allemand.es ont été forcé de rejoindre des camps de concentration afin d’y subir un véritable calvaire, victimes d’agressions sexuelles et contraint.es de réaliser les travaux les plus durs. Impossible de rester insensible face à ce documentaire de 54 minutes qui met la rage, et bien plus encore. Un devoir de mémoire.
On l’avait repéré sur TikTok en tant qu’experte des fringues vintage (@anna_inparis), la voici désormais en librairie afin de confier sur une toute autre partie de sa vie. Rappelant fièrement que le « A » de LGBTQIA+ se réfère aux asexuel.les, la désormais autrice Anna Mangeot nous raconte, à la manière d’un journal intime, ce qu’est de vivre sans libido, sans désir et sans aucun fantasme dans une société qui place le sexe comme une nécessité. Guess what ? Elle est très heureuse ainsi, et s’en fout complètement de votre avis (et elle a bien raison!).
Préparez vos mouchoirs, car les larmes vont couler. En huit épisodes, cette série que l’on doit à Ron Nyswaner, scénariste de Philadelphia, retrace l’histoire d’amour de deux hommes à travers plusieurs décennies dans une Amérique homophobe, discriminante et patriarcale (et hop un tiercé gagnant), des années 50 jusqu’au San Francisco des années 80. L’expression souvent galvaudée “Jusqu’à ce que la mort nous sépare” prend ici tout son sens, et on salue les incroyables performances de deux acteurs gays et engagés : Jonathan Bailey et Matt Bomer.
Kam Hugh, Moon, Tiggy Thorn, ces noms sont peut-être un détail pour vous, mais pour la culture drag ils comptent beaucoup. Objet de fascination, ces divines créatures sont immortalisées par le photographe Jean Ranobrac dans un style over the top qui rappelle aussi bien les clichés de David Lachapelle que les œuvres de Pierre & Gilles. Ajoutez à cela une préface de Daphé Bürki et vous obtiendrez un livre qui s’annonce déjà LÉ-GEN-DAIRE!
Jouée en mai dernier au Lavoir Moderne, à Paris, cette pièce évoque sans détour le chemsex et voit son protagoniste (joué par Tao Dersoir) tombé dans cette spirale dans laquelle les corps se font et se défoncent. Inspirée par les expériences personnelles de ses deux auteurs Corentin Hennebert et Joseph Wolfsohn, la pièce se jouera en octobre à Toulouse, puis à Berlin et reviendra à Paris en juin 2025 au théâtre de la reine blanche.
Plutôt que de se vautrer dans les mauvaises rom com de Noël, Mixte vous a préparé de quoi enrichir votre culture mode et société. Des archives de Sofia Coppola aux questions de représentations dans l’histoire de France, en passant par les “sleeping beauties” de Carlijn Jacobs et des enquêtes historiques sur le vêtement, voici de quoi lire, regarder et écouter pour mieux se la raconter aux réunions de famille.
Célébrant les sexualités sortant de la norme, le kink s'échappe des soirées fréquentées par ses initié·e·s afin d'envahir les podiums et la culture mainstream. BDSM, jogging, lycra, dentelles : le kink arbore une table des matières exhaustive qui laisse libre court à tous les fantasmes, tout en érigeant le consentement comme valeur première. Au travers de témoignages d'adeptes, décryptage d'une esthétique et d'une pratique bien plus inclusive qu'il n'y paraît.
L’événement design de l’année, aka le Salon du meuble milanais, encore une fois trusté par les maisons de mode, vient de s’achever. Il y a eu les habitués comme Prada, Loro Piana ou encore Hermès mais aussi les premiers pas de JW Anderson, ainsi que les installations qui ont marqué la semaine comme les murs en pain de savon d’Aesop ou encore les sièges Le Corbusier revu par Bottega Veneta. Récap’ en quatorze points.