Glanant la matière première de son travail sur Internet, dans des livres de sciences naturelles et des archives photographiques, Josèfa utilise la méthode de l’assemblage – images, histoires et mots – pour mieux déconstruire les discours hégémoniques sur les notions d’origine, d’identité et de race. Son travail tisse de multiples récits historiques, scientifiques et philosophiques, auxquels elle confronte des mythes et cosmogonies africaines, des rituels et croyances non occidentales, ou encore des faits scientifiques (notamment liés à la biologie marine et à l’espace) et de science-fiction.
Ces différents discours et iconographies apparemment hétérogènes sont rassemblés dans un effort de réappropriation de l’Histoire, tout en spéculant sur des espaces-temps non encore prédéterminés. Des mondes interstitiels où les systèmes de perception et de dénomination des (id)entités fixes ne fonctionnent plus, mais où chacun·e se réinvente et se combine librement. Ainsi, Josèfa compose des cartographies utopiques et des fictions ontologiques dans lesquelles fantaisie technologique, voyages intergalactiques et civilisations alternatives deviennent la matrice d’une pratique d’émancipation qui favorise l’émergence de communautés plus inclusives, processuelles et résilientes. À titre d’exemple, elle vient en ce tout début d’année 2024 de clôturer Matter gone wild, une exposition personnelle immersive d’envergure à la Fondation Pernod Ricard (Paris 8e), afin de poursuivre désormais la mise en place de Swell of spæc(i)es, une nouvelle installation 360 degrés commandée par la fondation d’art berlinoise LAS, qui sera officiellement présentée à l’occasion de la prochaine Biennale de Venise. Sans oublier une résidence en cours, aux côtés de la manufacture Jade Groupe, dans le cadre du prestigieux dispositif LVMH Métiers d’art.