Lou de Bètoly FW25

Tolérante, militante et multiculturelle, Berlin est une ville qui intrigue et fascine depuis des décennies. Qu’en est-il de sa Fashion Week ? Entre l’engagement politique de GmbH, l’upcycling voluptueux de Lou de Bètoly, L’élégance urbaine de Haderlump et les mailles punk de Tati Things, retour sur 4 moments forts qui cristallisent les valeurs clés d’une nouvelle scène berlinoise.

Offrant des espaces de liberté totale, qu’ils soient sexuels, artistiques ou créatifs, la ville de Berlin attire plus de 12 millions de visiteurs chaque année. Pourtant, les jeunes espoirs de la mode allemande sont peu connus du grand public et des figures influentes de l’industrie, un problème d’image -et de communication- que la Berlin Fashion Week souhaite rapidement résoudre. Désormais responsable de son organisation, le Fashion Council Germany redore le blason d’une fashion week qui existe déjà depuis 2007. Soutenue par la ville de Berlin, et appuyée par ses acteurs politiques les plus influents, la Berlin Fashion Week défend des valeurs clés qui parlent à une nouvelle génération: inclusivité, tolérance, durabilité et diversité. Retour en quatre points sur les shows qui ont marqué la saison.

1. L’engagement de GmbH

On ne présente plus Serhat Isik et Benjamin Alexander Huseby, le duo fondateur de la marque GmbH créée en 2016. De retour sur le calendrier berlinois depuis juillet dernier, Isik et Huseby présentent le show le plus émouvant de la Berlin Fashion Week. On retrouve leur tailoring impeccable et cette esthétique si particulière qui brouille les genres — que ce soit en termes d’identité et de vêtement — sur des mannequins ressemblant plus à des connaissances proches qu’à des castings d’agences. Des slogans surgissent sur certaines pièces, tels que ‘Refuse to trade with the enemy’ ou ‘The most dangerous anger is built in someone who has a good heart’. Interrogés par la presse sur le message de leur show, les designers restent évasifs. Et pourtant, impossible de ne pas penser aux conflits actuels d’un monde empreint de barbarie et d’injustice, ainsi qu’au pouvoir de l’argent face à la moralité.

2. L’upcycling voluptueux de Lou de Bètoly

Installée à Berlin depuis 2012, Lou de Bètoly est une créatrice française dont le travail oscille entre mode, art textile et artisanat de luxe. Refusant les rythmes conventionnels de l’industrie, elle présente un défilé par an et expose son travail dans des galeries d’art. Applaudi par la presse et les acheteur·se·s, son dernier show berlinois nous propose des pièces uniques dont le raffinement extrême évoque le monde feutré de la Haute Couture parisienne. La Française utilise les matériaux les plus ordinaires pour leur donner un second souffle, tels que des morceaux de phares de vélos — récupérés dans les rues de Berlin — qu’elle place savamment sur un top, ou de vieilles vestes en cuir blanc qu’elle découpe patiemment pour en extraire des volants spectaculaires. Tout est amusant, détonant, et exécuté avec prouesse. Pour Lou de Bètoly, érotisme et durabilité sont réellement faits l’un pour l’autre.

3. L’élégance urbaine de Haderlump

Très appréciée par les insiders berlinois, Haderlump est la marque indépendante fondée par Johann Ehrhardt. Cette saison, son show rassemble une jolie bande de nomades en transit, plutôt pressés mais bien habillés. La ligne d’épaule des vestes et manteaux rappelle l’allure formelle des années 50, tout en gardant la notion d’un confort contemporain chère au sportswear. Vendues uniquement en ligne, les pièces de Haderlump se veulent accessibles et de haute qualité. En effet, toute la collection du show est fabriquée dans des ateliers à Berlin, soulignant le désir de Johann Ehrhardt de perpétuer un savoir local menacé par la délocalisation. On aime ses manteaux longs, son denim délavé et ses longues jupes pour hommes, plus cléricales que suggestives.

4. La maille punk de TATI THINGS
© Chris Colls

À la fois délurée et militante, Tati est une artiste multidisciplinaire vivant entre Paris, Berlin et Bâle. Avec ses slogans féministes et son esthétique proche du manga japonais, Tati présente ses dernières créations au sein du Berliner Salon, une initiative de la Berlin Fashion Week permettant aux jeunes talents de côtoyer presse et acheteurs internationaux. On pense forcément à la chanteuse allemande Nina Hagen en rencontrant Tati, dont la chevelure rose fuchsia nous donne des indices quant à son amour des couleurs. Avec des matériaux de récupération et de la maille bigarrée, elle réussit le pari de faire des vêtements à la fois drôles et engagés, employant le folklore et l’artisanat pour mieux souligner ses combats féministes. Mention spéciale pour le pull ‘Girls masturbate, too’.

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