S’il y a une chose que l’on n’enlèvera pas aux Anglais, c’est bien leur sens de l’humour, noir, juste, inimitable. Pourtant, cette saison semble teintée d’une certaine nostalgie, probablement en raison d’une année assombrie par la disparition de deux reines, la Reine, et la reine de la mode, Vivienne Westwood. Celle qui aura marqué à jamais les rues de Londres avec sa célèbre boutique SEX, aura été la première à défendre des valeurs de tolérance et de rébellion plus actuelles que jamais. Et les références à son travail ne manquaient d’ailleurs pas. Heureux hasard, peut-être. Comme chaque saison, la mode britannique, bien moins académique que ses concurrentes, nous rappelle son grand talent, fait référence à son passé, à Savile Row, au punk et nous émoustille avec ses labels d’avant-garde ultra-créatifs. Élans couture, Brit chic, inclusivité, color blocks, retour sur quelques-uns des temps forts de cette fashion week. Et rappelons à quel point la semaine londonienne, unique en son genre, est nécessaire pour ne jamais oublier que la mode est avant tout un art.
1. Une grosse pincée de British humour
Alors que la mode traditionnelle anglaise de tartan vêtue a longtemps manqué d’humour, habillant une bourgeoisie Queen English toute conservatrice, la jeune garde est, elle, une grande adepte de l’autodérision. Et en ces temps, prendre du recul ne fait d’ailleurs pas de mal. Sans pousser jusqu’à dire que l’ombre du Brexit planait sur une Angleterre isolée, le constat est que la création a tout de même décidé de ne pas se regarder le nombril. Christopher Kane nous propose des robes imprimées d’animaux mal aimés, comme le rat ou le cochon et Yuhan Wang conçoit un ensemble en soie rose brodé de deux adorables chats… qui s’avèrent n’être autres que ses deux chats, Misty et … Misty ! S.S. Daley réinventait la scandaleuse robe lobster signée Schiaparelli en remplaçant le homard de Dali par un print de bodybuilder nu. Référence subtile mais tout aussi sexuelle que la première. Last but not least, J.W Anderson rendait hommage à l’artiste Michael Clark, avec un pénis pop art bleu géant, un tee-shirt subtilement – ou non – estampillé Sham Boy ou même une robe TESCO (le supermarché local) à faire pâlir de jalousie le tee-shirt DHL par Vêtements.