Mixte Magazine

Alors que le pays prépare ses prochaines élections présidentielles et que la situation géopolitique mondiale s’enlise, rien ne semble pouvoir ébranler l’industrie de la mode américaine qui continue à faire ce qu’elle sait faire de mieux : du commercial. Outre quelques moments forts comme les 10 ans d’Area, le défilé hors calendrier d’Alaïa, la première fois d’off-white, la consécration de Luar et la confirmation de jeunes talents comme Willy Chavarria, New York nous aura aussi donné, en prémices de cette semaine lors des Fashion Show & Style Awards, le meilleur fashion shade de l’Histoire entre Naomi Campbell et Anna Wintour. Récap en six points de ce qu’il restera de cette fashion week printemps-été 2025.

1. Les moments forts

Alaïa au Guggenheim Museum
Pour sa collection Hiver-Printemps 2025 (une saisonnalité propre à la marque Alaïa), le directeur artistique Peter Mulier a réfléchi au concept de “beauté américaine” et l’a transposé à travers le prisme de sa dernière collection présentée au sein du Musée Guggenheim, quelques jours avant le début officiel de la fashion week new yorkaise. Ici, quelques invité·e·s privilégié·e·s — dont Rihanna, qui a fait une rare apparition à la NYFW — ont regardé les mannequins se pavaner dans la salle emblématique du musée en forme de spirale. Fidèle au style Alaïa, les silhouettes sculpturales étaient au centre de la collection. À savoir : des pièces avec beaucoup de mouvement ou des textures extrêmes, comme le manteau de fourrure brossée rose bonbon tricoté en spirale. Et Lorsque Mulier ne faisait pas une grande déclaration en matière de forme et de volume, la collection semblait faire un clin d’œil à la simplicité. Un sans faute.

Les 10 ans d’Area
En l’honneur de son 10e anniversaire, AREA a dévoilé sa collection Automne-Hiver 2024 qui démontre une fois de plus son statut particulier en terme de créativité, de savoir-faire et de beauté non conventionnelle sur la scène new-yorkaise. Cette saison, la marque a approfondi les thèmes de l’identité, de l’expression de soi et du pouvoir du style personnel. Des uniformes aux plaques signalétiques, en passant par les imprimés empreintes digitales et mains, la collection explore la tension entre conformité et rébellion, remettant en question les normes traditionnelles.

La nature selon Collina Strada
Cette année, le défilé printemps/été 2025 de la marque était intitulé “Touch Grass” (“toucher de l’herbe” en français). Soit une ode à l’acceptation de tout ce que le monde naturel a à nous offrir. Organisé au sein du cimetière de marbre de l’East Village, le show a vu les mannequins marcher sur une pelouse bien verte en portany des designs fun composés de pastels terreux, de dentelle et d’imprimés psyché. Bref, tout ce pour quoi la marques est connue. On a même pu repérer sur le catwalk la célèbre “Green Lady” et légende Tish Weinstock.

2. Les (nouveaux) parrains de la mode US

Luar
Avec Madonna et Ice Spice au premier ran et Offset sur le podium, le tout au sein du Rockefeller Center, le défilé printemps-été 2025 de Luar était sans doute l’un des shows les plus impressionnants de la Fashion Week de New York. Intitulée “En Boca Quedó” (une expression couramment utilisée en République dominicaine pour shader son interlocuteur·rice), la collection était pleine d’attitude s’inspirtait stylistiquement de la tension que son créateur a vécu en grandissant à New York, façonné et pressé par les attentes de sa communauté Latinx, son parcours personnel de découverte de soi et le sentiment qu’il devait adhérer aux règles des deux mondes. Résultat, ça donne des bottes hautes à kitten heels et des mocassins Oxford, de l’imprimé léopard déformé, des manteaux à double boutonnage à manches gargantuesques, des robes en tricot engloutissant la tête des mannequins, des trench-coats aux grandes épaules ou encore des survêtements ultra-volumineux fonctionnant comme des boucliers de protection.

Eckhaus Latta
Cette saison, pour Mike Eckhaus et Zoe Latta, les fondateur·rice·s de la marque, le lâcher prise était le maître mot de leur collection SS25. Présentée comme un dîner où les invité·e·s eux·elles-mêmes faisaient partie du show, la présentation voulait dégager un sentiment d’intimité et d’insouciance. C’est la raison pour laquelle, à la place de mannequins classiques, les guests portaient les pièces de la nouvelle collection, stylisées à leur manière. L’une des pièces les plus remarquables reste sans doute le Hugging Polo, créé avec les découpes du devant d’une chemise et de l’arrière d’une autre. On retient aussi les longs hauts en tricot superposés sur des jupes en tricot contrastées et des pulls en tricot torsadé sur des blazers légèrement froncés.

Laquan Smith
Quand on pense Laquan Smith, on pense forcément à une mode sexy et effortless. C’est encore le cas cette saison avec une collection fortement inspirée du clubwear et comprenant une série de bodys découpés, de robes transparentes et de combinaisons sharp et seyantes qui transpire la vigueur et la fierceness. Rassemblant certains des meilleurs models du moment, le défilé a mis en lumière les mannequins Taylor Hill, Winnie Harlow ou encore Ian Jeffrey sur une bande-son rock optimiste balancé au travers de méga haut-parleurs.

3. Les newcomers à suivre

Willy Chavarria
Intitulé América, le défilé SS25 de Willy Chavarria, qui a débuté à la fashion week de New York il y a tout juste un an, était centré sur les thèmes de la résilience, de la diversité et de l’unité, mélangeant l’héritage mexico-américain de Chavarria avec un statement plus large sur l’évolution de l’identité de l’Amérique. Ou comment utiliser sa plateforme pour mettre en lumière les voix sous-représentées, combinant mode et activisme. Bref, sans doute l’un des meilleurs shows de cette semaine comprenant de superbes silhouettes mélangeant des influences workwear, sportswear et streetwear. Bonus : le créateur en a aussi profité pour présenter sa collaboration avec adidas.

Grace Ling
Depuis quelques saisons maintenant, Grace Ling a consolidé son statut de marque à surveiller en proposant des collections innovantes qui repensent le tailoring et le knitwear : la marque allie harmonieusement sensualité et surréalisme, en utilisant par exemple la technologie 3D pour créer des formes sculpturales. Et c’est sans doute cette approche de conception avant-gardiste qui a valu à la créatrice une place de finaliste du CFDA Vogue Fashion Fund. Ici, pour la collection Printemps/Été 2025 baptisée “Neanderthal”, l’inspiration se veut “primitive chic” avec des robes élégantes, des jupes apparemment balayées par le vent et des mini-robes et corsages en métal.

Diotima
Fidèle à sa poésie, Rachel Scott, la fondatrice de Diotima a concentré sa collection SS25 sur la reconstitution des souvenirs chauds et éthérés de l’été carribéen. On a donc pu voir au travers des vêtements quelques éléments symboliques faisant référence aux rituels estivaux ensoleillés qui se déroulent au bord des rivières de l’île de la Jamaïque. Par exemple, la dentelle en broderie anglaise fait référence aux palmiers ou aux feuilles de mauvaises herbes qui parsèment le paysage naturel des Caraïbes. Quant aux robes en maille recouvertes de cristaux associées à des sandales compensées à plateforme, elles font références à l’esprit des femmes qui commandaient les espaces dancehall au début des années 2000.

4. Le bal des débutant·e·s

Faisant habituellement partie de la Fashion Week de Paris, Off-White s’est rendu pour la première fois à la Fashion Week de New York pour présenter sa collection printemps-été 2025. Baptisée “Duty Free”, cette dernière est inspirée d’un voyage au Ghana, d’où était originaire la famille de feu Virgil Abloh, fondateur de la marque. Né en Sierra Leone et élevé à Londres, le nouveau directeur artistique d’Off-White, Ibrahim Kamara, a vécu des expériences similaires à celles du défunt fondateur, en particulier dans ce que New York représente pour les Africains : un lieu d’opportunités. « Cette collection respire l’esprit inclusif de New York en tant que lieu où les rêveurs se rassemblent », a-t-il déclaré dans les notes du défilé. Quand à la marque Campillo, qui a aussi fait ses débuts à New York, elle a été fondé en 2016 par Patricio Campillo dont l’esthétique est influencée par son enfance, le scène artistique contemporaine mexicaine et la culture traditionnelle Charro. Ici, sa collection printemps-été 2025 s’inspire des volcans du Mexique et de leur impact sur l’environnement, sur la société et sur la culture. NB : Campillo est le premier designer mexicain à être sélectionné pour le prix LVMH, dont il a été demi-finaliste cette année.

5. Les vieux tontons de l’Amérique

Que serait New York sans les vieux tontons de la sape américaine ? Vous avez quatre heures. En attendant, vous pouvez toujours observer les collections de marques emblématiques aux collections commerciales comme Tommy Hilfiger, Ralph Lauren, Michael Kors ou Coach qui ne prennent vraiment pas trop de risque. Mais qui continuent malgré tout de faire vivre l’imaginaire américain Wasp à travers une mode simple, pour ne pas dire boring.

6. Le strict minimal

Depuis que Cos a débarqué à la fashion week de New York, la big apple s’est amouraché du quiet luxury : ces silhouettes minimalistes dans tes tons sobres gris, noirs ou blancs ; au point que d’autres marques suivent la mouvance comme Toteme et Khaite. Ce qui n’est pas à négliger dans l’empire capitaliste de l’opulence et du show off.