Article publié
le 25 septembre 2024
Si Milan reste généralement le symbole d’une mode show off (Versace, Cavalli) ou d’un chic transalpin old money (Gucci, Fendi), cette saison, la capitale de la mode italienne aura particulièrement brillé par sa créativité exacerbée et son sens du beau ; comme en témoignent le succès des collections Prada, Bottega Veneta ou encore Marni. Récap’ en 8 points.
PRADA
Rivets, mousquetons, découpes plastique, tailles basse, cols fourrure, leggings en laine et visières, cette saison, Prada vit sa Main character energy à fond. Le mantra : remettre de l’humain dans une époque matrixée par les algorithmes. Et l’équation fonctionne : entre ode au Space Age, sillage BDSM, sportswear et bourgeoisie 70’s edgy, la collection de Miuccia Prada et Raf Simons est sans conteste la plus inspirante de la semaine milanaise.
BOTTEGA VENETA
Dans un monde qui souffre assez comme ça (l’ouverture d’un bar à madeleine appelé “Proost”, le gouvernement Barnier), le défilé Bottega Veneta agit comme la pilule magique qu’on attendait. La vibe de Matthieu Blazy ? Retrouver les sensations de l’enfance, quand on enfile des vêtements pour le fun. Volumes oversize, pantalon sur une jambe, jupe sur l’autre, silhouettes faciles, accessoires trompe–l’œil comme ces tournesols en cuir et laine : tout crie au cool sans forcer. Un sans faute.
MARNI
Parce que le microdosing n’est pas toujours suffisant, le défilé Marni de la saison insuffle le bon mix de camp et “non-sens” cher à Alice au pays des merveilles. Pour sa neuvième année au sein de la maison, Francesco Risso nous embarque dans sa vision, entre make-up drag surréaliste, silhouettes néo New Look ou encore tricornes déments. A la fois radical, ludique et élégant, on dit oui. Warning : si vous êtes déjà en train de vous décolorer les sourcils pour les redessiner au feutre, vous avez peut-être maxidosé.
GUCCI
Les eras Gucci se suivent et ne se ressemblent pas. Après une première année en tant que directeur artistique de la maison, Sabato De Sarno prend au pied de la lettre le motto “Very mindful, very demure” avec une collection efficace (ou instagrammable si vous préférez). Cette saison, la femme Gucci la joue donc soft. On veut du vestiaire minimal, facilement portable, comme un retour aux essentiels de la maison : des lignes impeccables, inspirées par Jackie O, de la désinvolture. Bref, comme dirait Charli XCX : “Gucci and it’s completely different but also still Gucci”.
FENDI
Ok dix ans, c’est un bon début mais chez Fendi, c’est le centenaire de la maison qui sera célébré en 2025. Même si Kim Jones est aux commandes de la maison, Fendi est avant tout une histoire de transmission mère-fille depuis quatre générations. L’occasion de revenir sur l’ADN de la maison : des accents Art Déco, mâtinés de lignes 90’s et évidemment de sacs Baguette, déclinés en XXL. De quoi faire les choses en grand.
SUNNEI
La valeur attend-elle le nombre des années ? Pas chez Sunnei, qui en 10 ans d’existence s’impose tranquillement dans le paysage mode pour sa radicalité chic. Pour sa première décennie, Simone Rizzo et Loris Messina célèbrent le passage du temps avec des mannequins de plus de 70 ans, aussi fierce que la collection. Leur idée : “Chez Sunnei, personne n’est vieux”. On embarque sans hésiter pour dix ans de plus avec eux.
ROBERTO CAVALLI
Poids lourd de la mode italienne, le couturier fondateur Roberto Cavalli s’est éteint en avril dernier.
à la tête de la griffe depuis 2020, Fausto Puglisi a choisi de lui rendre hommage en conviant les muses de la maison : Eva Herzigova, Isabeli Fontana, Mariacarla Boscono, Joan Smalls ou Natasha Poly, les supertops d’hier ont défilé aux côtés des visages d’aujourd’hui (Amelia Gray, Anok Yai…), pour un show joyeux entre pièces iconiques et transmission intergénérationnelle.
Faut-il voir un lien entre l’utilisation massive d’Ozempic (on ne citera personne) et le retour du satin ? Oui. Car quiconque a déjà porté du satin sait que sa beauté n’a d’égale que sa cruauté : il ne pardonne aucun défaut. Cette saison, on glisse (lol) sur la tendance avec des coupes plutôt oversize. Les bons détails : le choisir en total look, brodé, ou encore en color block dégradé (et oui, ça peut ressembler à une puff).
On le sait, la mode milanaise, c’est avant tout le chic qui fleure bon la Old Money transalpine. Mais cette saison, c’est aussi le délire de l’artiste (vous avez la vision ?). De Jil Sander en passant par Del Core, Missoni, Tokyo James, l’inspiration surréaliste se fait sentir par-ci par-là avec des détails chelous, un peu comme si le peintre culte Bob Ross était passé du côté des moodboards. Chez Avavav par exemple, le body painting était d’ailleurs à l’honneur. Comme dirait un post Linkedin, c’est le moment de “Penser outside the box”. Et avouez que le sac théière de Moschino est quand même assez cunt.
Et si en 2025, le mot d’ordre était “Un bout de scotch et un rêve” ? Sur les podiums, la technicité artisanale en a mis plein la vue. Manteau en cuir façon plumes chez Bottega Veneta, rivets ou plumes appliquées chez Prada ou encore sac plastique en guide de top pour la rave de MM6 Maison Margiela, tout fleure le projet de fin d’études d’arts appliqués. Mais la mention spéciale se trouve chez Missoni où le ZigZagcore en 3D impressionne : papier, soie ou maille, Filippo Grazioli interprète les codes de la maison avec brio.
Un peu comme à Londres, le total look blanc s’est imposé dans pas mal de collections cette saison , dans un mood chirurgienne, déesse gréco-romaine ou technicienne de surface comme on a pu le voir chez Sportmax, Tod’s, Moschino, Max Mara ou Ferragamo. Le petit plus ici, c’est que si la silhouette blanche monochrome a dominé les podiums, elle a aussi eu droit à son pendant coloré bleu, rouge, rose, jaune néon ou pastel comme vu chez Sportmax, Antonio Marras, Ferragamo, Versace ou Emporio Armani. Si avec ça, votre palette est pas complète, on ne peut plus rien pour vous.
Si vous aimez les choses qui virevoltent ou qui pendouillent comme des rideaux de porte de cuisine, vous allez être servi·e : les franges sont partout, qu’elles soient longues, courtes, courbées, érigées etc. Chez Missoni, elles prennent la forme d’un rouleau carwash, chez Diesel celle d’une écharpe, quand chez Antonio Marras ou Bottega Veneta, elles font penser à une botte de paille. Sans oublier Gucci et Moschino, où elles reprennent leur allure des années folles.
Oversize, imprimé, effet verni, tressé, torsadé, ajouré, plissé, frangé : à Milan, le cuir se met dans tous ses états. Pas besoin d’en dire plus, les images parlent d’elles-mêmes comme le montrent les silhouettes de Tod’s, Diesel, Tokyo James, Jil Sander ou encore Ferragamo.
Marquée par les adieux de Dries van Noten, l’édition de la fashion week homme parisienne printemps-été 2025 s’est avérée plus sage et moins engagée que les éditions précédentes. Malgré tout, Paris aura au moins eu le mérite de prôner un message d’amour, de paix et d’unité — mais sans trop se mouiller. Un minimum plus que bienvenu en ces temps troublés et incertains où le monde renoue avec la guerre et la montée des nationalismes.
Pour finir le fashion month en beauté, quoi de mieux que Paris ? Avec ses 66 défilés et ses 40 présentations dispersé·e·s sur 9 jours — sans compter les événements hors calendrier officiel (toujours plus), la capitale française s’est imposée une fois de plus comme le centre névralgique de la mode où la folie créatrice de la jeune garde (Duran Lantink, Luis de Javier, Hodakova…) est venue se confronter aux traditionnelles grandes maisons (Dior, Chanel, Louis Vuitton…). Récap’ en 16 points.
Cette saison Milan l'a joué plutôt décontracté. Après le style plus corpo et classique de l'automne-hiver 24/24, le printemps-été 2025 milanais signe l'avénement d'une mode qui se détend et s'amuse, tout en gardant une obsession pour les détails et les vêtements techniques. Entre les 15 ans de MSGM et la célébration de la jeunesse chez Prada, retour une semaine légère qui prône la dolce vita era.