Mixte Magazine

Des alcôves, des petites tables aux lumières tamisées, des murs en velours rouge, quelques moulures et dorures, et une grande scène agrémentée de longs rideaux noirs : c’est au sein de La ­Nouvelle Ève, théâtre aux allures de cabaret dans le 9e arrondissement de Paris, que Pauline Anna Gudet et Grace Lyell, créatrices du Studio PAG, ont choisi de faire vivre leur nouvelle création, baptisée “New kids on the block”. Pensé comme une interprétation du thème de ce numéro spring-summer 2025, “We will always be those kids”, ce projet réalisé en collaboration avec les Parfums de Marly réunit six jeunes talents qui, chacun·e devant l’objectif de ces deux photographes, se sont réinventé·e·s en personnages à travers le prisme de leur imagination enfantine.

Si Pauline et Grace ont choisi La Nouvelle Ève pour faire incarner ces rêves d’enfance, c’est parce que selon elles, le théâtre est un lieu où tout devient possible. Après tout, rien d’étonnant à cela quand on sait qu’elles sont elles-mêmes d’anciennes danseuses connues pour nourrir une fascination pour le corps, le mouvement et la forme. C’est d’ailleurs dans un tel lieu qu’elles ont appris à s’exprimer, à rêver et à devenir qui elles sont aujourd’hui. Cette série est donc un hommage à ces instants de pure liberté, où chaque mise en scène est une porte ouverte sur des mondes fictifs et artistiques. Car finalement, chaque individu, chaque personnalité, est encore et toujours connecté·e à son enfant intérieur, avec cette part d’énergie et d’insouciance particulières qui lui est propre. Un enfant intérieur qui, s’il est sollicité, permet d’exprimer toute son identité et sa singularité.

Et c’est bien sûr le cas de ces jeunes talents, six personnages qui peuvent exister tel·le·s que leur esprit d’enfant aurait pu les concevoir : sans contraintes, sans règles, dans des univers uniques et fantastiques. Ici, au milieu de quelques flacons des plus belles fragrances des Parfums de Marly, utilisés tantôt comme trophées, tantôt comme accessoires de mode ou objets de décoration, la poésie se mêle à l’absurde, la fantaisie à l’extravagance, le tout en restant fidèle à la liberté et à l’audace de l’enfance. Histoire de continuer à tisser le fil rouge de cette réflexion, Pauline et Grace n’ont pas choisi des inconnu·e·s quelconques mais bel et bien des ami·e·s et artistes qu’elles admirent et qui, à leurs yeux, incarnent parfaitement l’idée d’un lien fort avec l’imaginaire enfantin. Car qui mieux qu’un·e artiste peut puiser dans cette part de soi où la spontanéité et la liberté créative s’expriment sans restriction ?

Il y a tout d’abord la danseuse Janina Sarantsina, qui a partagé la scène avec le duo à plusieurs reprises, que ce soit sur des projets de danse ou d’autres collaborations. Née en Estonie avec des origines russes et lettones, cette membre de la troupe La Marche bleue créée par Léo Walk utilise la danse pour extérioriser ses ressentis liés à ces multiples cultures. Ayant déjà collaboré avec la chanteuse Angèle ou le réalisateur Neels Castillon, Janina offre aux autres artistes son interprétation de la danse, qu’elle voit comme une thérapie puissante permettant d’aller chercher des émotions enfouies et inconscientes. Ensuite, on retrouve Anna Majidson, une chanteuse autrice-­compositrice-interprète avec qui Pauline et Grace ont travaillé sur divers projets musicaux. Née dans une famille de musicien·ne·s et élevée entre la France et les États-Unis, Anna a baigné depuis son plus jeune âge dans l’univers du jazz et maîtrise plusieurs instruments comme la basse, la guitare et le piano. À mi-chemin entre Fiona Apple et ­Françoise Hardy, son univers lui a ­permis de collaborer avec des icônes comme Macy Gray ou Seu Jorge, et ce après avoir formé le duo Haute avec le beatmaker et producteur Blasé.

Le troisième profil est celui de l’escrimeuse Ysaora Thibus, une athlète de haut niveau qui incarne aux yeux de Pauline et Grace un modèle de femme déterminée et inspirante. Sacrée vice-championne du monde en 2013 à seulement 22 ans en équipe de France, puis championne du monde de fleuret au Caire en 2022, Ysaora a aussi créé EssentiELLE Stories (une plateforme conçue pour donner de la visibilité aux jeunes athlètes féminines), et lancé son propre magazine de sport et de mode, baptisé Nineteen Hundred. La performance et le dépassement de soi, ce sont aussi deux sujets qui caractérisent le profil de Niels Schack, quatrième talent de cette série. Artiste pluridisciplinaire franco-danois, Niels est à la fois snowboarder professionnel, réalisateur, chanteur, compositeur et peintre. Sa passion ? Le mouvement en général, qu’il soit lié à la peinture, à la musique ou à la glisse, et qu’il considère comme une expression de soi ; de même que les différents genres musicaux auxquels il s’essaye (pop, soul, hip-hop).

Enfin, last but not least, on retrouve parmi ces talents les profils de Théo Granel et Borgial. Théo, qui inspire Pauline et Grace au quotidien, est un jeune designer et modéliste. En plus de posséder son propre label de mode fantaisiste et ultra-colorée, il travaille notamment au studio de la jeune marque française Avellano, connue pour ses tenues en latex. Borgial, a.k.a. Exo ou Borgial Nienguet Roger de son vrai nom, est un sculpteur et performeur né au Congo-Brazzaville. Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris, il s’est fait connaître pour son travail autour d’une mystification de l’individu, entre magie et spiritualité. Une approche unique qui lui a valu notamment d’exposer au 3537 à Paris et de collaborer à des magazines comme Le Mile.

Au final, une fois passées en revue la richesse et la beauté de ces six talents tout aussi inspirant·e·s et différent·e·s les un·e·s que les autres, il y a bien un point commun qui les relie : celui de pouvoir créer et imaginer en restant connecté·e·s à cette part d’eux·elles-mêmes qui ose rêver et s’exprimer simplement, sans crainte et sans limite. Comme un·e enfant le ferait.