Sous les pavés, la mode
En août dernier, alors qu’Hollywood est paralysé par la grève des acteurs·rices et des scénaristes, Vogue US consacre sur son site un petit article à l’actrice Florence Pugh, très mobilisée pour la cause et titre, photo à l’appui : “Florence Pugh Confirms a Protest Placard Is Hollywood’s Hottest Accessory” (comprendre “Florence Pugh confirme qu’une pancarte de manifestation est l’accessoire hollywoodien le plus sexy”). Comme diraient feu Les Pussycat Dolls dans leur titre “When I Grow Up” : “Be careful what you wish for, ‘cause you just might get it”, car quelques mois plus tard c’est comme si la mode avait pris au mot le magazine qui n’a malheureusement pas pu s’empêcher de s’approprier les protestations et les luttes sociales. Un peu comme l’avait déjà fait Chanel lors de son défilé printemps-été 2015 où pour le final les mannequins, menées par une Cara Delevingne galvanisante, marchaient telles des syndicalistes en colère, mégaphones et pancartes à la main. Un défilé performance proche de celui de Jacquemus qui en 2011 pour présenter sa troisième collection nommée “Ouvrière” avait organisé un défilé/manifestation avenue Montaigne à Paris avec une bande d’amies brandissant des banderoles “Jacquemus en grève”.
Le problème aujourd’hui, c’est que la grève et la protestation dans le milieu de la mode ne sont plus de vagues fantasmes à glamouriser mais bien une triste réalité. Alors qu’en mars dernier en Espagne les employés des magasins Zara manifestaient dans huit grandes villes du pays pour exiger de meilleurs avantages sociaux après l’annonce par le groupe Inditex de bénéfices records complété par une augmentation de dividendes versés aux actionnaires, c’est de l’autre côté de l’atlantique qu’on se mettait aussi en grève. Plus précisément à New York à The New School, maison mère de la célèbre école de mode Parsons School of Design ainsi que d’autres établissements d’enseignement supérieur artistique tel que le College of Performing Arts. Ici, ce sont les “academic student workers” — ces étudiants employés qui fournissent des services essentiels en tant qu’assistants d’enseignement, et tuteurs en soutien aux professeurs et aux chargés de cours — qui ont protesté pendant trois jours afin d’obtenir de meilleur·e·s conditions de travail, droits et rémunérations. Une lutte qui semble bien gagner le monde entier.