zone grise
En France, quinze millions de citoyens ont 60 ans et plus (#boomance). Partant de ce constat, la productrice et réalisatrice Laure Adler a récemment sorti le documentaire-manifeste La Révolte des vieux (dans Infrarouge, diffusé sur France 2 le 15 février dernier) pour en finir avec “le mépris, l’invisibilisation et la détestation” des vieux. Dans sa note d’intention, elle explique : “Le déclencheur a été la COVID, le moment où tout le monde voulait enfermer les vieux qui devenaient des corps fragiles et encombrants pour la bonne marche du reste de la société”. Mais pourquoi cette “mort” sociale ? Le militant Francis Carrier, fondateur de l’association Grey Pride qui travaille à l’inclusion des gays de plus de 50 ans, et auteur de Vieillir comme je suis, l’invisibilité des vieux LGBTQI+ (éd. Rue de Seine), détaille : “C’est un sujet qui n’est pas sexy, pas prioritaire, qui fait plus peur qu’envie. Parce que la vieillesse est négativement connotée : ça pue, c’est un poids, on valorise tout ce qui est nouveau, ce qui est vieux est inintéressant. Parler des vieux, il y a déjà un risque de contamination, on risque de penser que nous-même on est vieux. On a beau dire ‘je ne suis pas vieux’, ce sont les autres qui vous diront que vous l’êtes !” On ne peut que lui donner raison : l’âge est le seul biais de discrimination susceptible de toucher tout le monde, sauf les hommes cis hétéros blancs, qui eux, occupent l’espace public, comme Frédéric Beigbeder, omniprésent sur tous les plateaux pour dire à quel point “les hommes blancs de plus de cinquante ans” sont devenus les boucs émissaires d’une société qui les taxe de “vieux cons”. Ouin, ouin. Pour les autres, c’est le début d’une évaporation médiatique, notamment dans la pop culture.