Les “dé-” sont jetés
Les tiny houses sont une illustration manifeste de cette miniaturisation qui voudrait que l’on s’en tienne au strict nécessaire. Du renoncement naîtrait le contentement ? Selon Anne Simon, directrice de recherche au CNRS et responsable du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine, “la quête de la simplicité et critique de la surabondance est un luxe dès lors qu’elle émane de personnes qui en ont les moyens sociaux, intellectuels et affectifs”. Comprenez : la question n’est pertinente que si ce mode de vie est un choix personnel et non la conséquence d’une précarité ou d’une pauvreté subies. Cette “simplicité volontaire” ou “sobriété heureuse”, dans la continuité de la pensée stoïcienne, a été théorisée en France par feu l’écrivain et agroécologiste Pierre Rabhi, qui nous appelait à sortir du matérialisme. “Privilégier ce qu’on a, ne pas trop s’encombrer, l’idée est belle mais encore faut-il ne pas verser dans le moralisme”, note Anne Simon. Les initiatives louables, qui visent à réduire les facteurs nuisibles à notre santé, abondent actuellement : déconnexion, désinfluence, décroissance, démission… Chez les surmenés de la start-up nation, on parle de downshifting (“rétrogradage” en français). “C’est une prise de position sociale et politique indéniable. Intuitivement, la vie simple s’oppose à la vie compliquée, multiple, surnuméraire. Il faudrait se soustraire à la servitude volontaire énoncée par La Boétie, faire ce pas de côté par rapport aux désirs sociaux qu’on nous vend”, souligne Anne Simon.